South Stream : quelles conséquences après l'abandon du gazoduc

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Par Euronews
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Le chantier South Stream avait été lancé en décembre 2012, bien avant le conflit russo-ukrainien à l’initiative des groupes russe Gazprom et italien

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Le chantier South Stream avait été lancé en décembre 2012, bien avant le conflit russo-ukrainien à l’initiative des groupes russe Gazprom et italien ENI. L’objectif du projet South Stream était au départ de diversifier les routes du gaz russe en contournant l’Ukraine par oú transite actuellement près de la moitié des livraisons russes vers l’Union européenne.
Southstream devait relier sur 3.600 kms la Russie à la Bulgarie en passant sous la mer Noire, et via la Serbie, la Croatie, la Slovénie et la Hongrie, arriver en Autriche.
Le coût de la construction du gazoduc qui avait été évalué à 23 milliards d’euros par le russe Gazprom, majoritaire dans la société South Stream aux côtés de ENI et EDF notamment, a finalement été estimé à 32 milliards d’euros. South Stream devait entrer en service en 2016. Le Président de Gazprom
veut substituer à South Stream un nouveau gazoduc vers la Turquie, d’une même capacité de 63 millliards de M3 par an.

“La décision qui a été prise et annoncée par la Russie, affirme Federica Mogherini, Haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, nous enseigne qu’il est urgent de ne pas seulement diversifier les routes d’approvisionnement mais aussi les sources d‘énergie pour l’Union européenne”.

Moscou justifie l’arrêt l’arrêt de South Stream par l’opposition de Bruxelles au passage du gazoduc sur le territoire de ses Etats membres, et notamment sur celui de la Bulgarie.
C’est le dernier épisode de la crise opposant Moscou aux capitales occidentales sur l’avenir de l’Ukraine.

Gabor Kovacs, euronews:
Nous sommes à présent en compagnie d’Andràs Deàk de l’Institut d‘Économie mondiale. Qui sont les grands gagnants et les grands perdants de cette annulation inattendue du projet South Stream et comment cela va-t-il affecter la dépendance énergétique ?

Andràs Deàk:
“Eh bien, il est évident que si un nouveau projet voit le jour avec une orientation différente de celle de South Stream, alors la Turquie pourrait être le grand vainqueur. Le pays va augmenter son transit de gaz. Et la Russie change apparemment sa dépendance de transit par l’Ukraine pour la Turquie, ce qui donne plus de place à Ankara pour la négociation.
La Commission européenne pourrait, à son tour, augmenter son prestige, convaincre la Russie de prendre du recul, en jouant sur le fait qu’un compromis serait bon pour les deux parties. Il aurait aussi fallu que la Commission reconnaisse les procédures juridiques que voulait imposer la Russie. Les perdants sont clairement les pays d’Europe centrale et de transit par lequel le pipeline aurait dû passer. Pour eux jusqu‘à la fin de cette décennie, il ne reste que le gazoduc ukrainien.
Leur situation s’est aggravée parce que ces pays ont besoin de procéder plus lentement dans la diversification de l‘énergie, par le maintien ou la modification progressive des accords de gaz entre la Russie et l’Europe.

euronews:
Les deux dernières années, la Hongrie a été l’un des plus grands partisans de ce projet. Pourquoi était-ce si important pour elle ? Et l’annulation du projet South Stream a-t-elle un impact politique ou économique pour la Hongrie?

Andràs Deàk:
“Il est vrai que cette année, la coopération économique russo-hongroise s’est développée de manière spectaculaire. En janvier, un accord nucléaire a été signé, puis durant l‘été la Hongrie a suspendu sa livraison de gaz à l’Ukraine et ces derniers mois, elle a farouchement soutenu le South Stream.
Manifestement, nous pensons qu’il y a une raison macroéconomique et lucrative derrière tout ça, quelque chose que les Russes ont offert au gouvernement, mais nous n’en savons rien. La question est : est-ce la peine d‘être toujours du côté de la Russie contre la Commission européenne, contre la solidarité européenne.
Ce message montre clairement que ce n’est pas la peine d‘être plus catholique que le pape, ou, dirons-nous, plus Russe que Moscou. Il était inutile d’appuyer un projet que Moscou ne supporte plus. Cela ne fera qu’isoler encore plus la Hongrie”.

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