Sentsov perd espoir : 100e jour de grève de la faim au fin fond de la Russie

Oleg Sentsov passe douloureusement le cap de son 100ème jour de grève de la faim dans sa prison du fin fond de la Russie, dans le Grand nord. Les dernières nouvelles sur l'état de santé du cinéaste ukrainien, obtenues par une cousine, Natalia Kaplan, sont loin d'être bonnes. "Il a un pouls très faible, confie-t-elle. Il se plaint du coeur qui lui fait mal (...) Il essaie de ne pas se lever souvent pour ménager ses forces". L'opposant à la politique de Vladimir Poutine, devenu prisonnier politique, va forcément mal également moralement, disant perdre espoir...
Sentsov, dont la carrière pourtant prometteuse a été brutalement stoppée une nuit de mai 2015 - il avait été "cueilli" chez lui puis rapidement incarcéré dans une prison de haute sécurité à Moscou - dénonçait à l'origine l'annexion de sa Crimée natale par le pouvoir russe. Condamné à 20 ans de camp "de travail" pour "terrorisme", détenu dans** le pénitencier de Labytnangui**, il a arrêté de s'alimenter le 14 mai dernier, et n'est maintenu en vie que grâce à des injections de compléments alimentaires, destinés normalement à ceux qui ne sont plus capables de se nourrir.
Le président russe reste de marbre
Ce régime, si l'on peut dire, commence à affoler ses proches, ses soutiens; son avocat désespère réellement, voyant qu'il est prêt à mourir. Mais le Kremlin ne bouge pas le petit doigt, ce qui ne surprend personne. Oleg Sentsov affirme avoir perdu 17 kilos, les médecins du camp n'ont rien à faire de mieux que de minimiser, parlant de 11 kilos. Des membres de la commission russe de surveillance des prisons lui ont rendu visite récemment, et les autorités se félicitent qu'il ne se soit plaint "de rien".
Tout le monde, ou presque, y est allé de sa supplique pour demander sa libération : des réalisateurs bien sûr, des écrivains, des acteurs comme l'Américain Johnny Depp... et puis les autorités ukrainiennes évidemment, l'Union européenne, le président français Emmanuel Macron, les Etats-Unis... et puis la Cour européenne des droits de l'Homme et de nombreuses ONG comme Amnesty International. Le président russe Poutine a traité toute cette mobilisation par le dédain lors d'une rare évocation de "ce monsieur Sentsov", comme il l'a appelé en juin dernier.