Maroc : libération d'Hajar Raissouni, emprisonnée pour "avortement illégal"

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Par Olivier Peguy
Hajar Raissouni, à sa sortie de prison. Rabat, le 16/10/2019
Hajar Raissouni, à sa sortie de prison. Rabat, le 16/10/2019   -  Tous droits réservés  REUTERS/Stringer

Au Maroc, la journaliste Hajar Raissouni a été libérée ce mercredi soir, après avoir été graciée par le roi.

Cette jeune femme avait été condamnée à un an de prison pour "avortement illégal" et "relations sexuelles hors mariage".

Son fiancé, ainsi que l'équipe médicale accusés de l'avoir aider à avorter, ont eux aussi été libérés.

Je remercie Dieu, car ce que nous avons affrontés, avec Hajar, aura été bénéfique. Cela a renforcé notre conviction en faveur du droit des femmes. Je suis convaincu que la lutte contre les violences faites aux femmes n'est pas quelque chose de théorique. C'est un combat à mener au quotidien.
Rifaat Al Amine
fiancé d'Hajar Raissouni

"Je suis innocente....J'ai subi une grande injustice et terrible agression", a répété la jeune femme à l'AFP après sa libération.

Hajar Raissouni a toujours nié a voir pratiqué un avortement. Elle assure avoir été traitée pour une hémorragie interne. Quant à sa relation avec son fiancé, elle précise que le couple devait se marier à la mi-septembre, mais que ce projet a été contrecarré par l'arrestation. Hajar Raissouni estime, en fait, depuis le début, être victime d'un procès "politique".

Plusieurs de ses soutiens considèrent qu'elle a été prise pour cible en raison de son travail de journaliste, critique à l'égard du régime.

Certains soulignent aussi ses liens familiaux avec Ahmed Raïssouni, un théologien musulman, ancien dirigeant d’un groupe islamiste influent sur le plan politique.

Débat de société

En tout cas, cette affaire a suscité une vague d'indignation, au Maroc et à l'étranger. Et cela a relancé le débat sur les libertés individuelles et le droit des femmes au Maroc.

A sa libération, Hajar Raissouni a indiqué qu'elle trouvait "sain et utile" le débat soulevé par son arrestation et qu'elle espérait que "son cas servira de locomotive" pour dépénaliser l'avortement, les relations hors mariage, de l'homosexualité et la rupture du jeun en public, actuellement passible de prison dans le code pénal marocain.

- avec agences -