Les taureaux espagnols mènent leur dernier combat

Les taureaux espagnols mènent leur dernier combat
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Par Pierre Michaud
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Déjà controversée, la tauromachie subit de plein fouet la crise du coronavirus. Sans corrida, c'est toute une race qui est en péril.

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Elle est apparue dans la dehesa espagnole il y a des milliers d'années, une une race bovine ancestrale que l'homme n'a jamais réussi à apprivoiser complètement.

La famille de Fernando élève ces taureaux de combat depuis un siècle.

"Le taureau de combat est une race qui a toujours été à moitié sauvage, raconte l'éleveur_. Ils viennent de ces premiers taureaux que nous avons eus en Espagne, qui ont été capturés par les hommes. Et ce qui le définit, c'est sa bravoure."
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Fernando possède une centaine des 100 000 spécimens de cette race recensés dans le monde. Une population très faible, de l'ordre du gorille africain, une espèce menacée. Élevés en liberté, ils jouent un rôle important dans la préservation de l'environnement local. Fernando compare "une dehesa avec un troupeau de taureaux de combat à une île écologique au milieu de la civilisation."

Ces taureaux étaient prêts pour l'arène. Mais la crise du coronavirus a suspendu tous les spectacles de tauromachie en Espagne. Une industrie qui représente tout de même 4,5 milliards d'euros.

Les taureaux utilisés pour les combats sont une race unique. Ils sont nés et ont été élevés pour l'arène, mais la baisse de popularité de la tauromachie au cours des dernières années met sa survie en danger. Aujourd'hui, le coronavirus est peut-être le dernier clou dans le cercueil de cette tradition historique mais controversée.

Les éleveurs ont cherché d'autres moyens de sauver les taureaux de combat, comme le tourisme. Fernando espère que la tauromachie reviendra en force, après la pandémie.

"_Leur disparition provoquerait des problèmes au niveau de l'environnement, au niveau culturel et économique. Je pense que nous voyons venir le danger, nous allons nous rendre compte que si cela se produit, ce sera catastrophique."
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Plaza de las Ventas de Madrid, la plus grande arène d'Espagne est désespérément vide.

Rafael García Garrido, le directeur, ne se fait pas trop d'illusions : "Un jour normal, cet endroit serait noir de monde. Les bars, les restaurants seraient pleins à craquer, vous verriez de longues files d'attente au guichet...Là, il n y a qu'un silence de cathédrale."

L'annulation de la saison des corridas à Madrid entraînerait une perte de 400 millions d'euros pour la ville. Et si les manifestations en plein air sont autorisées, ce sera avec de sérieuses mesures de restrictions qui ne permettraient pas de retrouver l'ambiance si particulière des corridas.

"Dans un lieu comme celui-ci, avec une capacité de 24 000 personnes, nous ne pourrions en accueillir qu'un millier, décrypte Rafael García Garrido_. Une corrida sans spectateurs, cela n'aurait aucun intérêt. Lorsque nous reviendrons, nous voulons le faire avec dignité.
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Dans la dehesa, ces taureaux attendent de connaître leur destin. L'abattoir devrait remplacer l'arène cette année. Alors que la race est menacée d'extinction, une chose de sûre. Ces taureaux vont se battre jusqu'au bout.

Domenico Stinellis/AP
Jour de corrida à MadridDomenico Stinellis/AP
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