Exclusif : des déchets nucléaires et toxiques étaient stockés à Fort McMurray (Alberta)

Exclusif : des déchets nucléaires et toxiques étaient stockés à Fort McMurray (Alberta)
Par Renaud Gardette
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A quelques kilomètres au sud de la ville de Fort McMurray, en partie ravagée par les flammes, une décharge nucléaire a été installée il y a quelques années : 42 500 m3 de minerais radioactifs, notamment de l’uranium et du césium. Existe-il un danger pour l’environnement aujourd’hui ? Selon nos informations, cette décharge a bien été prise au milieu du brasier géant, incontrôlable depuis le 1er mai.

Pour comprendre les origines de cette décharge, il faut remonter à 1982, quand le Canada lance un vaste programme de prospection et de confinement des terres faiblement radioactives, sur tout son territoire, piloté par le LLRWMO (Low-Level Radioactive Waste Management Office).

Dans la région de Fort McMurray, le déversement et l’utilisation de minerais radioactifs était régulier le long de ce qu’on appelle la Northern Transportation Road, construite dans les années 1930, pour transporter de l’uranium depuis la mine de Port Radium (Territoires du Nord Ouest) jusqu‘à Fort McMurray. De là, le minerai était ensuite acheminé par train, jusqu‘à Port Hope, Ontario.

La mine a fermé en 1960. Sur toute la route, de nombreux vols et pillages de minerai ont eu lieu : c’est là que la contamination était la plus visible.

Le LLRWMO a recensé plusieurs sites radioactifs autour de Fort McMurray : des travaux ont commencé en 1992. Jusqu’en 2003, 42 500 m3 ont été envoyés dans une décharge spécialement aménagée avec une double couche d’argile, plusieurs systèmes de gestion, de protection et de surveillance, ainsi qu’une couverture en terre puis en herbe.

L’installation est surveillée annuellement par le LLRWMO.

L’existence de cette décharge est confirmée par plusieurs rapports et études, notamment L’inventaire des déchets radioactifs au Canada, publié en 2012 par le LLRWMO.

Plusieurs questions se posent aujourd’hui : la décharge a t-elle été entièrement brûlée par l’incendie ? Les flammes ont-elles pu émettre dans l’atmosphère des particules radioactives ? Quel est le risque pour l’environnement ?

Pour l’instant aucune alerte précise n’a été déclenchée.

Réponse des autorités canadiennes

Les Laboratoires Nucléaires Canadiens et notre Bureau de gestion des déchets radioactifs de faible activité sont responsables de la gestion des déchets radioactifs historiques de faible intensité qui sont situés au dépotoir de Beacon Hill à Fort McMurray. Le site est à l’extrémité nord du dépotoir de Beacon Hill, qui lui-même est au sud de la ville de Fort McMurray et à l’ouest de la route 63. Les coordonnées approximatives sont : 56 degrés 39’ 10” N 111 degrés 20’ 56” O.

  • Les LNC gèrent ces sites pour le compte d’Énergie atomique du Canada limitée, la société d’État fédérale qui est ultimement responsable de gérer de façon sécuritaire les déchets radioactifs historiques de faible intensité.
  • Ces déchets de faible intensité situé au dépotoir de Beacon Hill sont composés de résidus de minerais d’uranium mélangé à de la terre et placés dans une cellule indépendantes (i.e. en vase clos) qui est recouverte d’une importante couche de terre peu perméable, puis d’une autre importante couche de terre propre. En tout il y a au moins 45 centimètres de sols propres recouvrant les sols contaminés.
  • Selon les informations disponibles, il semble que le site ait été affecté par les feux. Ceci dit, ces derniers ne posent aucun risque immédiat pour la santé et la sécurité de la population et de l’environnement. Il n’y a également pas de préoccupations quant à l’intégrité physique de la cellule.
  • Étant donné la composition des sols contaminés, c’est-à-dire des résidus de minerais mélangés à de la terre, il n’y a pas de risque qu’ils prennent feu. C’est un peu l’équivalent d’un champ ou d’un jardin; bien qu’un feu puisse embraser les herbes qui les recouvre, la terre elle-même ne s’embrase pas.
  • Nous continuons à suivre la situation de près.
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