Monsanto pris la main dans le fichier

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Tous droits réservés  REUTERS/Yves Herman
Par Marc Bouchage avec AFP
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Journalistes, politiques et scientifiques : le géant américain des pesticides aurait secrètement fiché "des centaines de personnalités" en France en fonction de leur position sur les pesticides, notamment le glyphosate, utilisant parfois des informations privées, a révélé France 2 dans une enquête.

Monsanto au cœur d'un nouveau scandale

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Le géant américain des pesticides aurait fiché plus de 200 personnalités françaises en fonction de leur opinion sur le glyphosate ou de leur soutien à la firme. Parmi ces personnalités de nombreux journalistes, des scientifiques mais aussi des responsables politiques.

L'information a été révélée jeudi par le journal Le Monde et par France Télévisions qui ont eu accès à un fichier en provenance du cabinet de lobbying Fleishman-Hillard, mandaté par Monsanto.

Cette pratique ne surprend pas l'ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory (CEO) chargée d'observer le pouvoir des multinationales et leur influence sur les politiques européennes.

"Je ne suis pas très étonnée parce que c'est une pratique courante ici à Bruxelles. Toutes les multinationales ont besoin de ce type de renseignement. Par le passé, on a déjà vu un cas comme ça avec Philip Morris concernant le tabac. Mais on n'a jamais vu un fichier et un tableau contenant des informations aussi détaillées comme celui révélé aujourd'hui", a expliqué à euronews Nina Holland, chercheuse pour CEO.

Dans ce "fichier Monsanto", un tableau met notamment en lumière des "cibles prioritaires" divisées en différents groupes : les "alliés", les "potentiels alliés à recruter", les personnalités "à éduquer" et celles "à surveiller".

Toutes ces données auraient été collectées en 2016 au moment où Monsanto espérait une ré-homologation du glyphosate pour quinze ans au niveau européen. A l'époque, la France s'y opposait.

Ouverture d'une enquête judiciaire

Depuis la médiatisation de l'existence d'un tel fichier, plusieurs personnalités et médias français fichés ont décidé de porter plainte car comme le rappelle le journal Le Monde dans son article, en France, "le code pénal interdit la constitution de toute base de données à caractère personnel faisant apparaître les opinions politiques et philosophiques d'une personne sans son consentement".

Vendredi soir, le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert une enquête visant les délits de "collecte de données personnelles par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite", "enregistrement de données à caractère personnel sensible sans l'accord de l'intéressé et transfert illicite de données à caractère personnel" et de "traitement automatisé de données personnelles sans déclaration préalable à la CNIL".

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