Voile : "j'ai gagné avec Franck Cammas" (vidéo 360)

Voile : "j'ai gagné avec Franck Cammas" (vidéo 360)
Par Laurence Alexandrowicz
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Franck Cammas et son équipage ont remporté la semaine des Voiles de Saint Tropez, à bord de Babsy. Nous les avons suivi en régate, avec une caméra 360.

PUBLICITÉ

Le skippeur français Franck Cammas aux voiles de Saint Tropez est le grand vainqueur dans sa catégorie, à la barre de Babsy, un VOR 70, voilier utilisé pour concourir dans la Volvo Ocean Race. Ce voilier, c’est celui sur lequel navigue Lionel Péan. Les deux uniques skippers français vainqueurs de la Volvo Ocean race, Tour du monde à la voile en équipage et par étapes, se retrouvent à bord, pour clore à Saint Tropez la saison des régates.

Au total, 14 marins sur le voilier pour la dernière régate de la semaine, et moi, avec ma caméra 360. Lionel Péan a laissé Franck Cammas à la barre.
Charlie Dalin tient le rôle de navigateur. Equipé d’un Ipad, il fait en quelques sortes office de GPS, annonçant à Franck les spécificités de la course. Parmi le reste de l‘équipage, un marin qui a participé aux Jeux Olympiques. Comme on dit, il y a du niveau.

Avant le départ, l‘équipage se rassemble autour de Franck et Lionel, Charlie a étudié les conditions de navigation, c’est le moment du conseil de guerre, Franck détermine le choix des voiles.

La course commence à plein régime, nous manquons de percuter un autre concurrent, l‘équipage de Babsy crie “protest, protest”.

Il y a des bateaux devant nous que nous ne rattraperons pas : mais ils sont plus gros et naturellement plus puissants avec ce vent. Mais sans les dépasser, nous nous classerons tout de même avant eux car ils ont des pénalités, des handicaps dûs à leur taille.

Un immense bateau vert nous poursuit. Les voiles se déplient et se replient les unes après les autres. Le spi jaune est déployé, fier comme un ventre de femme enceinte, et gonflé de soleil, se détachant sur les autres voiles noires du bateau. Il sera déchiré pendant la course. Première bouée, on passe si près que je pourrais presque la toucher, si je ne craignais pas de passer par dessus bord.

Un spi rouge remplace le jaune. Un beau rouge sang, les pirates ne sont pas loin. Ce nouveau spi trouve logiquement sa place. Abîmé ou pas, de toute façon le jaune est trop long à replier, alors la procédure normale est d’en hisser un autre. Soudain quelque chose lâche, j’entends le mot “drisse” qui se propage sur le voilier, le spi s‘écroule dans l’eau, et traîne comme une robe de mariée tâchée de vin en fin de soirée, perdant de sa superbe, trempé comme un vieux torchon. Franck ralentit le bateau, le voilier vert se rapproche. Je me dis que c’est la fin des haricots. On a perdu deux minutes. Le spi est remonté à bord, et magie, il reprend sa place et se regonfle fièrement, comme si cet épisode n‘était qu’une mauvaise plaisanterie. Le bateau vert nous a dépassé, mais pour peu de temps. La troisième et dernière bouée est en vue, Charlie égrène le temps qui nous sépare de ce dernier virement de bord.

Je ne suis pas la seule intruse sur le pont. Il y a aussi un sponsor de Franck Cammas. Comme moi, il obéit aux ordres et court d’un bord à l’autre pour ne pas déséquilibrer le bateau. On n’est pas toujours bien synchronisé, mais on fait de notre mieux. Nous voilà comme les autres, les pro, en rappel. Le bateau gîte et frôle l’eau d’un côté, de l’autre nous faisons tous contrepoids, en file indienne, les jambes dans le vide le long de la coque, le bateau vole… Moment de grâce, on reprend son souffle.
Comme l‘équipage je mets mon buste le plus en avant possible, je joue un peu à “Jacques a dit”. Jacques a dit “rappel à babord”, Jacques a dit “rappel à tribord”. Je fais comme les autres, je prends exemple, terrorisée à l’idée de mal faire.

Soudain Franck demande aux équipiers de faire dégager un bateau à moteur devant nous, des curieux venus suivre la course, au plus près. Mais c’est aussi dangereux, car on arrive à toute vitesse.

Enfin la course est terminée. 1 heure 42 minutes 20 secondes intenses, j’ai mal aux bras en voyant les équipiers qui ont manoeuvré les poulies. Je suis aussi fière de n’avoir pas eu le mal de mer. C‘était pas gagné…

Le bateau a retrouvé sa position normale, un calme plat autour de nous, à se demander où est passé ce vent qui nous a poussés comme un bolide.
Aujourd’hui je suis montée à bord d’une formule 1, d’un cheval de course, j’ai été étourdie par la vitesse, par le spectacle de ces voiles majestueuses qu’il faut déployer et replier sans cesse, par la puissance musculaire de celui qui monte au mât, par la précision du navigateur, par les décisions du skipper, sautant d’une barre à l’autre, par la complicité de Râ qui nous a offert une lumière exceptionnelle, par la docilité d’Eole, qui a laissé Franck Cammas dompter brises et rafales. on a lofé, abattu, viré, affalé, bordé, choqué, empanné, étarqué, hissé… Enfin, eux surtout. Ils ont aussi gagné cette semaine des Voiles, affirmant une fois encore la supériorité des Français dans la compétition en mer, et le génie de Franck Cammas, navigateur exceptionnel.

Franck Cammas : il remporte la Volvo Ocean Race 2011-2012. Vainqueur de la Transat Jacques-Vabre en 2001, en 2003 et en 2007. Vainqueur de la Route du Rhum en 2010. Vainqueur de la solitaire du Figaro en 1997.

Lionel Péan : vainqueur de la Legend Regatta (Volvo Ocean Race) 2011, vainqueur de la Maxi Transatlantique Race Ténérife St Martin 2010, record de la traversée de l’Atlantique Nord en équipage 1998, vainqueur de la Whitbread 1985, et de la Solitaire du Figaro 1983.

Charlie Dalin : vainqueur de la Transat AG2R La Mondiale 2012, trois podiums consécutifs en 2014, 2015 et 2016 sur la Solitaire du Figaro.

Ce reportage a été réalisé avec la collaboration des Voiles de Saint Tropez.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Belgique : la pénurie de crevettes entraîne une hausse des prix

Le printemps avant l'heure sur les plages italiennes

Environnement : 200 jeunes naturalistes du monde entier sur les traces de Darwin