Le gaz, avenir des Emirats Arabes Unis ?

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Par Daleen Hassan, Rebecca McLaughlin-Eastham & Salim Essaid
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Dans ce numéro d’Inspire Middle East, Daleen Hassan évoque les ressources naturelles des Emirats Arabes Unis, et en particulier le gaz, au regard des récentes découvertes. Direction ensuite le centre de gestion des déchets liés au Covid-19 d’Abu Dhabi.

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Dans ce numéro d’Inspire Middle East, Daleen Hassan va évoquer les ressources naturelles des Emirats Arabes Unis, et en particulier le gaz, au regard des récentes découvertes.

Direction ensuite le centre de gestion des déchets liés au Covid-19 d’Abu Dhabi, Tadweer. Nous allons découvrir l’impact environnemental de la pandémie, et quels sont les effets de la hausse de la demande de gants en pastique et de masques à usage unique.

Le gaz, pétrole de demain ?

Alors que les besoins en énergie des pays du Conseil de coopération du Golfe augmentent, et que de nombreux gouvernements cherchent à diversifier leurs sources d'énergie, Rebecca McLaughlin-Eastham a cherché à savoir si le gaz pouvait être le pétrole de demain.

Pour diversifier leurs sources d'énergie en dehors du pétrole, et garantir la sécurité des approvisionnements à long terme, les Émirats Arabes Unis s’intéressent au gaz.

Le pays nourrit l'ambition de devenir autosuffisant pour ses approvisionnements en gaz d'ici à 2030. Ce projet a pris une nouvelle ampleur, grâce à ce qui pourrait constituer la plus grande découverte de gaz naturel au monde de ces quinze dernières années, entre Abu Dhabi et Dubaï.

Et d’après des experts, le réservoir de Jebel Ali pourrait couvrir la totalité des besoins en gaz du pays, pendant près de 30 ans.

Grâce à des découvertes récentes, les Émirats Arabes Unis occupent cette année la 6e place du classement des réserves mondiales de pétrole et de gaz, selon l'agence de presse émiratie WAM.

L'émirat de Sharjah affiche d’importants besoins en énergie. Et Crescent Petroleum of Sharjah est ici l’un des acteurs phares du secteur. Créé en 1971, il s’agit du groupe industriel de pétrole et de gaz en amont le plus important et le plus ancien.

À une époque où le gaz naturel était le plus souvent considéré comme un produit de seconde zone lié à l’exploitation pétrolière, Crescent a préféré adopter une vision à long terme et investir dans les moyens à mettre en oeuvre.

Ici, l’entreprise a été la première à s'implanter sur le marché intérieur du gaz, ce qui a conduit à fonder Dana Gas en 2005. Aujourd'hui, celle-ci possède des actifs en matière d'exploration et de production en Égypte, dans la région du Kurdistan irakien et aux Emirats Arabes Unis.

En janvier, Sharjah a annoncé sa première découverte de gaz onshore de ces 40 dernières années, et pour savoir comment le secteur pourrait continuer à se développer dans les années à venir, nous avons discuté avec Majid Jafar, le PDG de Crescent Petroleum et directeur général du conseil d'administration de Dana Gas.

Rebecca McLaughlin-Eastham, Euronews - Dana Gas est basée dans l'émirat de Sharjah, aux Emirats Arabes Unis. Je voudrais connaître vos impressions sur ce gisement de gaz onshore, le premier à être découvert depuis les années 1980. Quel est l’impact de cette découverte et comment ce gaz sera-t-il exploité ?

Majid Jafar, PDG de Crescent Petroleum et directeur général du conseil d'administration de Dana Gas - C'est sûrement très prometteur. A l’image des autres découvertes récentes à Abu Dhabi et à Dubaï, mais aussi en Turquie.

Ce qui est intéressant, si on regarde ce qui se passait dans notre région et même dans le monde entier, c'est que le gaz naturel ne suscitait pas l’intérêt en termes d’exploration, jusqu’à une période récente. L’objectif, ça a toujours été le pétrole.

Avant, quand on forait un puits, on nous disait « la mauvaise nouvelle, c’est qu’on n’a pas trouvé de pétrole, mais la bonne, c’est qu’on n’a pas non plus trouvé de gaz". Parce que c'était une chose de plus à gérer.

Mais aujourd'hui, c'est presque l'inverse, entre la baisse des cours de l’or noir et les quotas opaques, tout cela limite la production de pétrole, du moins pour l’instant, au cours d’une année marquée par le Covid. L’attention est donc vraiment portée vers le gaz.

Aujourd’hui, un tiers des approvisionnements en gaz des Emirats Arabes Unis proviennent du Qatar, au terme d'un accord au long cours qui ne prendra pas fin avant 2032. Est-ce que vous envisagez un retrait anticipé de cet accord ? Et quand les Emirats seront-ils autosuffisants, et moins dépendants des importations, selon vous ?

Cette ambition suit son cours, en dehors du champ politique. Parallèlement, de nombreuses réformes, mais aussi des projets d’ampleur sont mis en place. Le dernier exemple en date est celui de la compagnie pétrolière nationale ADNOC, à Abu Dhabi, avec la privatisation de pans entiers des infrastructures, que ce soit des pipelines, de nouveaux cycles d'exploration et une attention toute particulière portée au gaz pour atteindre l'autosuffisance, et ainsi stimuler les exportations de Gaz naturel liquéfié, dont Abu Dhabi a été pionnier dans les années 1970.

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J’aimerais savoir dans quel pays, où vous êtes présents, trouve-t-on les plus belles opportunités de croissance ? Lequel a le plus fort potentiel à vos yeux ?

Pour nous, le projet gazier mené au Kurdistan irakien est “le” projet phare en termes de croissance. Nous produisons 121 millions de mètres cubes par jour, ainsi que des mélange d'hydrocarbures et du GPL, à hauteur de mille tonnes par jour. Et nous espérons atteindre 275, voire plus de 300 millions de mètres cubes de gaz par jour au cours des deux ou trois ans à venir.

Globalement, le secteur du pétrole et du gaz se porte bien dans notre région. Nous espérons une reprise plus rapide que prévu, après le Covid, et voir les cours remonter à 60 dollars dès l'an prochain.

Quels sont les autres défis techniques qui se présentent au quotidien ?

L'un d'entre eux concerne les aides dans notre région. Elles pourraient être rationalisées - sans dire supprimées - mais peut-être plus ciblées, limitées d'une manière ou d’une autre. Parce que notre région a besoin de plus d'investissements, de plus de croissance et de plus de création d'emplois, en particulier pour les jeunes. Le taux de chômage dans cette catégorie est l’un des plus élevés et il continue d’augmenter, malheureusement. Le Covid a durement touché les jeunes dans le monde entier. Les Emirats, et la région dans son ensemble disposent d’immenses réserves de gaz, souvent inexplorées et inaccessibles.

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Quand pensez-vous que d’autres découvertes surviendront et quel rôle vos entreprises pourraient-elles jouer dans cette hypothèse ?

L’accélération des progrès technologiques et le plus grand rôle joué par le secteur privé peuvent permettre d’accéder à de nouvelles ressources, en gaz naturel et en pétrole, qui n'étaient pas disponibles jusque-là. C'est donc une formidable opportunité et nous espérons jouer un rôle clé dans cette aventure, aux Emirats et dans l’ensemble de la région, qui dispose de nombreuses ressources gazières et pétrolières classiques, encore inexploitées. Et il y en a probablement beaucoup d'autres qui n’ont pas été décelées, parce que l'exploration est sous-exploitée, comparé à ce qui se pratique ailleurs, comme aux Etats-Unis.

L’impact environnemental du Covid-19

Le calme a régné dans les rues, le ciel n’en a été que plus bleu, et les oiseaux ont chanté à tue-tête dans de nombreux endroits de la planète, grâce au confinement.

Mais la pandémie de Covid-19 a eu aussi un impact néfaste sur l’environnement, avec le recours plus fréquent au plastique et au matériel jetable. Le point sur les solutions d’avenir avec Salim Essaid.

La pandémie de Covid-19 s’invite dans chaque recoin de la vie quotidienne : de la santé aux effets sur la vie sociale, en passant par le travail, mais aussi l’environnement. Avec des effets néfastes liés à l'augmentation des déchets médicaux pendant la pandémie, selon l’ONU, en raison de l'utilisation de protections jetables, à base de plastique.

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Exemple à Wuhan, en Chine, où 247 tonnes de déchets médicaux ont été produits entre février et mars, soit six fois plus que d’habitude, selon l’American Chemical Society.

Dans la région du Golfe, avant la pandémie, plus de 150 tonnes de déchets médicaux étaient produits chaque jour l’an dernier, selon l’association environnementale Ecomena. Fin avril, l'émirat de Dubaï en a traité 350 tonnes, selon le gouvernement.

Et à Abu Dhabi, le centre de gestion des déchets de la capitale, Tadweer, prend la question très au sérieux.

« La teneur en eau et le virus peuvent se répandre dans la nappe phréatique, dans les profondeurs du sol et dans l'agriculture », indique Abdul Mohsin al Katheeri, directeur des projets chza Tadweer. « C'est pourquoi il est très important de contrôler toutes les étapes du processus ».

« D’après l'organisation mondiale de la santé, un traitement correct et approprié des eaux usées des maisons, des écoles et des établissements de santé peut contribuer à prévenir la transmission du Covid-19 », explique Salim Essaid, reporter pour Euronews. « C'est pourquoi les entreprises en charge de cette mission, aux Émirats, utilisent des moyens efficaces pour éliminer les substances nocives, sans encombrer la planète ».

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Dans cet hôpital de campagne à Abu Dhabi, tous les déchets médicaux liés au Covid-19 sont enfermés dans des sacs plastique rouges, selon la norme internationale, et placés dans des poubelles sécurisées. Les conteneurs sont désinfectés, tout comme la flotte des 16 camion frigorifique qui les transportent dans la capitale.

Destination l’une des trois usines qui peuvent traiter jusqu’à 16 tonnes de déchets médicaux par jour, et où arrivent près de 900 poubelles venues de tout l'émirat. Inspire Middle East a visité en exclusivité le site de gestion des déchets médicaux liés au Covid-19 de Tadweer, à Abu Dhabi.

Des experts ont montré comment les incinérateurs pouvaient atteindre 1200 degrés, en respectant les normes internationales d'émission de polluants, pour éviter le rejet de dioxines cancérigènes dans l'air.

Une fois les déchets incinérés, des équipements d'épuration des gaz permettent de traiter l'air sortant et les résidus de cendres, biodégradables et non toxiques, qui peuvent ensuite être transportés vers des décharges sans risque de contaminer la terre.

L'OMS évoque le "manque de sensibilisation" comme l'un des principaux obstacles à la gestion des déchets médicaux. L’éducation joue donc un rôle essentiel pour se protéger - soi-même et les autres – et respecter l'environnement.

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« La peur a été l'obstacle le plus difficile à surmonter pour nous, pour nos salariés », estime Abdul Mohsin al Katheeri, directeur des projets chez Tadweer. « Mais grâce aux différentes actions que nous menons en organisant des ateliers avec nos ouvriers et nos salariés, au port du masque, de chaussures appropriés et de gants spéciaux, aucun cas de contamination n’est survenu dans notre entreprise ».

Tadweer a mis en place trois incinérateurs mobiles qui se déplacent et traitent sur place les déchets médicaux, pour trouver de nouvelles solutions.

Certains réduisent le volume de déchets produits, utilisent des matériaux recyclables, comme Immensa Technology Labs, une entreprise d'ingénierie de Sharjah qui imprime en 3D jusqu'à 25 000 masques par semaine.

Une fois utilisé, le plastique fait à base de maïs peut être recyclé pour produire de nouveaux masques, des lunettes de protection ou même des matériaux de construction, pour lutter contre la pandémie.

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