Spike Lee, le réalisateur afro-américain, sera le prochain président du jury de Cannes

Spike Lee, le réalisateur afro-américain, sera le prochain président du jury de Cannes
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Par euronews avec AFP
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Retour sur le parcours de ce trublion du cinéma qui se dit "honoré d'être la première personne de la diaspora africaine" aux États-Unis à assurer la présidence du jury du Festival de Cannes.

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24 heures après des nominations aux Oscars critiquées pour leur manque de diversité, le Festival de Cannes frappe fort en désignant le réalisateur américain Spike Lee comme prochain président du jury et premier Noir à occuper cette fonction.

Si le plus grand festival de cinéma au monde a déjà accueilli, au sein de son jury, des artistes noirs-américains comme la cinéaste Ava DuVernay en 2018 et l'acteur Will Smith en 2017, c'est une première concernant son président.

"Le regard de Spike Lee est plus que jamais précieux", affirment en choeur Pierre Lescure, le président du festival, et Thierry Frémaux, le délégué général, dans un communiqué.

"Cannes est une terre d'accueil naturelle et une caisse de résonance mondiale pour ceux qui (r)éveillent les esprits et questionnent chacun dans ses postures et ses convictions. La personnalité flamboyante de Spike Lee promet beaucoup", poursuivent-ils, à propos du réalisateur militant, qui a ouvert la voie à de nombreux cinéastes afro-américains.

"Quand on m'a appelé pour devenir président du jury (...), je n'en suis pas revenu, j'étais à la fois heureux, surpris et fier", a réagi Spike Lee, 62 ans, se disant "honoré d'être la première personne de la diaspora africaine" aux Etats-Unis à cette fonction.

Cinéaste phare de la cause noire, il a présenté au total sept de ses films sur la Croisette, et a été récompensé du Grand prix en 2018 pour "BlackkKlansman", racontant l'histoire vraie d'un Noir infiltré au Ku Klux Klan.

Casquette et baskets de rigueur, le sexagénaire au look d'éternel adolescent avait fait son entrée dans le palais des Festivals en montrant ses tatouages "amour" et "haine" gravés sur les mains, comme Robert Mitchum dans "La nuit du chasseur" (1955).

Pamphlet anti-raciste, violemment anti-Trump, "BlackkKlansman" lui vaudra ensuite le premier Oscar en compétition de sa carrière, après un Oscar d'honneur en 2016.

Fou de joie, Spike Lee avait alors sauté dans les bras de l'acteur Samuel L. Jackson, qui remettait la récompense et a joué dans plusieurs de ses films.

Chris Pizzello/Invision/AP
24 février 2019, au Dolby Theatre de Los Angeles.Chris Pizzello/Invision/APChris Pizzello

Trente ans d'histoire avec Cannes

"Quel Président de Jury sera-t-il ? Rendez-vous à Cannes !", s'amusent les organisateurs, à propos de ce président politique ("il est celui qui lève le poing"), doté d'une forte personnalité.

"Cannes a façonné ma trajectoire dans le cinéma mondial", a souligné Spike Lee, revenant sur sa longue histoire avec le festival de Cannes.

Tout a commencé en 1986 quand il est venu présenter à la Quinzaine des Réalisateurs son premier long-métrage "Nola Darling n'en fait qu'à sa tête", un petit film tourné en deux semaines, en noir et blanc avant d'être décliné en série pour Netflix trente ans plus tard, face au succès. Une jeune femme noire, hésitant entre trois amants, y parle librement de ses relations. Le film repartira avec le prix de la jeunesse.

Trois ans plus tard, Spike Lee est en compétition pour la première fois avec "Do The Right Thing", évoquant les tensions raciales à Brooklyn, un jour de forte chaleur.

Suivront dans diverses sections cannoises, "Jungle Fever" en 1991 en compétition, "Girl 6" en 1996 hors compétition, "Summer of Sam" en 1999 à la Quinzaine des Réalisateurs, "Ten Minutes Older" en 2002 à Un Certain Regard, puis "BlackkKlansman" qui a donc remporté l'oscar du meilleur scénario adapté en 2019 et le Grand prix du jury à Cannes en 2018.

Entouré de son jury qui sera dévoilé mi-avril, Spike Lee aura la lourde tâche de désigner le successeur de "Parasite" du Sud-Coréen Bong Joon-ho, Palme d'or 2019 attribuée par le jury présidé par le réalisateur mexicain Alejandro Iñarritu ("The Revenant").

L'annonce lundi des nominations pour les Oscars, avec le "Joker" en tête (11 nominations), a été immédiatement critiquée pour son manque de diversité, avec une sélection jugée très blanche et très masculine.

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