La paix menacée par les assassinats en Colombie

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Par Marc Bouchage avec AFP
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Des dizaines d’anciens membres des Farc, de leaders communautaires dont des défenseurs de l’environnement ont été assassinés depuis la signature de l’accord de paix en 2016 faisant craindre pour son application.

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De nombreuses menaces pèsent sur l’instauration de la paix en Colombie un peu plus d’un an après la signature de l’accord de paix passé entre le gouvernement colombien et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la plus ancienne guérilla du monde.

Plus de 40 ex-membres des Farc assassinés depuis novembre 2016

L’une d’entre elles concerne les assassinats d’ancien membres des Farc. Mardi 8 mai 2018, le Parquet colombien de l'Unité spéciale d'enquête pour les leaders communautaires et les militants des droits humains a déclaré que depuis le début de cette année, au moins 22 combattants démobilisés de l'ex-guérilla ont été assassinés. Le dernier de ces meurtres a visé Juan Vicente Carvajal, alias "Misael", ex-commandant du 10e front des Farc. Libéré de prison après la signature de l'accord de paix suite auquel l'ex-guérilla a déposé les armes et s'est convertie en parti politique, il a été assassiné lundi soir dans le département d'Arauca, frontalier du Venezuela.

Martha Janeth Mancera, directrice au Parquet, a indiqué que les circonstances de neuf des 22 meurtres avaient pu être établies. Sur ces neuf cas résolus, quatre meurtres ont été attribués à l'Armée de libération nationale (ELN), dernière guérilla active en Colombie qui négocie un accord de paix avec le gouvernement depuis février 2017. Deux ont été attribués au Clan del Golfo, principal gang du pays formé par d'anciens paramilitaires d'extrême droite démobilisés en 2006, et deux autres par des dissidents des Farc. Aucun groupe armé n'est impliqué dans le dernier, a ajouté la fonctionnaire du Parquet.

L'ex-guérilla a plusieurs fois reproché au gouvernement de ne pas respecter ses engagements inscrits dans l'accord de paix, notamment en ce qui concerne la protection des anciens rebelles, de leurs familles et des militants du parti Farc signifiant désormais Force alternative révolutionnaire commune.

Le Parquet avait précisé en février que, depuis la signature de l'accord de paix le 24 novembre 2016, 40 ex-combattants des Farc et des proches de l'ancienne rébellion ont été assassinés.

Le sort des leaders communautaires, autre source d’inquiétude

La situation est si préoccupante en Colombie qu’une tribune a été publiée en février dans la presse française pour « soutenir le processus de paix ». Des intellectuels, des défenseurs des droits humains, des universitaires… français et étrangers appellent la communauté internationale et l’Union européenne
à « soutenir les efforts » de paix et « protéger les vies de tous ceux qui, en Colombie, construisent jour après jour la paix par leur pratiques sociales, politiques et culturelles. » Selon eux, « les assassinats de défenseurs des droits de l’homme, de leaders sociaux et de combattants démobilisés des FARC se multiplient depuis la signature de l’Accord. De nombreuses régions abandonnées par la guérilla dans le cadre de la démobilisation ont été occupées par des groupes paramilitaires d’extrême-droite. »

Le média en ligne colombien ¡PACIFISTA! a décidé de tenir un décompte des leaders communautaires qui ont été assassinés depuis le 1er décembre 2016, date de l’approbation de l’accord de paix par le Congrès à Bogotá. Cette plate-forme d’information dédiée au conflit en Colombie a déjà recensés 86 victimes à ce jour : des leaders indigènes, étudiants, des défenseurs de l’environnement… des assassinats qui seraient attribués en partie aux paramilitaires.

Certains de ces leaders se battaient notamment pour la restitution des terres desquelles ils ont été chassés à cause de la guerre. D’autres, se battent pour mettre en place les projets de cultures de substitutions à la coca ou pour dénoncer les ravages causés par des entreprises d’extraction minière.

Leur meurtre atteste des difficultés de l’Etat colombien à assurer leur protection et à retrouver le contrôle du territoire et des anciennes zones tenues auparavant par les Farc.

avec AFP

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