Comment la Syrie est devenue le théâtre d'une guerre par procuration

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Par Sophie Desjardin
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Pour l’heure l’escalade est surtout verbale entre les acteurs internationaux engagés dans le conflit syrien. Après une intervention aérienne, la

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Pour l’heure l’escalade est surtout verbale entre les acteurs internationaux engagés dans le conflit syrien. Après une intervention aérienne, la Turquie et l’Arabie saoudite menacent désormais d’une action terrestre. “Si la coalition antijihadistes menée par les Etats-Unis décidait d’envoyer des troupes au sol en Syrie, le royaume d’Arabie saoudite serait prêt à y participer en déployant des forces spéciales” a déclaré dimanche le ministre des Affaires étrangères saoudiens, Abdel Al-Jubeir, sans plus de détails.

L’engagement accru de Ryad et Ankara, deux puissances sunnites, pour soutenir les groupes rebelles n’est pas du goût des puissances alliées du régime de Damas. L’Iran et la Russie ont mis en garde contre l’envoi de troupes au sol. “Personne ne veut d’une nouvelle guerre” a dénoncé le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, “une opération au sol entrainerait une guerre totale et longue. Cela doit être pris en compte”.

“Il y a une possibilité pour davantage de troupes au sol contre Daesh” avertissait la veille le secrétaire d’Etat américain John Kerry.

Le conflit s’enlise depuis cinq ans, au gré des alliances qui se sont constituées. Toute la géopolitique de la région est en jeu, et le risque est bien là de voir ce terrain cristalliser des intérêts et des haines anciennes.

Le conflit est d’autant plus difficile à décrypter que les acteurs sont nombreux. A l’origine, ce sont les troupes de Bachar Al-Assad qui affrontent les rebelles de l’Armée syrienne libre. Mais très vite beaucoup d’acteurs entrent en scène. Au sein des rebelles, de nombreux mouvements émergent. Puis Daesh s’implante sur une large part du pays. Peu impliqués dans la lutte contre le régime de Damas, les Kurdes se sont surtout opposés à l’avancée des combattants de l’Etat islamique.

La situation, déjà très compliquée, va devenir ubuesque avec l’entrée en scène des grandes puissances. Les Etats-Unis, la Russie, la Turquie, l’Iran, l’Arabie saoudite.
Officiellement tous ont un ennemi commun : Daesh. La coalition menée par les Etats Unis s’est constituée pour cela. Officiellement la Russie est entrée en guerre pour combattre les djihadistes. Officiellement toujours la Turquie aussi. Mais sur le terrain, chacun poursuit un agenda bien différent. Moscou, allié indefectible de Damas bombarde essentiellement les rebelles. La Turquie de son côté vise les Kurdes dont la progression inquiète Ankara.

Les alliances sont mouvantes et aujourd’hui les bruits de botte se font plus pressants. Cette guerre indirecte se déroule pour l’instant dans les mots et dans les airs. Mais que se passera-t-il si, comme elle menace de le faire, la Turquie envoie des troupes au sol et essuie des bombardements russes ? Que se passera t-il si les soldats saoudiens se retrouvent face aux Iraniens sur le terrain?

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