Les entrepreneurs britanniques ont leur mot à dire sur le Brexit

Les entrepreneurs britanniques ont leur mot à dire sur le Brexit
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Par Damon Embling avec Beatriz Beiras, Sandrine Delorme
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L'économie est l'un des principaux terrain d'affrontement des pro et des anti-Brexit. Reportage de Damon Embling.

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Dans cette entreprise familiale britannique, la British Hovercraft company, on fabrique des aéroglisseurs. Basée à Sandwich, dans le Kent, elle emploie 15 personnes.

Et sa directrice, Emma Pullen, souhaiterait voir son pays sortir de l’Union européenne. Selon elle, Bruxelles ne fait que brasser de l’air, l’union n’appporte aucun bénéfice aux affaires, elle empêcherait même des contrats de se faire :

En tant que petite entreprise, nous avons beaucoup de difficultés avec les directives européennes et les réglementations. Il y a celles qui sont spécifiques à notre entreprise et celle qui concernent les petites entreprises en général. Et puis nous avons aussi un énorme problème quand on veut commercer avec des pays qui sont en dehors de l’union européenne, comme le Brésil. Il n’y a pas d’accord commercial actuellement entre l’Union européenne et le Brésil, et du coup, il est très très difficile de faire des affaires avec eux, parce que les tarifs douaniers sont très élevés.

Environ 80 % des aéroglisseurs fabriqués ici quittent la Grande-Bretagne. Ils sont vendus en partie sur le marché européen mais, surtout à des pays extérieurs à l’Union européenne.

Dans ce débat, il y a aussi de grandes voix dans le milieu des affaires, y compris ici à Londres, qui veulent rester au sein de l’Union européenne. Ces entrepreneurs affirment, a contrario, qu‘être membre de l’UE facilitent le commerce et le déplacement des travailleurs, de l’argent, et des biens.

Scoota aide à concevoir et à cibler des publicités numériques, autrement dit sur le web.
Elle permet aux annonceurs de créer, d’activer, de mesurer et d’optimiser des campagnes de pub pour des marques à grande échelle, à travers l’Europe et au-delà.

Co-fondatrice de Scoota, Torie Chilcott craint que le Brexit détruise le statut technologique de Londres.

Il est objectivement plus rentable, selon elle, de rester membre de l’Union européenne.

“Il y a trois raisons fondamentales pour nous de rester en Europe. Tout d’abord, les gens de talent, il est important pour nous de pouvoir faire traverser les frontières à ces talents. Nous avons donc besoin de grands mouvements de talents à travers le continent européen. Ensuite, je dirais que nous avons besoin du ressenti international par rapport à ce que nous faisons. Pour nous développer, il faut explorer dans tous les pays du monde. Et tertio, il y a le capital-risque ou capital-innovation. Les investisseurs qui misent sur des innovations adorent Londres, c’est un formidable hub. Si vous regardez ce qui peut se passer après le brexit, en fait, il n’y a pas vraiment eu d’exploration. Londres pourrait donc perdre sa place au profit de Berlin, de Lisbonne, ou de Dublin, en tant que capitale numérique de l’Europe, et je ne pense pas qu’on devrait”, explique Torie Chilcott.

Scoota envisage de doubler ses revenus cette année avec un chiffre d’affaires de 11,3 millions d’euros.

Mais, en cas de sortie de l’Union européenne, plusieurs experts envisagent de fortes turbulences pour l‘économie britannique…

S’il y a un vote en faveur du Brexit, il y aura un impact immédiat sur les marchés financiers, avec une sorte de crise. Même si je pense qu’ils sont mieux préparés, y compris les autorités de régulation, qu’en 2008. Les effets sur l‘économie réelle, sur le commerce au Royaume-Uni, se feront sentir plus lentement, mais probablement plus lourdement dans les 2-3-4 prochaines années, avec ce degrès d’incertitude sur la future relation entre l’UE et le Royaume-Uni, puis en dehors de l’UE. Et cela va définitivement freiner les investissements et la croissance“, explique Thorsten Beck, Professeur en Finance, à l’Université de la City de Londres.

De nombreuses questions restent en suspens, que signifierait concrètement un Brexit pour les entreprises ? Difficile à dire…

Emma Pullen a son idée :

Ecoutez, si on quitte l’Union européenne le 24 juin, mon monde ne va pas changer. J’en suis plus que consciente. C’est un objectif à long-terme. Et l’Union européenne, fait, je crois, face à de gros problèmes. Il y a d‘énormes difficultés à travers l’Europe et cela cause différentes problèmatiques selon les pays. Je crois que l’Europe n’a pas fonctionné comme tout le monde l’avait espéré.

“J’entend beaucoup de choses sur la manière dont le Royaume-uni va s’en sortir, mais je n’entend rien sur ce qui va se passer en terme de nouvelles législations, sur combien de temps ça va prendre ? Et vous savez, cela peut prendre des années à mettre en place. Je n’entend pas beaucoup de choses et je ne fait pas assez confiance à ceux qui prônent le Brexit, ils ne nous ont pas informé sur l’après, concrètement…”,conclue Torie Chilcott.

De quel côté du débat économique vont pencher les électeurs ?
L’avenir du Royaume-Uni est entre leurs mains.

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