Philippe Vieira a tenté d'ouvrir son restaurant à Villeurbanne, rejoignant un mouvement national suivi par 300 restaurateurs. Il a renoncé face aux menaces du gouvernement, mais se félicite de la médiatisation.
Un restaurant ouvert, ce n'est pas banal. Ce lundi, Philippe Vieira avait 40 convives prévus pour le repas de midi dans son établissement de Villeurbanne, à côté de Lyon. Il a suivi l'appel de Stéphane Turillon, chef et propriétaire du restaurant "La Source Bleue" à Cusance près de Besançon, et comme quelques 320 autres collègues à travers la France, il a annoncé haut et fort son intention de braver l'interdiction d'ouvrir.
Dans la matinée, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait menacé ces restaurateurs de suspendre les aides de l'Etat pendant un mois, et définitivement en cas de récidive.
Philippe Vieira n'a finalement pas accueilli ses clients. Il avait cuisiné malgré tout, mais pas pour rien : il va distribuer gratuitement à ses clients fidèles ses plats, et se félicite de la médiatisation.
"C'était le but du jour d'ouvrir l'établissement, explique Philippe Vieira, restaurateur de "Espace Zola 229", mais notre ministre a été très clair sur les sanctions pour ceux qui ouvriraient. Moi j'ai absolument besoin du fond de solidarité pour boucler les fins de mois, et de toute façon je n'ai pas envie d'être dans le conflit. Si j'ouvrais la police devait rentrer dans l'établissement, mettre des amendes à tous mes clients, l'objectif n'était pas là, c'était de sensibiliser l'opinion publique, et je pense qu'on a réussi, moi et d'autres collègues pour cette journée exceptionnelle."
Dehors, un DJ passe un peu de musique, le restaurateur veut aussi par son action soutenir le secteur du spectacle.
"On manque de vaccins, s'insurge une cliente du restaurant venu soutenir le mouvement, donc ils nous font la morale parce qu'on ne doit pas ouvrir, on ne doit pas faire ci, on ne doit pas faire ça, mais finalement je ne trouve pas ça très bien de la part du gouvernement de nous faire des leçons de morale."
L'ironie du sort c'est que le restaurant se trouve juste à côté du commissariat de police, et le patron a pu se faire entendre par le sous-préfet de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, venu à sa rencontre.
Lors de ce coup de force à travers le pays, aucun restaurateur n'a reçu d'amende. Dans toutes les régions de France le dialogue avec l'Etat a été privilégié. Les professionnels réclament au moins l'ouverture des terrasses. Beaucoup, au bord de la faillite, craignent que la reprise de leur activité ne soit pas possible avant mai juin.