Heures sombres pour les hôtels du Sri Lanka après les attentats sanglants

Heures sombres pour les hôtels du Sri Lanka après les attentats sanglants
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La poussière n'était pas retombée sur les hôtels et églises du Sri Lanka frappés le dimanche de Pâques par des attentats sanglants que les annulations se succédaient déjà, touristes comme tour-operators cédant à la panique.

Sanath Ukwatte, président du Mount Lavinia de Colombo, l'un des plus anciens hôtels du Sri Lanka, a expliqué avoir perdu 30% de réservations quelques jours seulement après le bain de sang commis par des kamikazes, dans lequel 253 personnes ont péri.

De nombreux touristes se sont précipités à bord des premiers avions disponibles au départ de Colombo après le massacre dans lequel au moins 40 étrangers ont été tués.

L'île d'Asie du Sud craint pour l'avenir de l'industrie du tourisme qui avait réussi à remonter la pente après des dizaines d'années de guerre civile.

Prisé pour ses plages idylliques et sa nature verdoyante, le Sri Lanka a connu une année record en 2018 avec 2,33 millions de touristes. Le pays espérait générer cinq milliards de dollars de revenus en 2019, contre 4,4 l'année dernière.

Mais les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Australie, l'Inde et Israël ont tous adressé des mises en garde à leurs ressortissants, leur demandant d'éviter de se rendre au Sri Lanka. Les Pays-Bas sont en train d'organiser l'évacuation de centaines de touristes néerlandais par avion spécial.

Le voyagiste européen TUI a annoncé vendredi qu'il avait cessé de prendre des réservations pour le Sri Lanka.

- Manque à gagner -

La situation pourrait encore empirer avant qu'elle ne s'améliore alors que l'île a été récemment désignée comme la meilleure destination pour 2019 par le guide Lonely Planet.

Le ministre des Finances Mangala Samaraweera a déclaré s'attendre à une baisse de 30% des arrivées cette année, soit un manque à gagner d'environ 1,5 milliard de dollars.

Le tourisme compte pour 5% environ du PIB sri-lankais, les visiteurs britanniques, indiens et chinois étant les principaux marchés de l'île. Selon les chiffres officiels, la fréquentation a bondi de 4,6% au premier trimestre 2019 sur un an, à 740.600 visiteurs.

Mais depuis le carnage, des gardes en armes sont déployés dans les hôtels de Colombo, les annulations se multiplient et le ministre des Finances doit élaborer un programme de sauvetage d'établissements désormais menacés de mettre la clé sous la porte.

Ruchir Desai, analyste chez Asia Frontier Capital à Hong Kong, prédit une année difficile pour le Sri Lanka.

"Compte tenu de l'échelle de ces attentats, il y aura des répercussions négatives sur l'industrie", a-t-il dit à l'AFP. "Elle devrait se reprendre", a-t-il toutefois poursuivi. "Evidemment, cela dépendra des mesures prises par le gouvernement pour améliorer la stabilité".

M. Ukwatte, qui préside également l'Association des hôtels du Sri Lanka, espère que le pays pourra "récupérer".

- Tristesse -

La saison basse pour le tourisme sri-lankais approche et l'hôtelier espère que la confiance reviendra d'ici octobre ou novembre. "Alors nous pourrons faire revivre l'industrie avec les visiteurs d'hiver venus d'Europe".

Le ministre des Finances a lui souligné que les secteurs touristiques français, belge, espagnol et tunisien avaient tous réussi à rebondir après avoir subi des attentats terroristes.

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Selon les observateurs, tout dépendra de la manière dont les autorités parviendront à faire passer le message.

Wade Campbell, promoteur canadien du tourisme d’aventure, a critiqué la stratégie de communication du gouvernement dans la foulée des attaques, en particulier un haut responsable du ministère de la Défense qui avait estimé que les hôtels sri-lankais auraient dû organiser leur propre sécurité pour éviter d'être touchés. Il a depuis démissionné.

Le danger, c'est "une question de perceptions", a expliqué M. Campbell, qui cherche désormais à aiguiller ses réservations sur des destinations rivales comme le Népal.

Donatella Papi et son mari Maurizio Fantappie, deux touristes italiens, se trouvaient dans l'est du Sri Lanka pour 25 jours de vacances au moment des attaques.

"Mon mari voulait partir après les attentats, il a suggéré qu'on aille en Thaïlande. Mais je n'avais pas trop peur, je pensais que la situation allait se stabiliser", raconte Mme Papi.

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"Je crois que le tourisme sri-lankais va dégringoler, cela nous attriste beaucoup. Cette année est l'anniversaire de la fin de la guerre civile (2009), cela aurait dû être une célébration", dit-elle. "Nous ne regrettons pas d'être restés mais nous sommes très tristes et inquiets. Pour notre sécurité et pour le Sri Lanka."

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