Covid-19 : ne pas tomber dans le "nationalisme vaccinal"

Covid-19 : ne pas tomber dans le "nationalisme vaccinal"
Tous droits réservés Dursun Aydemir/Anadolu Ajansı
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Par Euronews avec AFP
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#COVID19 | La Croix-Rouge exhorte les États à ne pas tomber dans le "nationalisme vaccinal".

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Le Royaume-Uni accueille jeudi un sommet virtuel destiné à récolter des fonds pour l'Alliance du vaccin (Gavi), le Premier ministre Boris Johnson appelant à une "nouvelle ère de coopération" mondiale en matière de santé face à la pandémie de nouveau coronavirus.

"J'espère que ce sommet sera le moment où le monde se rassemblera pour unifier l'humanité dans le combat contre la maladie", doit-il déclaré, selon des extraits de son intervention diffusées par ses services. "Je vous appelle à nous rejoindre, pour fortifier cette alliance qui sauve des vies et inaugurer une nouvelle ère de coopération mondiale dans la santé", doit dire Boris Johnson, dont le pays est le deuxième le plus durement frappé par le virus avec près de 40.000 morts.

"Nationalisme vaccinal"

Son appel fait écho à l'avertissement lancé par le président international de la Croix-Rouge, Francesco Rocca, qui exhorte les pays à ne pas tomber dans le "nationalisme vaccinal".

Le Royaume-Uni est pour l'heure le contributeur le plus important au Gavi avec 1,65 milliard de livres (1,85 milliard d'euros) promis sur les cinq prochaines années. Lors de ce sommet virtuel réunissant plus de 50 pays et plus de 35 chefs d'Etat et de gouvernement, l'Alliance espère lever 7,4 milliards de dollars pour continuer les campagnes mondiales de vaccination contre la rougeole, la polio ou la typhoïde, largement perturbées par l'épidémie de Covid-19.

La réunion doit aussi permettre de lancer des appels à financement pour l'achat et la production d'un éventuel futur vaccin contre la maladie Covid-19, ainsi qu'un soutien à sa distribution dans les pays en développement. Pour le vaccin contre le Covid-19, l'objectif de l'Alliance est de récolter deux milliards de dollars.

Ce sommet intervient alors que la pandémie a exacerbé les attaques contre le multilatéralisme, entre la rupture de Donald Trump avec l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les craintes d'une mainmise américaine sur les futurs vaccins.

"Il est d'une importance capitale, et nous sommes en train d'y parvenir, qu'il y ait un consensus international et un soutien dans le monde entier pour trouver un vaccin et le fournir à tous ceux qui sont vulnérables, car personne ne sera en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas", a déclaré à l'AFP Anne-Marie Trevelyan, ministre britannique du Développement international.

Tout en saluant l'instauration d'un nouveau fonds pour aider les pays en développement à accéder à un futur vaccin, Anna Marriott, chargée de la santé chez Oxfam, a estimé dans un communiqué que "le Gavi et les gouvernements qui le financent doivent d'abord se confronter au pouvoir monopolistique de l'industrie pharmaceutique qui se dresse sur le chemin d'un vaccin pour les peuples".

"L'argent des contribuables devrait être investi dans des vaccins et traitements libres de droits et disponibles pour toutes les nations à prix coûtant", a-t-elle ajouté.

La Suède admet que sa stratégie aurait pu être meilleure

L'épidémiologiste suédois Anders Tegnell, de l'Agence de santé publique, a reconnu mercredi que l'approche plus souple adoptée par le royaume scandinave pour contenir la propagation du nouveau coronavirus pouvait être améliorée tout en continuant de la défendre.

Anders Tegnell, souvent présenté comme le visage de la stratégie suédoise de lutte contre le virus, a défendu la décision du pays de ne pas imposer de confinement comme dans de nombreux pays européens, mais a concédé que des ajustements auraient pu être faits au gré des nouvelles informations.

"Si nous devions rencontrer la même maladie avec tout ce que nous savons aujourd'hui sur elle, je pense que nous finirions par faire quelque chose entre ce que la Suède et le reste du monde ont fait", a déclaré l'épidémiologiste sur les ondes de la radio publique suédoise.

Mercredi, 40.803 cas de coronavirus avaient été détectés dans le pays depuis le début de la crise, et 4.542 personnes sont décédées des suites de la maladie, selon les autorités sanitaires, une mortalité décrite par M. Tegnell comme "vraiment" trop élevée.

Le professionnel dit cependant ne pas être sûr si l'instauration de mesures supplémentaires - et lesquelles - auraient fait la différence. "Il serait bien de savoir plus précisément ce que l'on doit stopper pour mieux prévenir la propagation de l'infection", a-t-il expliqué.

Le pays scandinave a maintenu ouverts les écoles (pour les enfants de moins de seize ans), cafés, bars, restaurants et entreprises, demandant à chacun d'observer les recommandations de distanciation sociale et de "prendre ses responsabilités".

La population a été incitée à travailler à domicile, à limiter ses contacts et à se laver les mains régulièrement. Seules contraintes majeures, les rassemblements de plus de 50 personnes ont été interdits, de même que les visites dans les maisons de retraite.

- "La stratégie est bonne" -

Interrogé plus tard dans la journée lors d'une conférence de presse, M. Tegnell a souligné que ses propos ne devaient pas être interprétés comme voulant dire que l'Agence de santé publique, ou lui-même, doutaient de la stratégie adoptée. "Nous sommes toujours d'avis que la stratégie est bonne, mais il y a toujours des améliorations à apporter, surtout avec le recul", a-t-il expliqué aux journalistes.

Le gouvernement continue de défendre son modèle et parle de mesures pertinentes sur le long terme, répétant dans les médias que cette lutte contre le virus est un "marathon, pas un sprint".

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Cette approche a suscité une vague de critiques, aussi bien dans le pays qu'à l'extérieur, à l'heure où le nombre des morts y a largement dépassé ceux des voisins nordiques, qui ont tous imposé des mesures restrictives. Anders Tegnell parle d'une vision "ambivalente" de la Suède à l'étranger, son approche suscitant à la fois éloges et mépris.

"Elle a parfois été perçue comme une menace, car elle pourrait indirectement jeter le doute sur certaines des mesures assez drastiques prises", selon l'épidémiologiste.

Interrogé par l'agence de presse suédoise TT, il a expliqué que la mise en oeuvre de mesures lourdes "peut aussi faire plus de dégâts". "Il n'y a pas de corrélation directe entre faire beaucoup et être prudent", a-t-il jugé. Et de poursuivre: "il n'y a rien qui indique que nous aurions eu un résultat totalement différent si nous avions mis en oeuvre des mesures plus drastiques".

"La Grande-Bretagne a fait cela mais n'a pas débouché sur un bon résultat", a-t-il dit.

Tourisme : la Grèce suspend ses vols avec le Qatar

La Grèce a annoncé mardi avoir suspendu les vols à destination et en provenance du Qatar jusqu'au 15 juin après avoir détecté plusieurs cas de coronavirus sur un vol reliant Doha à Athènes. Douze personnes sur 91 voyageant à bord d'un avion de Qatar Airways, qui s'est posé lundi à Athènes, ont été testées positives au Covid-19, a indiqué l'autorité grecque de protection civile dans un communiqué.

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Parmi les personnes testées positives figurent neuf ressortissants pakistanais résidant en Grèce, deux Grecs vivant en Australie et un membre d'une famille gréco-japonaise. Elles seront mises en quarantaine dans un hôtel pendant une durée de deux semaines, a précisé le communiqué.

Après un déconfinement graduel entamé le 4 mai, le début de la saison touristique commence officiellement le 15 juin en Grèce avec la réouverture des hôtels saisonniers et la reprise régulière de nombreux vols internationaux en provenance des régions les moins touchées par la pandémie.

La Grèce avait annoncé vendredi dernier l'ouverture des aéroports d'Athènes et de Thessalonique (nord) aux touristes de 29 pays, dont une quinzaine de l'Union européenne, à compter du 15 juin.

Du 15 au 30 juin, les avions ne pourront atterrir que dans ces deux villes. Les autres aéroports régionaux et ceux des îles grecques ne seront remis en service que le 1er juillet.

L'industrie du tourisme compte pour environ 20% du produit intérieur brut (PIB) de l'économie de ce pays. Moins touchée que ses partenaires européens par la pandémie, la Grèce, qui compte 10,7 millions d'habitants, déplore jusqu'ici moins de 180 morts et environ 3.000 cas de contamination par le nouveau coronavirus.

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Le ministère grec de la Santé avait indiqué plus tôt mardi qu'il avait commencé, sur une base volontaire, des tests de dépistage d'anticorps sur le personnel des hôpitaux et des centres de santé.

La Grèce avait annoncé en mai avoir acquis 200.000 tests du Covid-19 auprès du géant pharmaceutique américain Abbott.

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