Au Bangladesh, l’enfer continue pour les Rohingyas, privés d'éducation

Camp de réfugiés de Kutupalong - Bengladesh
Camp de réfugiés de Kutupalong - Bengladesh Tous droits réservés REUTERS
Par Malia Coutand
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Chassés de Birmanie et mal accueillis au Bangladesh, les Rohingyas ne peuvent même pas accéder à l'éducation. Dans les camps, les réfugiés doivent créer leurs propres écoles dans des tentes de fortune

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Persécutés en Birmanie et réfugiés dans un pays qui leur est hostile, le Bangladesh, l’enfer continue pour les Rohingyas. La minorité musulmane a fui dans cet Etat frontalier, la confession religieuse y est la même, pourtant impossible pour ces réfugiés d'accéder à l'éducation.

Entassés dans des camps de fortune où dominent la taule et le plastique, les Rohingyas tentent de survivre. Ils ne sont pas les bienvenus au Bangladesh. En février dernier, le gouvernement a donné l’ordre, dans une lettre adressée aux différents établissements scolaires du pays, de ne plus accepter les élèves réfugiés. Entassée dans des camps et maintenant privée de scolarité, la minorité tente de s’adapter malgré l’hostilité grandissante des autorités à leur égard.

Une tente de fortune comme salle de classe

Tawharn a 17 ans. L’adolescent au visage encore enfantin rêve de devenir médecin, pourtant, le chemin est semé d’embûches. Interdit d’école, ce qui lui sert de salle de classe se résume à une tente de fortune où l’enseignement est donné tant bien que mal. Son instituteur s'appelle Sala Uddin. L’homme a décidé de braver les interdits du gouvernement pour donner des cours à ces enfants.

Pour un prix symbolique d’environ un euro, les jeunes du camp peuvent venir s’instruire, mais en toute illégalité. En effet, le Bangladesh ne s’est pas contenté d’interdire l’accès aux établissements scolaires, selon l’UNICEF, il aurait également proscrit toute instruction dans les camps de réfugiés. Malgré cela, Sala Uddin tente de continuer son action. Dans le cas présent, l'existence de cette école de fortune ne tient qu’à un fil. En manque d’argent, les enseignants n’ont pas été payés depuis six mois et beaucoup ont donc abandonné leur poste. Le jeune élève, Tawharn, s'improvise parfois professeur d’anglais le temps de quelques heures pour certains de ses camarades.

L’ONU ainsi que plusieurs ONG essaient, de leur côté, de donner accès à l’éducation en proposant des programmes de niveau élémentaire. Mais passé ce cap, trouver un enseignement secondaire relève du miracle.

L’hostilité du gouvernement bangladais

En agissant de la sorte, le Bangladesh se distingue d'autres pays autorisant les enfants réfugiés à être scolarisés. Le gouvernement de Dacca ne reconnaît même pas la plupart des Rohingyas comme tels. En effet, les autorités ne délivrent pas de certificat de naissance aux nourrissons nés dans les camps.

A l’heure actuelle, près d’un million de Rohingyas vivraient au Bangladesh. Une situation de crise migratoire que n’arrive plus à gérer le pays qui souhaite désengorger les camps. Pour ce faire, le pouvoir bangladais a décidé de transférer environ 100 000 réfugiés sur l’île de Bhashan Char, située à une heure de trajet de la côte, dans le golfe du Bengale.

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