Les tweets de Donald Trump contre un élu noir créent la polémique

Les tweets de Donald Trump contre un élu noir créent la polémique
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Par Guillaume Petit
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Le président américain Donald Trump est de nouveau accusé de racisme après une série d'attaques contre un élu noir et la ville de Baltimore. Des propos qui ont provoqué l'indignation et une vive émotion.

Donald Trump crée de nouveau la polémique. Dans une série de tweets publiés ce week-end, le président américain s'en est pris à Elijah Cummings, élu démocrate du Maryland à la Chambre des représentants, et à Baltimore, ville qu'il décrit comme "infestée de rats". Des propos à l'encontre de l'élu noir américain jugés "racistes" par la chef des Démocrates, qui ont provoqué de nombreuses réactions.

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Tout commence par ce tweet posté samedi par le président américain : "Le district de Cummings est un désordre dégoûtant, infesté de rats et autres rongeurs (...) Aucun être humain ne voudrait y vivre", a-t-il écrit. 

La circonscription d'Elijah Cummings, élu noir emblématique de la chambre basse du Congrès depuis 1996, couvre en effet une large partie de Baltimore, ville industrielle de 620 000 habitants, majoritairement noire, minée par les problèmes sociaux, la drogue et la violence. 

Elle compte effectivement parmi les plus violentes du pays, avec plus de 300 homicides par an depuis 2015.

La réaction d'Elijah Cummings

Elijah Cummings, 68 ans, avait accusé la semaine dernière le ministre par intérim de la Sécurité intérieure Kevin McAleenan d’"embellir" la réalité sur la situation des mineurs détenus dans des centres d’accueil à la frontière avec le Mexique.

Sans tarder, l'élu démocrate a répondu aux attaques de Donald Trump, sur Twitter : "Monsieur le Président, je rentre dans mon "district" tous les soirs. Chaque matin, je me lève et je vais me battre pour mes voisins. [...] C'est mon devoir moral de me battre pour mes concitoyens". 

Elijah Cummmings a ensuite ajouté que ses "efforts pour collaborer" avec le président sur un projet de loi permettant une baisse des prix des médicaments, et donc une amélioration de la couverture santé de la population, étaient restés lettre morte, du côté de Donald Trump. 

"Il vaut mieux avoir quelques rats que d'en être un"

Ces propos à l'encontre d'Elijah Cummings ont provoqué samedi l'indignation de nombreux Démocrates et internautes, moins de deux semaines après que le président américain a invité quatre élues démocrates issues de minorités à "retourner" d'où elles venaient.

"Vous avez prouvé une fois de plus que vous n'étiez pas à la hauteur de la fonction. Un président doit tirer le pays vers le haut. Pas le déchirer", a notamment tweeté l'ancien vice-président Joe Biden, en tête selon les sondages dans la course à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2020.

Des attaques jugées "racistes" par la chef des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. Elle-même native de Baltimore, mais élue de Californie, elle a également apporté son soutien à Elijah Cummings, en évoquant un "champion en faveur des droits civiques et de la justice sociale".

Dimanche 28 juillet, le "Baltimore Sun", l'un des plus vieux quotidiens des Etats-Unis, a répondu de manière cash à Donald Trump. "Il vaut mieux avoir quelques rats que d'en être un", a écrit le journal local dans un éditorial au vitriol.

L'émotion d'un journaliste de CNN

Des propos qui ont aussi suscité l'émotion et la colère de Victor Blackwell, présentateur de CNN, en direct à la télévision. 

Le journaliste a remonté la timeline du compte Twitter du président américain, en rassemblant tous ceux qui parlaient d'"infestation". Donald Trump "a tweeté plus de4300 fois", a noté Victor Blackwell. 

"Il a insulté des centaines de personnes, toutes sortes de personnes. Mais quand il parle d'infestation, c'est toujours à propos des noirs", a assuré le présentateur, lui-même originaire de Baltimore.

Le présentateur s'est appuyé sur un tweet de Donald Trump datant de 2017, dans lequel il s'en prenait à John Lewis, élu noir démocrate lui aussi. Le président l'invitait à s'occuper de son "district", décrit, là aussi, comme "infesté par le crime organisé". 

Après avoir égrainé plusieurs autres tweets, dans lesquels le président américain parlait d'autres quartiers "infestés" par le crime organisé, en Californie notamment, le présentateur a marqué une longue pause, visiblement pris par l'émotion. 

"Il y a des défis, mais ces gens sont fiers. A Baltimore, les gens se réveillent et vont travailler, ils s’occupent de leur famille et aiment leurs enfants, qui ont prêté allégeance au drapeau américain... Tout comme les gens qui habitent dans des districts d’élus qui vous soutiennent Monsieur. Ils sont Américains aussi", a-t-il lancé face caméra, des sanglots dans la voix, avant de lancer une page de publicité. 

L'ancien journaliste du Baltimore Sun et auteur David Simon, créateur de la série The Wire, applaudie par la critique, et qui traite justement du trafic de drogue et des défis économiques et sociaux de Baltimore, a également répondu au président sur Twitter : **"Nous sommes une ville peuplée de bons Américains qui méritent mieux que l'imposture, le raté égocentrique et vide qu'ils ont pour président".  **

Donald Trump en remet une couche

Mais ce dimanche, Donald Trump persiste et signe : "Que quelqu'un explique à Nancy Pelosi, récemment qualifiée de raciste par certains au sein de son propre parti, qu'il n'y a rien de mal à souligner l'évidence : le représentant Elijah Cummings a fait du très mauvais travail pour son district et la ville de Baltimore", a-t-il répondu.

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"Les démocrates jouent toujours la carte du racisme, alors qu'ils ont en réalité fait si peu pour les formidables Afro-Américains de notre pays", a-t-il également écrit.

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