Fairbourne, ce village du pays de Galles qui ne veut pas disparaître sous les flots

Fairbourne, ce village du pays de Galles qui ne veut pas disparaître sous les flots
Par Vincent Coste avec AP
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Les habitants de cette bourgade galloise ne veulent pas être considérés comme les premiers réfugiés climatiques du Royaume-Uni. Ils veulent des réponses.

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Les habitants de Fairbourne, une petite localité dans le nord du pays de Galles, vont peut-être devenir les premiers réfugiés climatiques du Royaume-Uni. La montée du niveau de la mer menace en effet la bourgade. Plusieurs rapports officiels préconisent même de l'évacuer à partir de 2045, pour faire de Fairbourne un village fantôme dix ans plus tard. Au cas où...

Pour justifier sa position, le conseil de Gwynedd, l'autorité régionale à l'origine de plusieurs rapports, explique qu'elle ne serait pas en mesure de construire des infrastructures pour protéger ce petit coin lové dans la baie de Cardigan de la montée des eaux.

Il serait, en effet, "plus simple" de faire disparaître Fairbourne, comme le confirme Catrin Wager, une élue du conseil. "Économiquement, c'est n'est pas viable. Et, de plus, un risque pèse sur les habitants", explique-t-elle. L'élue ajoute, qu'à l'heure actuelle, il n'y a pas non plus de solutions pour les aider à se réinstaller ailleurs. "Si financement il y a, il devrait être du ressort des gouvernements gallois et britannique" conclue Catrin Wager.

Pour les villageois, la situation est compliquée, voire intenable. Ils attendent des réponses qui tardent à venir.

Angela Thomason est retraitée et elle est greffière du conseil municipal de Fairbourne.

"Nous vivons mal le fait d'avoir été désigné comme le premier village de réfugiés climatiques du Royaume-Uni. Nous voulons des réponses maintenant. Que va-t-il se passer si la digue actuelle rompt avant 2045 ? Dans ce cas-là qui va s'occuper de nous ? Le Conseil de Gwynedd, le gouvernement gallois ou Westminster ? Et où vont-ils nous mettre ensuite ?" s'alarme ainsi Angela Thomason, une résidente de Fairbourne.

Stuart Eves, propriétaire du camping local, a, lui, du mal à reconnaître la gravité de la menace.

"Lorsque vous marchez jusqu'à la plage et que vous regardez la mer, et bien, elle monte toujours jusqu'aux pierres comme elle le faisait avant et comme elle continue de le faire. Franchement, c'est impossible de remarquer un ou deux millimètre d'élévation du niveau de la mer par an", explique l'homme en distribuant des graines à ses poules qu'il élève sur son terrain.

Stuart Eves, propriétaire et gérant du camping local

"J'attends qu'un représentant des autorités vienne ici et qu'il me montre les chiffres qu'ils ont utilisé pour dire que la mer va monter aussi vite", s'énerve-t-il.

La publication des différents rapports et le fait que le village ait déjà été classé en zone inondable à haut risque ont eu un impact sur Fairbourne. L'immobilier a totalement dévissé. Les prix des maisons ont en effet chuté d'environ 40 %, comme l'explique Stuart Eves.

De plus, "si vous habitez ici, il est devenu pratiquement impossible d'obtenir un prêt hypothécaire. Donc, les jeunes du village, s'ils n'ont pas l'argent pour pouvoir acheter une propriété, ils ne peuvent pas en acheter une là où ils le souhaitent. Ici ou ailleurs", déplore le gérant du camping.

La plage, la digue et la route principale de Fairbourne

Les habitants de Fairbourne ont l'impression de se trouver dans une impasse. Personne ne semble disposé à donner des réponses concrètes. Natural Resources Wales, une officine du gouvernement gallois chargée de la gestion des ressources naturelles du pays de Galles, affirme pourtant étudier une solution pour aider Fairbourne ou d'autres localité dans les prochaines années. Les effets du changement climatique pourraient, en effet, concerner d'autres villes et villages de la côte galloise.

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