Percée de l'extrême droite lors des élections régionales allemandes en Thuringe

Percée de l'extrême droite lors des élections régionales allemandes en Thuringe
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Par Joanne Massard avec AFP
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C'est un nouveau revers cinglant pour Angela Merkel. Son parti, la CDU, perd 12 points par rapport à la dernière élection régionale.

Après la Saxe et le Brandebourg il y a deux mois, L'AfD, (Alternative pour l'Allemagne), le parti d’extrême droite allemand a enregistré une forte percée électorale à l’occasion d’un scrutin régional organisé dimanche en Thuringe, dans l’ex-Allemagne de l’Est.

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Selon les premiers sondages; l’AfD a plus que doublé son score de 2014, récoltant 23,5 % des suffrages. Le parti arrive ainsi en deuxième position derrière la gauche radicale (Die Linke), vainqueur de l’élection avec 29,5 % et avec deux points d’avance sur la CDU d’Angela Merkel.

L'extrême droite allemande, emmenée par sa figure la plus radicale, a enregistré une nouvelle forte progression lors d'un scrutin régional. «Je suis extrêmement heureux», a exprimé le président du parti, Jörg Meuthen, saluant une «période faste» pour sa formation, selon l'AFP.

Derrière ce mouvement anti-migrants et eurosceptique, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de Mme Merkel termine à 21,8%, soit un repli de près de 12 points en cinq ans dans cet Etat qu'elle dominait auparavant. Il s'agit de son plus mauvais score jamais réalisé dans cette région depuis la réunification allemande en 1990. Leur chef de file en Thuringe Mike Mohring a reconnu un "résultat douloureux".

L'extrême droite a évoqué un "séisme" électoral en sa faveur

L'extrême droite a elle parlé d'un "séisme" électoral en sa faveur. Sa tête de liste Björn Höcke, tenant de l'aile plus droitière du mouvement, a estimé que l'AfD, en progression constante depuis 2015 était "en train de devenir un grand parti populaire national".

Un score notable, d'autant plus que l'AfD a été très critiquée juste avant le scrutin suite à un récent attentat antisémite et xénophobe ayant fait deux morts à Halle, dans l'Etat régional voisin de Saxe-Anhalt, et commis par un sympathisant néonazi.

Björn Höcke lui-même s'est vu accuser d'avoir préparé le terrain idéologique pour l'auteur des faits par ses déclarations contre la culture allemande de repentance pour les crimes nazis. Il s'est félicité de voir que son électorat n'ait pas cédé "aux campagnes de diffamation".

La présidente du SPD par intérim, Malu Dreyer, s'est dite "choquée" qu'un tenant de la droite la plus ultra obtienne un tel succès.

La communauté juive inquiète

Plusieurs représentants de la communauté juive se sont inquiétés lundi de la forte progression de l'extrême droite allemande lors d'un scrutin régional en Thuringe dimanche, moins d'un mois après l'attentat antisémite de Halle, lors duquel un néo-nazi allemand a tué deux personnes et tenté de commettre un massacre dans une synagogue.

Le candidat de ce parti extrémiste, Björn Höcke, s'est vu accuser d'avoir préparé le terrain idéologique pour l'auteur des faits par ses déclarations contre la culture allemande de repentance pour les crimes nazis, fondement de l'après-guerre dans le pays.

Il avait notamment qualifié en 2017 le Mémorial de la Shoah à Berlin de "monument de la honte".

Il a aussi défendu l'idée d'une "Allemagne millénaire", une manière de signifier que l'histoire nationale dépasse la seule période nazie, qu'un autre cacique de l'AfD, Alexander Gauland, a pour sa part qualifié de simple "fiente d'oiseau" au regard du passé glorieux du pays.

"Beaucoup d'électeurs ont soutenu un parti qui prépare depuis des années le terrain à l'exclusion et la violence d'extrême droite", a expliqué Mme Knobloch, dénonçant la "minimisation de la période nazie, son nationalisme décomplexé", et l'incitation "à la haine des minorités, dont la communauté juive".

Les gains de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) en Thuringe "sont un nouveau signal effrayant, qui laisse craindre un nouveau renforcement des tendances et attitudes d'extrême droite en Allemagne", a déclaré Christoph Heubner, vice-président du Comité international d'Auschwitz, basé à Berlin et fondé par des survivants du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, cité par l'agence DPA.

La gauche radicale allemande en tête

En Thuringe, c'est un autre parti classé aux extrêmes du paysage politique qui l'a emporté, celui de la gauche radicale, héritière du parti communiste est-allemand. Son porte-drapeau, l'actuel chef du gouvernement régional Bodo Ramelow, est arrivé en tête avec 31%, un score en progression, 30 ans tout juste après la chute du Mur de Berlin.

Il lui sera difficile toutefois de se maintenir au pouvoir car ses deux partenaires actuels de coalition, les sociaux-démocrates du SPD et les écologistes, n'obtiennent respectivement que 8,2% et 5,1%. Ils ne sont plus en mesure de lui fournir une majorité.

Et dans le même temps, le parti conservateur refuse de gouverner tant avec la gauche radicale qu'avec l'extrême droite. Ce qui pourrait bloquer toute formation de coalition majoritaire.

Pour la CDU et les sociaux-démocrates, partis traditionnels de gouvernement ayant dominé la vie politique d'après-guerre, ce scrutin constitue une énième déconvenue de nature à fragiliser un peu plus le gouvernement fédéral d'Angela Merkel.

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