Faute de plan national, les cliniques privées investissent le terrain et commandent des doses pour ceux qui auront les moyens de payer.
Le Brésil est le deuxième pays le plus endeuillé au monde : plus de 203.000 morts jusqu'à présent.
Pourtant, un air d'insouciance flotte sur les plages de Rio de Janeiro, où rares sont les masques et nombreux sont les badauds. Mais les chiffres sont bien là. Le mois dernier, le Brésil a vu le nombre des contaminations au Covid-19 augmenter de 70 %, avec 70 000 cas quotidiens en moyenne. Par endroits, leur nombre est désormais plus élevé que durant le pic de juillet dernier. Et ce alors même que les chiffres sont probablement très en-deçà de la réalité.
Du retard dans l'enregistrement des cas
00.39 Marcelo Gomes. FIOCRUZ Institute
« La fin de l'année est la période durant laquelle les données mettent le plus de temps à être enregistrées dans le système, explique Marcelo Gomes de la Fundação Oswaldo Cruz. Pourquoi ? Parce qu'il y a moins d'agents qui y travaillent dans les différentes agences de santé, que ce soit au niveau municipal ou au niveau fédéral. Et du fait de ces équipes réduites, il y a un retard important de l'enregistrement des cas dans le système d'information. »
Faute de plan national de vaccination, les cliniques privées investissent le terrain
Alors que le Brésil bataille pour mesurer la véritable ampleur de la crise sanitaire déclenchée par le Covid-19, le pays peine à faire face. Le ministre brésilien de la Santé doit encore présenter un plan détaillée de vaccination nationale. Faute d'une vision claire sur le calendrier des vaccinations et le public concerné, les cliniques privées commencent à passer leurs propres contrats avec les laboratoires pour importer des doses à destination de ceux qui pourront les payer.
Pour le cofondateur de l'agence brésilienne de santé, les autorités doivent agir au plus vite.
« Il est inacceptable que ceux qui ont de l'agent se fassent vacciner avant le grand public, s'indigne Gonzalo Vecina_. Il ne s'agit pas d'interdire la vente du vaccin, mais il s'agit de moraliser l'offre de vaccination dans notre société. Le fait que le secteur privé participe n'est pas mauvais en soi, mais il doit le faire en respectant des règles qui garantissent un accès au vaccin pour l'ensemble de la population. »_
En l'absence d'un programme de vaccination et de restrictions sanitaires pour freiner la propagation du virus, le personnel de santé a encore devant lui des semaines éprouvantes, voire des mois.
Près d'un an après le premier cas de coronavirus au Brésil, le gouvernement de Jair Bolsonaro ne semble pas avoir pris la mesure de l'épidémie. Et sous couvert d'anonymat, une infirmière des urgences dénonce « une situation de chaos permanent ».