Reportage en Serbie, où les migrants bloqués à la frontière hongroise dorment dans des forêts ou des bâtiments abandonnés.
Notre correspondant Attila Magyar s'est rendu en Serbie, à la rencontre de migrants originaires du Moyen-Orient, bloqués à la frontière hongroise. Reportage.
Depuis le début du mois de janvier, une famille syrienne vit dans une forêt située à proximité de la rivière Tisza en Serbie. Mahmoud, le père de famille, rêve d'emmener ses sept enfants en Allemagne. "Nous voulons aller dans un pays en paix, où nos enfants pourront aller à l'école" indique-t-il à notre correspondant. La famille, dont le plus jeune enfant n'a que deux ans, est bloquée par une frontière hongroise fermée, et surveillée en permanence.
Des cameras et des patrouilles de police rendent le passage de la frontière presque impossible. Au cours des trois ou quatre derniers jours qui ont précédé notre tournage, le flux de migrants arrivés à la frontière a diminué.
"Lundi, nous avons enregistré 67 à 70 personnes, mais elles sont en mouvement permanent" explique Róbert Lackó, agent coordinateur à Kanjiža côté serbe. "Ce n'est pas le nombre total car environ 20 à 30 migrants vivent toujours dans des camps de fortunes sous des tentes dans la forêt. Et certains migrants entrent dans des bâtiments abandonnés la nuit".
Ce genre de bâtiment désert est courant dans le secteur, nous en avons trouvé plusieurs, avec souvent des traces de suie contre les murs et des restes de feu au sol. Les éléments en bois présents dans ces habitations abandonnées sont utilisés par les migrants pour faire du feu. Des déchets et des excréments jonchent parfois les sols dans certaines pièces. Cette situation exaspère la population locale, bien qu'aucun affrontement violent n'ait été relaté entre population locale et migrants.
"Ils rentrent dans des maisons vides, ils allument un feu et ils dorment" raconte une habitante du voisinage. "Ils ne restent pas pendant la journée" décrit-elle. "Dans une maison du village voisin, des meubles ont été cassés".
Ces dernières années, beaucoup de jeunes migrants se sont installés à Subotica ou dans la capitale serbe, Belgrade. Face à ce phénomène, engendré par la fermeture de la frontière hongroise, les autorités sont impuissantes. Tous attendent une solution.