Centrafrique : "Je ne protégerai pas des bandits," dit Catherine Samba-Panza

Centrafrique : "Je ne protégerai pas des bandits," dit Catherine Samba-Panza
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Par Euronews
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Elle a choisi un terrain ami pour sa première visite à l‘étranger depuis sa prise de fonction. Catherine Samba-Panza, présidente de transition de la République centrafricaine élue le 20 janvier, s’est rendue au Congo-Brazzaville pour rencontrer son homologue, Denis Sassou-Nguesso qui a joué le rôle de médiateur dans la crise en Centrafrique.
Les violences interreligieuses se poursuivent dans le pays et en attendant le déploiement d’une force européenne en appui des troupes africaines et françaises, Catherine Samba-Panza doit tenter de pacifier sa nation. Cette ancienne femme d’affaires de 58 ans répond à euronews, sur les défis du désarmement et l’ouverture d’une enquête internationale.

François Chignac, euronews :
“Il y a quelques jours, la Cour pénale internationale (CPI) a lancé une procédure d’enquête pour crimes de guerre à l’intérieur même de la Centrafrique. Allez-vous apporter tout votre soutien aux enquêteurs de la CPI ?”

Catherine Samba-Panza, présidente de transition de la République centrafricaine :
“Le procureur de la Cour pénale internationale m’a informée de cette procédure et a demandé le soutien du gouvernement centrafricain dans cette procédure : je lui ai donc assuré de ce soutien.”

François Chignac :
“Et si d’aventure, les enquêteurs de la CPI venaient à interpeller ou interroger des militaires, apporterez-vous tout votre soutien à ces enquêteurs ?”

Catherine Samba-Panza :
“La justice fera son travail. Il n’y aura pas d’interférence entre l’exécutif et le judiciaire.”

François Chignac :
“Et si de très importants hommes politiques venaient à être arrêtés ?”

Catherine Samba-Panza :
“Chacun devra répondre des actes qu’il a causés. C’est tout. Un certain nombre de personnalités ont causé des actes répréhensibles, ils répondront de ces actes. Je n’ai pas à protéger des bandits de grand chemin, des politiques véreux ou des agitateurs qui ont amené ce pays dans la situation que nous connaissons en ce moment. Je ne protégerai personne. Chacun répondra de ses actes devant le tribunal international.”

François Chignac :
“Avez-vous besoin de plus de troupes : de troupes françaises, de l’Union européenne, de l’Union africaine ou des Nations-Unies ?”

Catherine Samba-Panza :
“Il faut davantage d’hommes. D’où mon appel à la mise en oeuvre d’une opération de maintien de la paix. Je pense qu’il faut être réaliste : nous n’avons pas assez d’hommes pour être partout dans les zones sensibles où il y a vraiment de l’insécurité. Nous avons donc vraiment besoin de davantage de troupes.
Nous aurons des troupes européennes qui seront au niveau de l’aéroport. Cela va libérer davantage les troupes de l’opération Sangaris. Même en libérant les troupes de l’opération Sangaris, ils ne seront basés que dans certains endroits. L’expérience nous a montré que quand les troupes Misca et Sangaris se retiraient d’un endroit sensible, il y avait des exactions. Donc, nous avons besoin de davantage de troupes partout sur le terrain.”

François Chignac :
“Combien de temps vous donnez-vous pour rétablir la sécurité à Bangui ?”

Catherine Samba-Panza :
“J’ai donné un mois.”

François Chignac :
“Votre priorité aujourd’hui est-elle de désarmer toutes les milices ?”

Catherine Samba-Panza :
“Il y a tellement d’armes disséminées dans le pays que c’est une opération qui va se faire au fur et à mesure. Mais il y a la volonté déterminée de désarmer toutes les milices.”

François Chignac :
“Pourquoi de telles violences entre chrétiens et musulmans, ces scènes de pillage, de lynchages, de meurtres que l’on a vues entre deux communautés qui jusqu‘à présent, vivaient en bonne entente ?”

Catherine Samba-Panza :
“Nous avons comme cause principale, la pauvreté. Il y a une très, très grande pauvreté. Des jeunes sans emploi et qui sont très vite manipulés. Et donc j’affirme que les politiques ont utilisé ces sensibilités-là pour arriver à certaines fins. Malheureusement, cela a pris, cela a accroché entre les musulmans et les chrétiens. C’est une réalité.”

François Chignac :
“Faut-il que le pays passe par un processus de réconciliation nationale ?”

Catherine Samba-Panza :
“Il faut un processus de réconciliation. Le processus de réconciliation nationale sera l’aboutissement d’un processus qui viendrait étape par étape. Je suis pour que le processus commence à la base, par le dialogue intercommunautaire, que les Centrafricains réapprennent à vivre. Mais le jour où il y aura un dialogue national, ce sera vraiment la conclusion de tout ce processus que nous aurons mis en place. Cela ne sert à rien de faire une grande thérapie de groupe si à la base, les gens ne s’entendent pas et n’arrivent pas à vivre ensemble.”

François Chignac :
“Que répondez-vous aux Cassandre qui disent que le pays va vers une scission inéluctable ?”

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Catherine Samba-Panza :
“Je ne céderai aucun pouce de mon pays. Je condamne fermement les velléités sécessionnistes de la République centrafricaine et j’ai mis en garde les gens qui voulaient faire cette partition qu’ils me trouveront sur leur passage.”

François Chignac :
“La communauté internationale a salué votre élection tout comme les pays voisins et l’Union africaine. Comment allez-vous sortir le pays de cette crise terriblement grave dans laquelle il est englué ?”

Catherine Samba-Panza :
“Les problèmes sont réels, les défis immenses. Les attentes des populations également sont importantes. Il y a beaucoup de besoins non satisfaits. Je ne peux pas satisfaire ces besoins en quinze jours.
Cela dit, j’ai conscience des défis qui m’attendent, j’ai conscience des espérances qui ont été mises en moi et je me dis que j’ai une obligation de résultats.”

François Chignac :
“Vous êtes la troisième femme élue à la tête d’un Etat africain. Néanmoins, vous êtes une femme élue à la tête d’un Etat africain qui est aujourd’hui disloqué et qui baigne dans la violence. Est-ce un atout ou un inconvénient d‘être une femme à ce poste ?”

Catherine Samba-Panza :
“C’est un atout. Je suis fière de cet atout. Ma fibre féminine et ma fibre maternelle me permettront d’aborder certains problèmes avec beaucoup de réalisme et de sensibilité. J’aurais beaucoup de difficultés devant moi, j’en suis consciente, mais je me dis qu’au fond, on y arrivera.”

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