La communauté arménienne de France a été exaucée. Désormais, une journée nationale permettra de commémorer le génocide, perpétré par l'Empire ottoman en 1915, chaque 24 avril en France. Le président Emmanuel Macron vient de la rendre officielle.
La communauté arménienne de France se sent pleinement réconfortée. Le 24 avril prochain, elle pourra commémorer, pour la première fois de son histoire, le génocide arménien à l'occasion d'une journée nationale. Emmanuel Macron vient de le décréter, honorant ainsi sa promesse de campagne présidentielle. La France enfonce le clou, au risque de vexerune nouvelle fois la Turquie, puisqu'elle avait déjà été, dès janvier 2001, le premier grand pays européen à reconnaître le génocide perpétré par l'Empire ottoman en 1915.
L'Arménie elle-même a choisi le 24 avril comme date de commémoration de son immense tragédie nationale : c'est ce jour-là, en 1915, qu'une première rafle d'intellectuels avait eu lieu, se terminant par leur exécution à Constantinople. Emmanuel Macron a fait son annonce hier soir à l'occasion du dîner annuel du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France. Il a souligné que c'est Paris qui "dénonça parmi les premiers la traque assassine du peuple arménien, qui dès 1915 nomma le génocide pour ce qu'il était, un crime contre l'humanité qui en 2001, à l'issue d'un long combat, l'a reconnu dans la loi (...) et fera (...) du 24 avril une journée nationale de commémoration du génocide arménien".
**Un hommage a été rendu à Charles Aznavour, le célèbre chanteur décédé le 1er octobre dernier. Son fils, Nicolas, a offert à Emmanuel Macron un doudouk, une flûte traditionnelle arménienne fabriquée en bois d'abricotier. **
Ne pas rompre le dialogue avec la Turquie
Le chef de l'Etat a tenu à préciser qu'il avait déjà informé le président turc, Recep Tayyip Erdogan. "Nous avons des désaccords assumés sur la lutte contre Daech, les libertés fondamentales en Turquie, le génocide (...) et les droits de l'Homme en Turquie", a-t-il expliqué, insistant toutefois sur "des points de convergence qui justifient le dialogue, comme la nécessité d'une transition politique en Syrie". "Je me refuse à rompre le fil du dialogue", a conclu le président français.
Les relations entre les deux pays se maintiennent tant bien que mal, et viennent en tout cas de subir un nouveau coup de froid. La présidence turque a fait savoir ce mercredi matin qu'elle condamnait fermement la décision d'Emmanuel Macron, tout en lui lançant une pique au passage. "M. Macron, qui doit faire face à des controverses politiques dans son propre pays, a déclaré un porte-parole, sauve la mise en transformant des événements historiques en argument politique".
Le génocide a emporté au moins 1,5 million d'Arméniens, massacrés systématiquement par les troupes ottomanes au début de la Première Guerre mondiale. Le pouvoir turc a toujours refusé d'employer le terme "génocide", préférant parler de "guerre civile".