Le coronavirus s'emballe en France, crainte pour les services de réanimation d'ici peu

La foule dans une rue piétonne de Bordeaux, en Gironde - France -, le 5 septembre 2020
La foule dans une rue piétonne de Bordeaux, en Gironde - France -, le 5 septembre 2020 Tous droits réservés PHILIPPE LOPEZ / AFP
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Par Joël Chatreau
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Le Conseil scientifique français ne le cache plus : la circulation de plus en plus active du Covid-19 dans certaines régions l'inquiète. Il craint même une "situation difficile en termes de lits de réanimation dans les semaines qui viennent".

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Les Français doivent se préparer à connaître des jours, des semaines - des mois, on n'en est pas encore là - plus compliqués, plus pesants pour tenter de juguler la montée en puissance de l'épidémie de Covid-19 sur leur territoire. Celui qui préfère les avertir sans attendre est le premier des premiers à le savoir puisqu'il suit pas à pas l'évolution de la situation sur le terrain en tant que président du Conseil scientifique, mis en place pour guider le chef de l'Etat et le gouvernement dans leurs choix face au coronavirus.

Et voici ce que Jean-François Delfraissy a clairement dit d'entrée, lors d'une conférence retransmise sur internet mercredi 9 septembre :

La France se situe à un niveau maintenant qui est inquiétant, qui n'est pas celui de l'Espagne mais qui n'est pas loin, avec un décalage peut-être d'une quinzaine de jours et qui est beaucoup plus sévère que celui de l'Italie

Ceci étant posé sur la table, le professeur a mis les autorités françaises face à leurs responsabilités. Elles vont être obligées, a-t-il déclaré, de "prendre un certain nombre de décisions difficiles", et "dans huit à dix jours maximum", a-t-il insisté.

Un manque de lits en réanimation à redouter

Mais pourquoi ces décisions seraient-elles "difficiles" à envisager, que veut dire Jean-François Delfraissy ? Il l'a expliqué : car pour le moment, la circulation de plus en plus intense du nouveau coronavirus dans plusieurs régions contraste totalement avec des services hospitaliers qui restent loin de la saturation. Alors, met-il en garde, "On peut être faussement rassuré", mais attention !

Il peut y avoir une augmentation très rapide, exponentielle, dans un deuxième temps
Jean-François Delfraissy
Président du Conseil scientifique

Des projections mathématiques permettent d'ores et déjà aux membres éminents du Conseil scientifique d'évaluer vers quoi on se dirige. Et le futur proche ne semble guère rassurant, particulièrement dans certaines zones "rouges" comme la Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA).

On pourrait, dans certaines régions de France et en particulier en PACA, se trouver en situation difficile dans l'offre de soins en termes de lits de réanimation dans les semaines qui viennent
Jean-François Delfraissy

Conclusion du professeur : "Un certain nombre de mesures seront à prendre et à décider dans les huit à dix jours maximum, compte tenu du délai ensuite du retentissement de ces mesures".

Créer "une bulle" autour des personnes âgées

Le Conseil scientifique estime notamment, sans le dire trop fort, que la gestion gouvernementale de l'isolement des malades et des cas contacts laisse à désirer. Son président prône par exemple un renforcement de la protection des personnes âgées et des personnes qui présentent les plus gros risques, à cause de maladies respiratoires, d'obésité ou de diabète. Il s'agirait, selon Jean-François Delfraissy, de "créer une sorte de bulle autour de ces personnes". 

La mise en oeuvre de la fameuse stratégie des trois,"tester-tracer-isoler", est également jugée trop lente et peu dynamique par les conseillers épidémiologistes et virologues.

Branle-bas de combat en réanimation à Marseille

Pour reprendre l'exemple précité de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'épidémie y "progresse de jour en jour", selon les mots employés mercredi par Jean-Olivier Arnaud, le directeur général des Hôpitaux Universitaires de Marseille. A la date du 9 septembre 2020, 107 patients infectés par la maladie Covid-19 étaient hospitalisés dans ces établissements, dont 23 se trouvaient en réanimation, alors que le 14 août dernier, 21 personnes seulement y suivaient des soins pour le coronavirus, dont 3 d'entre elles étaient en réanimation.

Pour faire face à ce rebond, les autorités des hôpitaux publics marseillais annoncent qu'elles vont augmenter la capacité en lits dédiés aux malades du coronavirus, afin bien sûr de continuer d'assurer les soins pour les autres patients. Très exactement, 17 lits supplémentaires seront ouverts en réanimation et soins critiques, et 9 en post-urgences d'ici à quinze jours.

Le département de la Gironde, dans le sud-ouest du pays, et sa préfecture Bordeaux spécialement, connaissent également une forte poussée de fièvre de Covid-19.

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