A Houston au Texas, la santé et la tech comme remèdes à la "malédiction" du pétrole

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Après avoir profité des périodes fastes lors des pics et subi des heures sombres lors des chutes des cours du pétrole, Houston s'est progressivement désintoxiquée de sa dépendance à l'or noir en misant sur les secteurs de la santé et la technologie, bien que le parfum du brut ne soit jamais loin de ce berceau américain du pétrole.

Au sud de la quatrième ville la plus peuplée des Etats-Unis, le Texas Medical Center s'étend sur plus de cinq kilomètres carrés, un gratte-ciel chassant l'autre entre les universités médicales, l'hôpital pour enfants ou le centre de traumatologie.

Dix millions de personnes viennent consulter chaque année l'une des nombreuses spécialités offertes ici, croisant au passage certains des 110.000 employés du centre, le plus gros bataillon de la ville.

L'explosion de l'activité du TMC a même permis au secteur de la santé de devenir le principal employeur au Texas, avec plus de 11% des emplois contre 8,6% à l'énergie, d'après la banque centrale américaine (Fed).

Comme remède à sa dépendance au pétrole, c'est bien sur la santé que le Texas a misé.

- "Pas le choix" -

"Nous n'avions pas le choix" justifie Patrick Jankowski, vice-président du Greater Houston Partnership, une organisation promouvant l'économie locale.

"Pour donner du travail aux gens ici, nous nous devions de faire croître ce secteur", ajoute-t-il, rappelant qu'il y a encore trente ans, huit emplois sur dix dépendaient du pétrole et du gaz.

Il faut dire que le Texas a toujours été gâté en la matière. Cet Etat de près de 30 millions d'habitants, le plus peuplé derrière la Californie, abrite les principales réserves de pétrole du pays. Et en tant que premier producteur mondial de pétrole, les Etats-Unis ont toujours compté dessus.

Mais cette bénédiction venue du sol s'est muée en "malédiction" lors des phases de crises. Le terme, utilisé également pour certains pays africains, caractérise la dépendance d'une région à une matière première abondante, la dissuadant de miser sur d'autres pans de son économie, pour le meilleur comme pour le pire.

La dernière crise texane remonte à 2014, lorsque les cours sont passés de 107 à 44 dollars en six mois, amenant son lot de plans de licenciements.

Les dégâts ont été ressentis à toutes les échelles. "Nous avons dû changer notre modèle car il ne devenait plus rentable de travailler là où trop de personnes cherchaient du travail", se souvient A.J. Mahmoud, dirigeant de l'antenne de Houston du cabinet de recrutement Michael Page. L'énergie captait 95% des emplois proposés par le cabinet au Texas il y a encore quelques années contre 5% à l'échelle mondiale.

Le groupe s'est depuis focalisé sur la construction et l'immobilier. En parallèle, la part de l'énergie dans la croissance du Texas s'est nettement réduite: de 13,4% au deuxième trimestre 2014, elle est passée à 8,5% au quatrième trimestre 2018.

Bien qu'elle se trouve à des milliers de kilomètres de la Silicon Valley, Houston et son agglomération de près de sept millions d'habitants, son port international ont également fait une incursion remarquée dans la tech.

- Innovation -

Station Houston, un centre ultra-moderne de 2.300 mètres carrés ouvert il y a trois ans en plein centre-ville est devenu l'un des symboles de ce renouveau.

A l'intérieur, les dirigeants de 180 entreprises en herbe viennent écouter les conseils de "mentors" (partenaires), discuter avec des investisseurs ou se former. Tout cela entourés des couleurs criardes et des larges "open space", typiques de ce genre de lieu, en plein coeur de l'Innovation District, un quartier symbolique des espoirs de conquête des autorités locales dans la nouvelle économie.

"Notre mission c'est de transformer Houston en capitale mondiale de la tech", s'enflamme Payal Patel, la directrice du développement.

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Mais la bataille est loin d'être gagnée: les trois plus grandes villes texanes, Austin, Dallas et Houston, font pâle figure dans les classements des métropoles américaines qui attirent le plus d'investissements pour les startups, loin derrière les mastodontes San Francisco et New York.

De plus, malgré les appareils dernier cri et tous les symboles de modernité de Station Houston, la vieille industrie n'est jamais bien loin: 40% des startups sont liées à l'énergie, et le centre a pu compter à sa création sur le soutien du géant ExxonMobil.

Il n'empêche, "Houston s'est éloignée de sa +malédiction du pétrole+", soutient Andy Lipow, stratégiste pour la société d'investissements Lipow Oil Associates. "Si les cours dégringolent sous les 30 dollars, Houston sera à nouveau touchée, sans aucun doute. Mais plus au niveau de ce que l'on a connu."

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