Coronavirus : ce que l'on sait sur les deux nouveaux confinements en Espagne

Un membre de la police régionale catalane des Mossos d'Esquadra contrôle la route de Lleida le 4 juillet 2020.
Un membre de la police régionale catalane des Mossos d'Esquadra contrôle la route de Lleida le 4 juillet 2020. Tous droits réservés PAU BARRENA/AFP
Par Marta Rodriguez MartinezThomas Seymat
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Coronavirus : ce que l'on sait sur les deux nouveaux confinements en Espagne

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En Espagne, près de 290 000 personnes — l'intégralité de deux régions du pays — ont commencé la semaine à nouveau confinées. Il s'agit du plus important retour en arrière en terme de déconfinement dans le pays ou le nouveau coronavirus a déja fait plus de 28 000 morts.

Voici ce que nous savons jusqu'à présent sur ces deux confinements :

Où sont les comarques, ou régions, qui ont été reconfinées ?

A Mariña est une région côtière située au nord-ouest de l'Espagne dans la communauté autonome de Galice et la province de Lugo. Elle compte environ 70 000 habitants qui sont re-confinés depuis dimanche minuit. Les autorités régionales ont pris la décision d'isoler la population après avoir enregistré une accélération du nombre de cas, qui est passé à 106 cas positifs.

La deuxième région en quarantaine est le Segrià, situé en Catalogne et dont la capitale est la ville de Lleida, désormais la plus grande ville espagnole confinée. Vendredi dernier, le gouvernement de la Catalogne a averti ses quelque 210 000 habitants qu'ils avaient 16 heures avant le confinement de la région. Là aussi a eu lieu une accélération du nombre d'infections, avec 155 cas positifs.

En quoi ce nouveau confinement consiste-t-il ?

Pour l'instant, aucune des deux régions n'a imposé de confinement strict à domicile, comme ce fut le cas précédemment dans le pays, mais la liberté de mouvement des habitants est limitée.

Dans les deux régions, il n'est pas possible de sortir sauf pour le travail, les activités économiques ou en cas de force majeure.

Outre la limitation des déplacements, l'utilisation de masques a été rendue obligatoire et le nombre maximum de personnes pouvant se réunir a été limité à dix.

Dans le Segrià, les visites dans les maisons de retraite ont été limitées et dans A Mariña, une zone très touristique, la capacité des restaurants et des bars a été limitée une nouvelle fois à 50%.

Les autorités régionales des deux zones ne pensent pas qu'il soit nécessaire de confiner à nouveau les citoyens dans leurs foyers, mais elles ne l'excluent pas de le faire si l'épidémie devient à nouveau incontrôlable.

"On en a parlé, j'espère que nous n'en arriverons pas là, si les choses ne vont pas mieux, tout peut arriver", a ainsi déclaré Joan Talarn, président de la Députation provinciale de Lleida, dans une interview à la station de radio espagnole La Ser.

Siphiwe Sibeko/AP
Un soigant portant une combinaison de protection contre le coronavirus entre dans une maison à A Mariña, près de Lugo, dans le nord-ouest de l'Espagne, le 5 juillet 2020.Siphiwe Sibeko/AP

Combien de temps ce nouveau confinement durera-t-il ?

À A Mariña, un confinement de cinq jours a été déclaré jusqu'au vendredi 10 juillet, et pourra être prolongé si le nombre d'infections augmente.

"Si nous voyons que l'évolution est favorable, il pourrait être levé, mais logiquement l'idée est de continuer", a expliqué le ministre de la Santé de Galice, Jesus Vazquez Almuiña, à la chaîne La Ser. "Ce que nous voulons, c'est arrêter, comme je l'ai dit précédemment, l'augmentation des cas".

Dans le Segrià, quinze jours de quarantaine ont été déclarés, et peuvent également être prolongés.

Quelles sont les origines de ces nouveaux foyers de Covid-19 ?

Le président du gouvernement régional galicien, Alberto Núñez Feijóo, a situé le foyer de l'épidémie à A Mariña dans "deux ou trois" bars du port de Burela, l'une des villes les plus touristiques de la région. Un nouveau coup dur qui vient s'ajouter à la situation déjà difficile que ce secteur traverse cette année.

"Nous allons vivre une période très difficile, mais nous devons aller de l'avant car le plus important est la santé et arrêter l'épidémie pour qu'il n'y ait plus d'infections", a déclaré Noelia Fraga, directrice de l'hôtel Nordés de cette ville au journal la Voz de Galicia.

Au beau milieu de ce revers dans le déconfinement, la Galice doit en plus organiser le 12 juillet des élections régionales initialement prévues en avril.

"D'un point de vue sanitaire, il n'y a pas de problème pour aller voter", a déclaré Jesús Vázquez Almuiña, qui a précisé que le vote est plus sûr que les activités et les déplacements, qui ont été restreints.

Dans le Seigrà, la recrudescence de cas Covid-19 est lié à des emplois précaires et à la pauvreté.

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Les nouveaux foyers dans la région ont coïncidé avec la saison de récolte des fruits, qui a attiré cette année 30 000 personnes à la recherche d'un travail temporaire, devenant ainsi un vecteur de contagion depuis l'étranger.

"Nous sommes en pleine saison de la récolte des fruits et cela signifie que nous avons beaucoup de monde dans de nombreuses villes", a expliqué le président du conseil provincial de Lleida, Joan Talarn, "Parfois, des villes de 2 000 habitants ont plus que doublé leur population et comptent 4 000 ou 4 500 habitants".

AP Photo/Emilio Morenatti
Des migrants à la recherche d'un travail saisonnier pour la récolte des fruits dorment par terre sur une place de Lleida, le jeudi 2 juillet 2020.AP Photo/Emilio Morenatti

"Une forte composante sociale"

Beaucoup de ces nouveaux-venus sont des migrants sans papiers qui ont été forcés de dormir dans la rue. "Des gens qui n'ont pas trouvé de travail parce que nous avons déjà suffisamment de main-d'œuvre", précise M. Talarn, qui a demandé au gouvernement espagnol de régulariser la situation de ces migrants afin qu'ils puissent accéder à des emplois en toute légalité.

C'est une situation qui s'est déjà répétée dans d'autres régions d'Espagne lors de la récolte des fruits et légumes ou dans des abattoirs en Allemagne. La surpopulation et les conditions de vie difficiles de ces travailleurs précaires ont fini par créer des foyers contagieux.

À une trentaine de kilomètres de Lleida, à Fraga, où des usines de transformation des fruits parsèment les terres agricoles environnantes, 360 infections au nouveau coronavirus ont été enregistrées au cours des deux dernières semaines.

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"Nous savons que la crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés dans toute la ville de Lleida a également une forte composante sociale," a déclaré la responsable de la santé de la région, Alba Vergés, samedi devant des ouvriers agricoles après le reconfinement de la région par son gouvernement.

"Ils nous laissent dormir dans les rues, ils nous traitent comme si nous étions des chiens errants," explique à l'agence AP, Biram Fall, un Sénégalais de 52 ans qui a émigré là. "Quelqu'un pense-t-il que le virus ne peut pas passer à travers la peau noire ? Qu'il n'infecte que les blancs ?"

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