Sondage : les Français jugent très sévèrement la campagne de vaccination contre la Covid-19

Des habitants de Nice, dans le sud de la France, faisant la queue dans un centre de vaccination, le 6 mars 2021
Des habitants de Nice, dans le sud de la France, faisant la queue dans un centre de vaccination, le 6 mars 2021 Tous droits réservés VALERY HACHE/AFP
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Par Vincent Coste
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Trop lente... Pas assez de vaccins... Des vaccins pas efficaces... Les griefs des Français sont nombreux. De plus, s'ils sont favorables à la mise en place d'un passeport vaccinal, les habitants de l'Hexagone ne sont pas prêts à l'utiliser.

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En France, comme dans toute l'Europe, la campagne de vaccination contre la Covid-19 bat son plein. Mais, dans l'Hexagone, le début de cette campagne a suscité de vives polémiques, notamment sur la lenteur de son démarrage et sur son organisation jugée "chaotique" par de nombreuses personnes. En partenariat avec Redfield and Wilton Strategies, Euronews a effectué un sondage auprès d'une partie représentative de la population française.

Le résultat est sans appel : 75% des Français interrogés ont déclaré ne pas être satisfaits de la campagne vaccinale dans leur pays.

Dans le détail, les femmes la jugent encore plus sévèrement avec 80% d'insatisfaites contre 70% pour les hommes. Concernant les classes d'âge, ce sont les 55/64 ans qui ont la plus mauvaise opinion de cette campagne. Cette classe d'âge n'est pas encore concernée par la vaccination, sauf pour les personnes à risque et les personnels de santé.

Pour l'heure, la campagne n'est ouverte qu'aux personnes de 75 ans et plus. Toutefois, parmi ces dernières, nombreux sont ceux et celles qui se plaignent de la difficulté pour prendre un rendez-vous pour se faire vacciner. Par la suite, la campagne sera étendue, en théorie, au 65/74 ans à partir de début avril.

Les habitants de l'est de la France sont les plus mécontents, avec 80%, du déroulement de la campagne de vaccination. Le nord du pays est la région qui la juge le moins sévèrement, à 73%, alors que l'ouest de l'Hexagone, pourtant moins touché par l'épidémie, est plus septique (75%).

En prenant en compte les orientations politiques de la population, en se basant sur les votes lors de la dernière élection présidentielle de 2017, pratiquement toutes les personnes qui ont voté au premier tour ont une (très) mauvaise opinion de la campagne de vaccination du gouvernement, avec une pointe à 85% chez les électeurs du candidat "Les Républicains", François Fillon. Sans surprise, les électeurs d'Emmanuel Macron sont ceux qui ont la moins mauvaise opinion de la campagne de vaccination, avec 56%.

Lorsque le vote au second tour est pris en compte, les électeurs de Marine Le Pen sont les plus mécontents de la campagne de vaccination, avec 83%, contre 65% d'opinion négative chez les électeurs d'Emmanuel Macron. Les personnes n'ayant pas glissé un bulletin dans l'urne se déclarent, elles, à 81%, non satisfaites de l'action du gouvernement en matière de vaccination.

Ainsi le "portrait-robot" de la personne la plus critique envers la campagne de vaccination serait celui d'une femme âgée de 55 à 64 ans, résidant dans l'est de la France et ayant voté François Fillon au premier tour de la présidentielle de 2017.

Un sentiment d'insécurité même après avoir été vacciné

Aujourd'hui, pratiquement 4 millions de personnes, de plus de 18 ans, ont reçu une première injection et presque 2 millions ont terminé le processus de vaccination en ayant reçu deux injections de vaccin, selon les derniers chiffres des autorités françaises.

Si les Français semblent, selon notre sondage, approuver avec 16% d'opinion très favorable et 23% d'opinion favorable, l'action de l'Union européenne concernant les achats groupés de vaccin, puis la redistribution de ces lots en fonction des pays, ils restent suspicieux face aux différents vaccins en tant que tels.

Aucun des vaccins déjà disponibles, ainsi que ceux qui pourraient être autorisés dans l'UE et en France dans les prochaines semaines, ne sont jugés comme sûrs. Pour les trois vaccins actuellement utilisés dans l'Hexagone, 38% des personnes interrogées nous ont indiqué de ne pas se sentir en sécurité après voir été vaccinées avec le vaccin de Pfizer-BioNTech. Pour celui de Moderna, ce pourcentage monte à 41% et même à 58% pour le vaccin d'AstraZeneca, qui pâtit sans doute du fait qu'il n'avait pas été autorisé, dans un premier temps, par la Haute autorité de santé aux personnes de plus de 65 ans. Même si cette instance a depuis revu sa recommandation, ce vaccin souffre toujours dans l'opinion publique d'une mauvaise image.

Oui au passeport vaccinal, mais sans l'utiliser...

Dernier enseignement de notre sondage, les Français sont majoritairement favorables à l'introduction d'un passeport vaccinal, (15% très favorables et 24% favorables). Cette adhésion est la plus forte chez les plus jeunes (de 18 à 24 ans) avec 32% et chez les personnes ayant voté Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle de 2017 avec 31%.

Mais paradoxalement, une majorité des habitants de l'Hexagone ne sont pas prêts à utiliser un tel document. En effet, 38% des sondés nous ont déclaré n'être pas du tout prêts à emporter avec eux ce passeport, dans le cas de sa mise en place. Cette opposition atteint même les 44% chez les femmes, contre 33% chez les hommes. Concernant les classes d'âge, les 35/45 ans rejettent à 50% l'utilisation du passeport vaccinal. Au niveau géographique, ce rejet est plus marqué dans le sud de la France avec 42%. Enfin, si les électeurs d'Emmanuel Macron au premier tour en 2017 indiquent de vouloir l'utiliser à 43%, ceux de Marine Le Pen le rejettent à 46%.

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