Clotilde Armand, passionaria française à l'assaut de la corruption en Roumanie

Au départ, c’est une histoire d’amour : un homme et une femme, une femme et un pays.
Clotilde Armand est française, originaire de Vichy, elle a 42 ans et vient d’obtenir la deuxième place aux élections municipales de Bucarest, dans le secteur 1.
Après 17 ans passés en Roumanie, elle a obtenu la nationalité en novembre dernier, et veut, désormais changer le pays, lutter, avec son nouveau parti, contre un système rongé par la corruption. Une démarche à la résonnance toute particulière en ces temps agités en Europe :
Pendant ses études au Massachusetts Institute of Technology (MIT) aux Etats-Unis, Clotilde Armand rencontre son futur mari, Sergiu Moroianu, un chercheur en mathématiques roumain, et le couple s’installe en Roumanie en 1999. Elle, est aujourd’hui ingénieur, et dirige les filiales roumaine et bulgare de la société française d’ingénierie Egis.
C’est en décembre qu’elle décide de se lancer en politique avec “L’Union Sauvez Bucarest”, l’USB, un parti indépendant, sans étiquette et sans notoriété, tout juste créer.
Avec son roumain au fort accent français, elle arpente la rue pendant des semaines pour faire campagne, parler aux gens et les convaincre qu’un autre système est possible. Que la corruption n’est pas une fatalité dans un pays où pourtant 6 des 7 maires élus en 2012 ont des démêlés judiciaires.
Véritable passionaria, Clotilde Armand dénonce haut et fort ce que tout le monde sait dans le pays :
“Les choses en Roumanie se voient de manière beaucoup plus claire, c’est-à-dire, qu’on voit que la corruption tue des vies humaines. En Europe, les choses sont un petit peu différentes parce que l’action de la classe politique ne tue pas des personnes directement, mais elle tue l’identité des peuples. La classe politique a laissé tomber les peuples européens pour des intérêts divers et variés, les multinationales, leurs intérêts propres, ils ont sacrifié l’identité de l’Europe, ils ont laissé les valeurs traditionnelles, comme le travail, ne plus être reconnues comme des valeurs et, pour cela, la classe politique s’est séparée de la vraie volonté des peuples. Ils sont guidés par des intérêts mesquins et par le temps politique au lieu d‘être guidés par de vraies perspectives à long terme de nos nations, c’est là où ils se sont décrédibilisés”.
Sa deuxième place aux élections locales a créé un choc qui se répand très vite sur les réseaux sociaux roumains, où Clotilde Armand est désormais présentée comme une possible futur Premier ministre. Dans tous les cas, son parti sera en lice pour les législatives de novembre.