L'exode des médecins libanais, résignés face au chaos économique et politique

Des médecins au Liban
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Par Julien Pavy avec AFP
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Depuis 2019, environ un millier de médecins a quitté le Liban, soit 20 % des effectifs, la plupart sont des spécialistes.

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La crise économique, sanitaire et politique a eu raison de leur patience. Au Liban, de plus en plus de médecins et d'infirmiers quittent le pays face une situation de plus en plus chaotique et un horizon toujours désespérément obscur.

Des médecins baissent les bras

Nour al-Jalbout est urgentiste à hôpital de l'Université américaine de Beyrouth. Rentrée au Liban il y a deux ans, elle s'apprête à retourner aux États-Unis où elle a fait une demande de visa.

Pour elle, comme pour bon nombre de ses collègues médecins, l'amour du Liban ne suffit plus. Face aux difficultés en cascade, elle a baissé les bras :

"La situation économique est de pire en pire et c'est vraiment difficile", dit-elle les larmes aux yeux, le visage recouvert de trois masques chirurgicaux. Quand vous voyez que tout le monde autour de vous souffre financièrement, vous voulez essayer d'aider du mieux que vous pouvez. Mais il n'y a pas de stabilité, on ne vit pas dans un environnement sûr (...) Pendant deux ans, j'ai donné tout ce que j'avais au Liban, mais le Liban ne me rend pas la pareille."

Pendant deux ans, j'ai donné tout ce que j'avais au Liban, mais le Liban ne me rend pas la pareille."
Nour al-Jalbout
Urgentiste à hôpital de l'Université américaine de Beyrouth

Une "perte énorme"

Avec la dégringolade de livre libanaise, les salaires des médecins convertis en dollar ne valent plus rien. L'impasse politique, qui dure depuis des mois, associée à la pandémie, qui asphyxie les hôpitaux, poussent nombre de praticiens à choisir l'exil vers les États-Unis, l'Europe ou des pays du Golfe...

Depuis 2019, environ un millier de médecins a quitté le Liban, soit 20 % des effectifs, la plupart sont des spécialistes. Pour Charaf Abou Charaf, président du syndicat des médecins, cet exode sans précédent menace très sérieusement le système de santé libanais :

"Ceux qui partent sont pour la plupart âgés de 35 à 55 ans, ils représentent la colonne vertébrale du secteur de la santé. Et malheureusement, ceux qui partent, une fois qu'ils se seront installés avec leurs familles, leurs enfants, ils ne reviendront pas facilement au Liban. C'est une perte énorme".

Ceux qui partent sont pour la plupart âgés de 35 à 55 ans, ils représentent la colonne vertébrale du secteur de la santé.
Charaf Abou Charaf
Président du syndicat des médecins
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