Tour de France: Jacques Marinelli, un maillot jaune qui change une vie

Le Français Jacques Marinelli, porteur du maillot jaune lors du Tour de France 1949, pose avec la pestigieuse tunique, le 30 mai 2019 à Melun
Le Français Jacques Marinelli, porteur du maillot jaune lors du Tour de France 1949, pose avec la pestigieuse tunique, le 30 mai 2019 à Melun Tous droits réservés STEPHANE DE SAKUTIN
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"Sans maillot jaune, je ne sais pas ce que j'aurais fait". A 93 ans, Jacques Marinelli, porteur éphémère de la tunique mythique sur le Tour de France 1949, connaît mieux que quiconque l'aura qu'apporte ce vêtement coloré: il a misé dessus avec succès depuis 70 ans, entre réussite entrepreneuriale et carrière politique.

Lorsque ce petit gabarit d'un mètre soixante, pour une cinquantaine de kilos, franchit en sueur la ligne d'arrivée de la 4e étape du Tour, en ce 3 juillet 1949 à Rouen, il est très loin d'imaginer ce qui suivra. A savoir, une popularité exceptionnelle qui lui servira pour devenir l'un des plus gros commerçants de Seine-et-Marne, puis pendant treize ans le maire de Melun.

Non, ce jour-là, sur les routes caillouteuses de l'après-guerre, l'inconnu banlieusard du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) a simplement roulé comme il en a l'habitude, "à l'attaque", prenant la bonne échappée depuis Boulogne-sur-Mer et échouant à la deuxième place.

Sauf qu'au jeu des chronos, c'est lui, le "titi" parisien de 23 ans, un coureur "avec des facilités mais pas un super doué" de son propre aveu, qui se retrouve hissé en haut du podium, avec sur les épaules une laine jaune qui allait changer sa vie.

"J'étais en forme, c'est tout ce que je savais. Mais je ne rêvais même pas du maillot jaune...", se souvient Jacques Marinelli.

- "Bouleversé" -

La France entière se passionne pour les exploits de celui qu'on surnomme "la perruche", en opposition peut-être au légendaire "héron" italien Fausto Coppi, futur vainqueur de ce Tour-1949.

Marinelli s'accroche pendant six jours à sa tunique. Il cède dans les Pyrénées mais ne lâche pas et finit le Tour à la 3e place, accueilli par une immense foule à Paris.

"J'étais comme dans un rêve, complètement bouleversé", se souvient ce fils d'immigrés italiens en dépliant son maillot jaune d'époque, rongé par les mites.

Bouleversée, sa vie entière le sera. "Le maillot jaune m'a permis d'avoir un robinet avec l'eau courante dans la maison de ma famille", aime répéter Jacques Marinelli. Les contrats professionnels se multiplient. "Je ne pouvais pas satisfaire tout le monde", glisse-t-il. Ces gains, le Francilien les consacre rapidement à sa reconversion.

Lorsque l'on rencontre Jacques Marinelli 70 ans après son épopée cycliste, c'est d'ailleurs plutôt cette deuxième vie très remplie qui transparaît de cet homme en excellente forme et à l'allure assurée dans son costume-cravate.

- Popularité -

Depuis plus de 60 ans le vélo n'anime plus le quotidien de la "perruche", occupée à temps plein dans les bureaux de ses magasins de meubles, et dans ceux de la mairie de Melun, qu'il a investis de 1989 à 2002. Avec, pour chaque projet, un atout de poids qu'il sait mettre en avant: la popularité acquise en 1949.

En lettres majuscules, l'enseigne "Jacques Marinelli, ex-maillot jaune du Tour de France" trône pendant des décennies au-dessus de la boutique de cycles et de jouets, puis d'électroménager et téléviseurs qu'il a ouverte sur la place la plus commerçante de Melun.

"Cela m'aidait beaucoup", confie l'ancien coureur, qui finit par vendre sa boutique du centre-ville pour se consacrer au magasin d'une grande enseigne de meubles dont il préside encore le conseil de surveillance. "Quand les gens venaient, c'était toujours +Oh! le maillot jaune, félicitations!+. On parlait plus de vélo que de téléviseurs."

C'est toujours via cette aura que Jacques Marinelli débarque par hasard en politique. "On vous connaît bien", lui répètent des élus locaux du RPR tandis qu'Alain Juppé lui accorde son soutien avant même qu'il ait accepté de candidater. "Après avoir réussi dans le sport, il a réussi dans les affaires et en politique", résume l'actuel maire de Melun Louis Vogel. "Comme quand il était coureur, il n'a pas eu peur de prendre des risques. Il a construit quelque chose en partant de rien, c'est ce que les gens admirent chez lui. En cela, il fait figure de modèle".

Cette popularité, Jacques Marinelli n'en revient toujours pas. Il s'étonne encore lorsque dans la rue, certains trentenaires, en le dévisageant, reconnaissent la "perruche". "Il ne se passe pas une fois, quand je sors dans le coin, sans que quelqu'un me reconnaisse, ou en tant que maillot jaune, ou en tant que maire". La puissance du Tour de France...

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