Le manque de main d'œuvre étrangère dû à la fermeture des frontières a obligé les propriétaires de fermes finlandaises à faire appel à leurs compatriotes.
Covid-19 et fermeture des frontières obligent, les propriétaires de fermes finlandaises ont dû faire appellent à leurs compatriotes pour compenser le manque de travailleurs étrangers. Dans la plus grande ferme de fraises de Finlande, à Hollola, dans le sud du pays, seul un tiers des 16 000 saisonniers habituels sont venus de l'étranger. Le patron s'est adapté.
Sur les 350 Finlandais employés exceptionnellement, la majorité d'entre eux sont étudiants. D'autres doivent faire face au chômage. C'est le cas de Sari, une masseuse de 53 ans. Elle a répondu à une offre d'emploi alors que son affaire a sombré, faute de clients : "Je suis fille d'agriculteur et je travaillais dans les champs de fraises quand j'étais jeune, donc je savais à quoi m'attendre".
Janne Erola, enchaîne les boulots. Remplir une caisse de sept kilos de fraises lui prend un peu plus d'une heure et lui permet de gagner 8.40 euros. "J'ai beaucoup de boulots sur mon CV. J'ai deux pages complètes après 10 ans, j'ai énormément travaillé. Mais c'est très dur de trouver un bon travail" explique-t-il entre deux cueillettes.
Un travail physique et exigeant, qui, combiné à une météo capricieuse, ne plaît pas à tout le monde. Pour les encourager, le patron leur a accordé une prime salariale de 10 %, bien que les Finlandais soient moins rapides que la main d'œuvre ukrainienne expérimentée. Mais qu'importe, Vesa Koivistoinen envisage de continuer avec ses compatriotes à l'avenir.
Lorsque les restrictions de voyage liées au Covid-19 ont été mises en place au printemps, les organisations agricoles comme le gouvernement ont rapidement craint une pénurie de main d'œuvre, lançant alors plusieurs campagnes de recrutement. L'une d'elles, baptisée #SeasonWork (travail saisonnier) sur les réseaux sociaux lance un appel à "toutes les mains disponibles" pour "assurer la présence de nourriture nationale sur les tables finlandaises".
Les myrtilles en danger
Si la main d'oeuvre locale est venue à la rescousse de la fraise, le sort des myrtilles, pierre angulaire de la culture finlandaise, semble lui plus inquiétant. Chaque année, les industries finlandaises - de l'alimentation aux cosmétiques - ont besoin de 20.000 tonnes d'une variété européenne d'une myrtille qui n'est pas cultivée dans les champs mais pousse abondamment dans les forêts.
La plupart de ces baies sont généralement cueillies par des travailleurs thaïlandais présents dans le pays nordique pour quelques mois seulement - jusqu'à la fin de l'été. Compte tenu des restrictions de voyage, aucun d'entre eux n'est arrivé cette année.
Pour combler ce manque, les réseaux sociaux invitent "chaque Finlandais en âge de travailler à ramasser un seau de myrtilles" pour éviter la perte entière d'une saison.
Les entreprises ne semblent toutefois pas rassurées et ont déclaré qu'elles importeraient leurs myrtilles de Pologne ou de Russie cette année, ce qui pourrait contribuer à une hausse des prix en magasins.