Birmanie : "On a peur d'être là, mais on se serre les coudes"

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Par Olivier Peguy  avec AFP, AP
Manifestants en première ligne de la mobilisation pro-démocratie, Rangoun (Birmanie), le 05/03/2021
Manifestants en première ligne de la mobilisation pro-démocratie, Rangoun (Birmanie), le 05/03/2021   -  Tous droits réservés  STR/AFP or licensors

Les militants pro-démocratie toujours mobilisés en Birmanie, en dépit de la répression par la junte. Une réunion du conseil de sécurité de l'ONU est prévue ce vendredi.

De nouvelles manifestations pro-démocratie étaient organisées ce vendredi en Birmanie.

Des rassemblements et des marches dans plusieurs villes du pays comme à Dawei. La police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires.

Ces manifestants dénoncent le coup d'Etat perpétré il y un mois et qui s'est traduit notamment par l'arrestation d'Aung Saan Suu Kyi, qui était à la tête du gouvernement civil, renversé par la junte.

Mais en face, les militaires semblent décider à écraser ce mouvement de protestation. Au moins un manifestant est mort ce vendredi à Mandalay, après avoir reçu une balle dans le cou.

54 civils tués

Ce décès s'ajoute aux dizaines d'autres enregistrés depuis le début du soulèvement.

L'ONU avance le chiffre de 54 civils tués depuis le coup d'Etat. Mercredi aura été la journée la plus sanglante avec 38 personnes tuées.

La violence de la répression ne semble pas entamer la détermination des militants pro-démocratie qui tentent de se structurer pour contrer la progression des militaires.

"Didi" est un jeune homme casqué, équipé d'un bouclier. Il fait partie des "frontliners", ces volontaires qui acceptent d'être en première ligne face aux forces de l'ordre.

« Biensûr qu'on a peur d'être là, en première ligne, dit-il. Mais on se serre les coudes entre camarades. On s'engage à se protéger mutuellement si jamais l'un d'entre nous venait à être blessé. »

A Genève et New York

Ce jeudi, le Haut-commissariat aux Droits de l'homme à Genève a appelé les forces de sécurité birmane à cesser "leur répression brutale contre les manifestants pacifiques".

Ce vendredi, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit à New York pour évoquer la crise birmane.

Pas sûr qu'il en sorte grand chose : jusque-là, deux des membres permanents, la Chine et la Russie, se sont gardés de condamner le coup d'Etat en Birmanie, estimant qu'il s'agit d'une "affaire intérieure".