L’Asie du Sud encore et toujours le sale cimetière des navires

L’Asie du Sud encore et toujours le sale cimetière des navires
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Par Marie Jamet
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Alors qu’est entrée en vigueur fin décembre une nouvelle régulation européenne concernant le recyclage des navires en fin de vie, 645 soit un peu plus de la moitié des 1213 démantelés en 2013 l’ont été sur des plages d’Asie du Sud dans des conditions catastrophiques pour l’environnement. Près de 40% d’entre eux appartenaient à des compagnies maritimes européennes. Mais 68% de ces bâtiments ne battaient pas ou plus pavillon européen au moment de leur arrivée pour un recyclage en Asie du Sud. 55 ont changé pour un pavillon de complaisance peu de temps avant leur démantèlement. C’est ce qu’a révélé l’ONG Shipbreaking Platform dans son rapport annuel publié il y a quelques jours.

Le rapport montre que la Grèce, suivie de l’Allemagne, sont les pays ayant eu le plus recours à la technique du « beaching » qui consiste à échouer les navires sur des plages plutôt que dans des chantiers navals adaptés pour leur démantèlement. 80% des bateaux des armateurs basés dans ces deux pays ont fini leur route dans des chantiers d’Inde, du Bangladesh et du Pakistan.

Ces trois pays sont les principales destinations des navires qui finissent ensablés pour être recyclés. Le recours à ces « chantiers » de démantèlement est très rentable pour les armateurs peu scrupuleux : ils coûtent moins cher et les gains de la revente des matériaux recyclés sont donc plus élevés.

Mais ces avantages se font au détriment des travailleurs et de l’environnement. En effet, ces chantiers sans véritable structure rendent les conditions de travail dangereuses pour les ouvriers. Shipbreaking Plateform rappelle que le fait d’échouer les bateaux sur des plages de sable devenant boueuses rend impossible l’installation d’outils de levage et ralentit les opérations de secours en cas d’accident. Par ailleurs, l’utilisation d’équipements de protection individuelle n’est pas assez surveillée et les travailleurs sont donc beaucoup plus exposés. Ils manipulent, par exemple, l’amiante récupérée seulement équipés de gants, sans connaître les risques induits par celle-ci, pourtant l’un des nombreux matériaux dangereux contenus dans les carcasses de navires.

En 2009, le nombre de décès, induits soit par des accidents sur ces chantiers soit des suites de maladies causées par l’exposition à des matériaux toxiques, est tel que l’Organisation Internationale du Travail a classé le démantèlement de bateaux parmi les métiers les plus dangereux au monde.

L’environnement souffre aussi de ces chantiers qui n’en sont pas. Tous les produits toxiques se déversent dans les sols et dans l’air. Des mangroves ont aussi été détruites illégalement pour faire de la place.

Shipbreaking Plateform a profité de la publication de son rapport pour adresser une lettre à Janez Potoċnik, Commissaire européen à l’environnement demandant le renforcement de cette régulation européenne afin que, notamment, les « propriétaires de navires ne puissent pas simplement changer de pavillon hors de l’Union ».

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