Pourquoi le lama peut-il nous aider à combattre le coronavirus ?

Winter, la femelle lama de l'université de Gand en Belgique
Winter, la femelle lama de l'université de Gand en Belgique Tous droits réservés Dorien De Vlieger/Université de Gand
Par Vincent CosteRafael Cereceda
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Ne vous y trompez pas, c'est très sérieux. Une équipe de scientifiques a isolé un anticorps chez cette espèce de camélidés qui a la capacité de neutraliser le SARs-CoV-2, le virus responsable du Covid-19

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Le lama plus fort que le Covid-19 ? Alors que des milliers de laboratoire sont en train de fourbir leurs éprouvettes pour tenter de trouver l'antidote contre le nouveau coronavirus, une équipe internationale de chercheurs affirme avoir mis au jour "le premier anticorps capable de neutraliser le COVID-19" dans le sang de ces camélidés surtout connus pour leur habilité à lancer des crachats.

Pour ces scientifiques de l'Université d'Austin, aux États-Unis, et de l'Université de Gand, en Belgique, la piste du Lama n'est pas nouvelle. Ils l'avait déjà exploré en isolant un anticorps capable de neutraliser le SRAS-CoV-1 et le MERS-CoV-1 dans le sang de White, une femelle lama née en Belgique il y a quatre ans. Mais ces chercheurs avaient abandonné leurs travaux lorsque les virus responsables du SRAS et du MERS ont cessé d'être une menace.

L'arrivée du SRAS-CoV-2 a depuis changé la donne. Ils ont décidé de repartir sur les même bases et lançant de nouveaux tests sur ce nouveaux virus à l'origine de la pandémie de Covid-19. Et bingo, cela a fonctionné. Du moins, pour l'instant, dans des conditions de laboratoire.

Cette étude a été publiée cette semaine dans la revue scientifique CELL. Ses auteurs y détaillent le mécanisme par lequel cet anticorps est capable de bloquer la propagation du nouveau coronavirus dans l'organisme de White.

Les lamas, des animaux aux super-pouvoirs ?

La capacité des lamas à produire des anticorps spéciaux et résistants à certains virus était déjà connue par les experts. Dans le cas de la lutte contre la famille des coronavirus, c'est la taille du fameux anticorps isolé qui est primordial. En effet, celui-ci est bien plus petit que les nôtres, ce qui lui permet d'agir comme un bouclier en se fixant sur le virus. 

Cet anticorps a ainsi a capacité de "protéger les cellules contre une infection par le virus SARs-CoV-2 car il empêche le virus de se fixer et de pénétrer dans les cellules de nos poumons" précise Dorien De Vlieger, doctorante à l'université de Gand que nous avons contacté. La chercheuse ajoute également que les anticorps des lamas sont "plus stables que les anticorps classiques. Cette meilleure stabilité permet l'administration du traitement par nébulisation (pulvérisation, ndlr)".

Les thérapies à base d'anticorps agissent plus vite

L'un des chercheurs américains ayant participé à l'étude pointe, lui, l'avantage d'une thérapie à base d'anticorps comparée aux vaccins. Jason McLellan, professeur de sciences moléculaires à l'université d'Austin, explique ainsi que les vaccins "doivent être administrés un à deux mois avant l'infection pour assurer une protection". Or, dans le cas des traitements reposant sur des anticorps, ces derniers sont "directement administrés aux patients, et immédiatement ils sont protégés en principe. Les anticorps peuvent également être utilisés pour traiter une personne déjà malade ou pour réduire la gravité de la maladie", conclue Jason McLellan.

Des essais cliniques en automne

Les anticorps isolés sur White on été depuis reproduits en laboratoire et l'objectif est maintenant de "produire" un anticorps compatible avec l’espèce humaine. Sur ce point, un autre chercheur de l’Université de Gand, interrogé par la RTBF, donne plus de précisons. Bert Schepens nous apprend ainsi : "Nous sommes en train, en fait, de fabriquer cet anticorps humain. Nous en avons déjà de multiples formes. Et nous sommes en train de tester le plus performant".

Dorien De Vlieger/Université de Gand
Winter de retour dans ses quartiersDorien De Vlieger/Université de Gand

La prochaine étape sera celle des essais cliniques qui devraient intervenir l’automne prochain. White, elle, est depuis retournée dans sa ferme appartenant à l'Université de Gand. La-bas, la femelle lama vit entourée d'une centaine camélidés élevés pour être utilisés à des fins scientifiques.

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