Dans une ONU divisée, la Chine trace son sillon

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Dénoncée depuis la semaine dernière pour des interférences présumées dans la vie politique des Etats-Unis, la Chine trace sans bruit son sillon à l'ONU, où ce pays devient peu à peu l'un de ses membres les plus influents.

Au Conseil de sécurité, dont elle est l'un des cinq membres permanents, son discours reste sans éclat, souvent prétexte à rappeler des fondamentaux de la Charte des Nations unies: souveraineté des pays et principe de non-ingérence.

L'apparence des discours policés est toutefois trompeuse: dans les missions de paix, ou lorsque des postes sont à pourvoir au secrétariat général, Pékin répond présent et de plus en plus.

Aujourd'hui, plus de 2.500 militaires chinois sont Casques bleus, au Liban, au Mali, en République démocratique du Congo ou au Soudan du Sud. Et la Chine "a énormément augmenté", selon un diplomate s'exprimant sous anonymat, ses contributions financières volontaires à l'ONU, alors que l'administration américaine de Donald Trump réduisait les siennes.

"Financer des rapports, des missions, ça permet d'acheter de l'influence" et de pousser ses candidats à des postes, ajoute ce diplomate. Avoir des Chinois dans de multiples fonctions, "c'est une source d'information et un relais d'influence".

"La Chine est en train de prendre le pouvoir à l'ONU", confirme un autre diplomate, également sous anonymat.

En 2017 et 2018, ce pays qui, économiquement, a jeté son dévolu sur l'Afrique (autre vecteur d'influence), est devenu une clé dans deux dossiers internationaux majeurs, la Corée du Nord et la Birmanie.

Dans le premier cas, Pékin a plié devant les coups de boutoir américains pour imposer des sanctions économiques sans précédent à Pyongyang. Mais avec l'espoir probable qu'un accord avec la Corée du Nord conduira au départ de troupes américaines de Corée du Sud, l'arrière-cour stratégique de Pékin dans la région.

Dans le deuxième cas, la Chine, qui considère que la crise des Rohingyas est une affaire bilatérale entre Birmanie et Bangladesh, a réussi à empêcher toute action ferme du Conseil de sécurité.

- Puissance et érosion -

"La montée en puissance de la Chine à l'ONU s'effectue en parallèle d'une lente érosion de l'automaticité du soutien réciproque" qui s'exerçait jusqu'à présent avec la Russie, note-t-on dans les capitales européennes. Lorsque Moscou a recours à son droit de veto, la Chine utilise parfois la carte de l'abstention.

Dans les enceintes subalternes des Nations unies, comme lors de négociations de textes entre experts représentant les 15 membres du Conseil de sécurité, la Chine est "présente sur tous les sujets", raconte un diplomate sous couvert d'anonymat.

Illustration de cette progression chinoise, Pékin cherche actuellement à devenir le rédacteur principal (la "plume" dans le jargon onusien) des textes sur l'Afghanistan, en remplacement des Pays-Bas, qui laisseront au 1er janvier à Berlin leur siège de non-permanent au Conseil de sécurité, selon plusieurs diplomates.

Héritage d'un monde ancien, la très grande majorité des résolutions de l'ONU reste l'apanage des "plumes" américaine, britannique et française. La Chine (comme la Russie) est rarement rédactrice. Il y a longtemps, elle a été "plume" sur le dossier somalien.

Jusqu'où ira Pékin? Très loin, assurent certains. "Pour la Chine, la multipolarité, c'est une station de métro. Il y aura une station après, qui sera le G2 --Chine/Etats-Unis--, et puis un jour ce sera le G1 dans leur esprit!", estime un diplomate.

"Ils sont dans le long terme, ils ne cherchent pas à faire des coups", tempère une autre source diplomatique.

Accusée à plusieurs reprises de vouloir une défaite de Donald Trump lors des prochaines élections américaines, la Chine s'en est vivement défendue. Lors de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU la semaine dernière, Pékin a balayé les craintes d'une Chine qui chercherait à détrôner les Etats-Unis sur la scène mondiale.

Ces craintes sont "infondées" et la Chine ne cherche pas une "position hégémonique ou même disputer aux Etats-Unis leur leadership", a assuré le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi.

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