Barcelone : Ada Colau, celle qui donne sa voix aux laissés-pour-compte

Barcelone : Ada Colau, celle qui donne sa voix aux laissés-pour-compte
Par Joël Chatreau
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Son nom ne dit pas encore grand chose aux Français et aux autres voisins européens, mais en Espagne, Ada Colau est devenue populaire dès les premières années de la crise économique. Militante dans l’âme mais toujours pour des associations, jamais pour des partis politiques, cette jeune femme de 41 ans défend plus particulièrement les familles victimes du surendettement, de plus en plus nombreuses en Espagne, qui finissent par se faire expulser de leurs logements et tombent dans l’engrenage de la marginalisation. Ce sont notamment ces laissés-pour-compte qui l’ont portée au pouvoir à Barcelone. Le vent a tourné puisque l’éternelle “indignée” a maintenant la clé pour entrer dans le bureau du maire de la capitale de Catalogne, et pour l’occuper.

Le journal espagnol ABC annonce que les nouveaux maires devraient normalement entrer en fonction le 13 juin prochain :

Ada Colau y los futuros alcaldes tomarán posesión el sábado 13 junio http://t.co/XXqJhtihcUpic.twitter.com/Byu5Uda764

— ABC.es (@abc_es) May 25, 2015

Ada Colau est une authentique Barcelonaise : elle est née, a grandi et étudié dans le même quartier El Guinardo, puis est restée dans sa ville pour suivre des études de philosophie à l’université. Premier obstacle qui l’a sans doute incitée à se battre contre les inégalités sociales, elle a dû laisser tomber la philo pour aider ses proches à tenir financièrement. S’en sont suivis toutes sortes de petits boulots…Le salaire le plus élevé qu’elle ait jamais gagné, affirme-t-elle, se monte à 1 500 euros. Parallèlement, Ada Colau a été de toutes les protestations sociales. C’est sa mère qui l’a sans doute initiée puisque, dès l’âge de cinq ans, elle l’a entraînée dans des manifestations.

Des milliers d'Espagnols sauvés de l'expulsion

Il y a eu la lutte avec les syndicats étudiants, il y a eu le combat plus musclé avec les altermondialistes, notamment contre les sommets du G7 ou du G8, puis la défense du droit au logement et le fameux mouvement des “indignés”. Mais ce qui a permis à la militante catalane de se distinguer et de se faire connaître, c’est la création en 2009 de la Plataforma de Afectados por la Hipoteca (Plate-forme pour les personnes affectées par l’hypothèque). Cette association, dont Ada Colau a pris la tête, a rapidement fait ses preuves en permettant à des milliers d’Espagnols de se battre contre l’hypothèque de leur logement afin de ne pas se faire expulser. Cela n’a pas été sans heurts avec les banques, qualifiées par l’association de “complices” du gouvernement en place.

Inutile de dire alors qu’Ada Colau n’est pas vraiment en bons termes avec les conservateurs du Parti populaire, au pouvoir à Madrid. Elle n’est d’ailleurs pas plus en accord avec le maire sortant de Barcelone, Xavier Trias, élu du mouvement nationaliste de centre-droit Convergència i Unio. Elle a promis d’en finir avec les privilèges, en commençant par la mairie, et se dit prête à baisser son salaire de probable premier magistrat de la ville à 2 200 euros par mois, alors que Xavier Trias empochait près de 12 000 euros par mois. En tout, le programme de la liste “Barcelone en commun” dirigée par Ada Colau comprend trente mesures “choc”, dont notamment l’arrêt complet des expulsions dans la capitale de Catalogne et la conversion des appartements vides en logements sociaux. Les détracteurs de la future maire redoutent justement son manque d’expérience politique et dénoncent son “populisme”, la voici à l‘épreuve de la réalité…

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