La Libye ingouvernable ?

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Par Sophie Desjardin avec Sandrine Delorme
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Dans le nord-est de la Libye, les forces du général Khalifa Haftar ont pris possession des trois ports du Croissant pétrolier.

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Dans le nord-est de la Libye, les forces du général Khalifa Haftar ont pris possession des trois ports du Croissant pétrolier. En moins de trois jours de combats, elles ont conquis les terminaux pétroliers d’al-Sedra et de Ras Lanouf, les deux plus importants du pays, ainsi que le port de Zoueitina.

C’est par cet arc de terminaux pétroliers que transite la moitié du brut libyen destiné aux exportations.

La main mise sur cette manne a évidemment été condamnée par le gouvernement d’union, le seul que reconnaît à ce jour la communauté internationale. Celui-ci appelle à la reconquête des terminaux, qualifie l’opération “d’agression flagrante portée aux acquis du peuple libyen et de contraire au processus de réconciliation.”

Le général Khalifa Haftar est un ancien militaire du régime de Mouammar Khadafi. Il est le chef proclamé de l’Armée nationale libyenne. Un temps, il a été soutenu par la communauté internationale. Il a des liens avec le gouvernement désigné comme rebelle, et refuse de reconnaître l’autorité du président du Conseil présidentiel, Fayez Al Sarraj.

Qui est où ?

Haftar et ses troupes contrôlent l’est du pays, le gouvernement rebelle est basé à Baïda-Tobrouk.

A l’Ouest, se trouve le gouvernement d’union nationale de Fayez Al Sarraj, reconnu par l’ONU et plusieurs capitales occidentales.
Au sud-ouest, les touaregs.

Au-delà de cette partition politique, il y a les factions :
-Sur la zone contrôlée par Haftar, l’amée nationale lybienne, et les milices toubou.
-A l’ouest, la milice Farj Lybia, les forces armées du gouvernement de Tripoli, et les touaregs.
-Au nord, Daech qui profite du chaos pour s’implanter.

Le président du Conseil présidentiel et Premier ministre, Fayez Al Sarraj, est à la tête du gouvernement d’union nationale, et fait désormais face à deux fronts.

L’Etat islamique, qu’il faut empêcher de progresser, comme à Syrte, et l’armée du général Haftar, qui, s’il elle s’empare de toutes les ressources pétrolières, compromet dangereusement la survie de son gouvernement.

C’est en mars 2016 que Sarraj a pris ses fonctions et débarquait à Tripoli, après un exil en Tunisie. Mais son gouvernement, légitime aux yeux de l’Occident, s’est vu refuser la confiance du Parlement libyen, lui aussi reconnu internationalement, et réfugié à Tobrouk.

Pourtant, en décembre 2015, lorsqu’un accord est conclu sous l‘égide de l’ONU entre les autorités rivales (siègeant déjà à Tripoli et à Tobrouk), l’espoir de mettre un terme à la guerre civile était palpable.
Aujourd’hui, le parlement lybien continue de soutenir le gouvernement rebelle de l’Est.

En refusant la légitimité de Tripoli et en s’attaquant aux positions des forces gouvernementales, Haftar risque d’affaiblir un peu plus le pays et de compromettre la lutte contre Daech, même s’il mène sa propre guerre contre l’organisation terroriste.

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