Les nominations de Gérald Darmanin, accusé de viol, et Eric Dupond-Moretti provoquent la colère de beaucoup de Français, féministes ou non.
A peine arrivés au gouvernement français, Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti sont violemment contestés. Une pétition lancée par le collectif "Osez le Féminisme" réclame leur démission.
La nomination des nouveaux ministres de l'Intérieur et de la Justice a sidéré les collectifs féministes et les associations de lutte contre les violences conjugales ou de victimes de violences sexuelles.
Gérald Darmanin est sous le coup d'une enquête pour viol et harcèlement sexuel, enquête pour laquelle les investigations ont été relancées par la cour d'Appel de Paris le 11 juin dernier.
Le nouveau ministre de l'Intérieur est aussi un soutien notoire de la "Manif Pour Tous", et ses accusatrices le qualifient de "lesbophobe".
Interrogée par Euronews, la militante féministe du collectif #NousToutes Caroline De Haas constate un message négatif envoyé aux femmes qui consiste à leur dire "taisez-vous, votre parole ne compte pas [...] c'est clairement un gouvernement qui aujourd'hui est anti-féministe" critique-t-elle.
La militante féministe a par ailleurs souhaité "bon courage" à Marlène Schiappa, fraîchement nommée ministre déléguée à la citoyenneté auprès de... Gérald Darmanin.
"Cela me fait un peu de peine de me dire qu'elle est dans un gouvernement qui a clairement choisi de nommer à des postes à très haute responsabilité soit des hommes mis en cause pour des faits de violence, soit des hommes qui, comme c'est le cas du ministre de la justice, ont des positions très clairement anti-féministes".
Un garde des sceaux anti #metoo
Eric Dupond-Moretti, lui, est souvent considéré comme l'"anti #metoo". Par le passé il a lancé plusieurs flèches aux mouvements de dénonciation des violences sexuelles #metoo et #balancetonporc, aux féministes ("Il y a aussi des follasses qui racontent des conneries", a t-il dit). Pas vraiment langue de bois, mais volontiers provocateur, l'avocat dénonce ce qu'il qualifie de procès publics sur les réseaux sociaux ou dans les médias.
Tollé
Il n'en faut pas plus pour que les promotions accordées à ces deux proches du président Macron suscitent depuis ce lundi soir un tollé. "Ce remaniement montre bien que nous ne sommes pas entendues, pas crues. La promotion de Gérald Darmanin est une blague... Cela suscite tellement de colère, de désespoir que nous poursuivrons nos actions", déclarait ce mardi matin Tiphaine, une militante féministe, lors d'une manifestation devant le ministère de l'Intérieur. Une vingtaine de militantes ont répondu à un appel lancé sur les réseaux sociaux et se sont retrouvées non loin de la place Bauveau, scandant "Darmanin démission" et "Darmanin violeur" pendant la passation de pouvoir entre Christophe Castaner et Gérald Darmanin.
La plainte pour viol visant Gérald Darmanin semble évoluer "dans le bon sens" et cette plainte "n'a pas fait obstacle" à la promotion d'un ministre qui "aspirait à plus", a indiqué lundi l'entourage du président. De quoi déclencher un peu plus la "colère" des féministes.
"Formidable claque"
Entendu en audition libre le 12 février 2018, M. Darmanin a confirmé avoir eu une relation sexuelle avec Mme Patterson-Spatz, son accusatrice, mais selon lui librement consentie et à l'initiative de la plaignante.
De son côté la sénatrice socialiste Laurence Rossignol a dénoncé mardi la "formidable claque qu'Emmanuel Macron lance au visage de toutes celles et ceux qui se sont mobilisés contre les violences sexuelles". L'ancienne ministre des Droits des femmes s'est dite "perplexe" sur France Info sur leur "capacité" à "faire de la lutte contre les violences sexuelles une de leurs priorités".