Au Brésil, une série noire de tragédies "évitables"

L'effondrement d'un barrage près de Brumadinho au Brésil le 25 janvier 2019
L'effondrement d'un barrage près de Brumadinho au Brésil le 25 janvier 2019 Tous droits réservés HO
Par AFP
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Rupture d'un barrage minier, glissement de terrain, incendie d'un centre d'entraînement de football: le Brésil a vécu en 15 jours trois catastrophes ayant fait des centaines de morts, emblématiques de ces drames qui auraient pu être évités.

D'autres tragédies similaires, dues à des négligences et dont les responsables restent impunis, ont eu lieu ces dix dernières années au Brésil, qui a montré une incapacité à en tirer les leçons.

Vendredi, la procureure-générale Raquel Dodge déplorait "une succession de catastrophes évitables". "Il faut que les organismes de contrôle et de sanction fonctionnent réellement au Brésil", a-t-elle lancé.

Pour Moacyr Duarte, analyste de risques, ces drames ont eu lieu à cause "de négligences, d'un manque de planification et surtout de l'impunité des responsables".

"Tant que les vrais responsables ne seront pas punis de façon exemplaire, ces tragédies vont se répéter", insiste-t-il auprès de l'AFP.

Pour Marcelo Ramos Martins, coordinateur du laboratoire d'analyse des risques de l'Université de Sao Paulo (Labrisco), le Brésil dispose pourtant "de toutes les compétences techniques nécessaires" pour assurer la prévention contre tout type de désastre.

"Le fait que tant de tragédies similaires aient lieu en un laps de temps si court montre que les mesures de prévention ne sont pas appliquées" et qu"il n'y a pas "de dispositif de contrôle efficace", conclut-il.

L'insuffisance des fonds dont disposent les diverses agences étatiques de contrôle explique aussi en partie la situation.

- Ruptures de barrages miniers

Dans l'Etat de Minas Gerais (sud-est), l'histoire s'est tragiquement répétée à un peu plus de trois ans d'intervalle.

Lors de sa prise de fonctions en mai 2017, le PDG de Vale, Fabio Schvartsman, avait fait sien le slogan "Mariana, plus jamais", en référence à la rupture d'un barrage minier qui avait fait 19 morts et causé un désastre environnemental sans précédent en novembre 2015.

Mais le 25 janvier dernier, un autre barrage de Vale a cédé à 120 km de là, à Brumadinho, avec un bilan humain provisoire bien plus lourd: 165 morts et 160 disparus.

"Vale disposait de programmes de simulation informatique montrant précisément où la boue pourrait passer. Mais il a maintenu ses bâtiments administratifs en contrebas", déplore Moacyr Duarte. C'est là où de nombreux employés ont péri.

"Seuls les dirigeants de Vale auraient pu empêcher la tragédie de Brumadinho, en investissant dans la prévention plutôt que de distribuer des dividendes à leurs actionnaires", poursuit le consultant.

"Mais au lieu de s'en prendre aux vrais responsables, les autorités ont fait arrêter les ingénieurs qui avaient délivré le certificat de stabilité du barrage (finalement relâchés une semaine plus tard)", dénonce-il.

- Glissements de terrain à Rio -

À chaque fois qu'il pleut fort dans la "ville merveilleuse", les favelas sont en état d'alerte.

Les habitations précaires construites de façon anarchique sont particulièrement vulnérables aux glissements de terrain. Mais les édiles ferment les yeux plutôt que d'interdire les constructions dans les zones à risque.

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L'exemple le plus emblématique est la tragédie du Morro do Bumba, qui a fait 48 morts en 2010 à Niteroi, de l'autre côté de la baie de Rio.

"C'était une ancienne décharge. Les familles ont commencé à s'installer et la mairie a urbanisé la zone et ouvert des crèches", explique Moacyr Duarte.

"Les dirigeants ne pensent qu'à se maintenir au pouvoir et préfèrent ne pas prendre des mesures impopulaires en délogeant les populations de zones à risques", conclut-il.

Même constat pour une tragédie de plus grande ampleur dès l'année suivante, quand près de 1.000 personnes vivant à flanc de montagne près de Rio avaient péri lors de pluies diluviennes.

La semaine dernière, sept habitants de Rio de Janeiro ont encore perdu la vie lors de glissements de terrain dans des zones considérées à risque.

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- Incendies meurtriers

En janvier 2013, 242 personnes, des étudiants pour la plupart, ont trouvé la mort lors du terrible incendie de la discothèque Kiss, à Santa Maria (sud). Le bâtiment n'était pas aux normes, sans issue de secours.

"Les autorités qui n'ont pas fait fermer l'établissement n'ont jamais été rendues responsables. Elles ont préféré s'en prendre au chanteur qui a tiré un feu de bengale" qui aurait causé l'incendie, explique Moacyr Duarte.

Vendredi dernier, dix espoirs du club de football Flamengo sont morts dans l'incendie d'un logement en préfabriqué qui ne disposait, là encore, que d'une seule porte d'accès.

La mairie avait infligé ces dernières années de nombreuses amendes au club, qui ne disposait pas du certificat nécessaire des pompiers.

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