Deux virtuoses de la musique classique dénoncent le harcèlement sexuel

Camille Berthollet joue la bande originale du film "La Liste de Schindler" à la Halle aux Grains de Toulouse, le 24 février 2016.
Camille Berthollet joue la bande originale du film "La Liste de Schindler" à la Halle aux Grains de Toulouse, le 24 février 2016. Tous droits réservés REMY GABALDA / AFP PHOTO
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Par Nathan Joubioux
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Le monde de la musique classique n'est pas non plus épargné par le mouvement #MeToo. Les sœurs Berthollet dénoncent les agissements d'un chef d'orchestre et le harcèlement subi dans ce milieu.

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"Une des raisons pour lesquelles on parle maintenant, c'est parce qu'on a eu une expérience de plus et probablement de trop récente avec un chef d'orchestre qui s'est permis d'avoir des gestes totalement déplacés". Comme un air de déjà vu.

Dans une vidéo publiée sur Loopsider, le mardi 18 février, les deux stars de la musique classique, Julie Berthollet, 22 ans et sa sœur cadette Camille, 21 ans, dénoncent le harcèlement et les agressions sexuelles dont elles ont dû faire face tout au long de leur jeune carrière. Respectivement violoniste et violoncelliste professionnelles, elles libèrent leur parole dans un domaine dans lequel le harcèlement est encore trop passé sous silence.

Des réflexions, des attouchements, des actes tactiles totalement déplacés. Les deux jeunes femmes dénoncent un chef d'orchestre qui s'est permis, entre autres, de venir les "renifler" dans le cou pour "voir quelle odeur ont les rousses".

A l'instar de Sarah Abitbol pour le monde du sport, les deux virtuoses espèrent aider les autres musiciens et musiciennes qui vivent ce même calvaire.

On voit qu'il y a plein de jeunes filles, ou d'hommes d'ailleurs, qui ont peur de dire les choses en pensant qu'ils n'auront pas de carrière s'ils parlent.
Camille Berthollet
Violoncelliste

Mais le chef d'orchestre qu'elles dénoncent n'est pas le seul. A plusieurs reprises, les deux jeunes musiciennes reçoivent des réflexions sur leurs tenues ou leur maquillage. Julie continue : "Si on s'habille court, on aura une remarque. Si on s'habille long, on aura une remarque". En parlant du vernis à ongles, elles avouent avoir longtemps eu un blocage, "alors que ça ne change pas du tout le jeu, ça change rien au final à ce que les gens vont entendre sur scène".

Des précédents dans ce milieu

Ce ne sont pourtant pas les premières musiciennes à évoquer ce problème. Dans un article publié en 2018 par le Washington Post, la violoniste Zenebra Bowers avoue avoir été harcelée sexuellement par William Preucil, violon solo du Cleveland Orchestra. La jeune fille, âgée de 26 ans lors des faits, en 1998, assure que Preucil, salué comme le plus grand violon solo vivant à l'époque, l'a embrassée agressivement, ouvert de force les boutons de sa chemise avant de la pousser sur le lit. "Nous sommes tous les deux adultes. Vous savez comment cela fonctionne" lui a dit Bowers. La jeune musicienne, stupéfaite et horrifiée, le repousse et court chez elle. Quelques minutes plus tard, William Preucil l'appelle et la menace de la placer sur liste noire si elle décide d'en parlait à quelqu'un.

De multiples autres affaires ont ébranlé le monde de la musique classique. Le chef d'orchestre Daniel Lipton, a démissionné de l'Opéra de Tampa en 2017 suite à des accusations de baisers forcés et d’attouchements par deux femmes. Lui, a tout nié : "Les choses qui ont été publiées dans la presse sont totalement inexactes".

Aux Etats-Unis, les histoires de ce type sont récurrentes. De novembre 2017 à avril 2018, le Washington Post a pu discuter à plus de 50 musiciens qui se disent victimes de harcèlement sexuel.

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