L'Église catholique et les victimes d'abus sexuels

Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la conférence des évêques de France, le 26/03/2021
Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la conférence des évêques de France, le 26/03/2021 Tous droits réservés GEORGES GOBET/AFP or licensors
Par Audrey TilveOlivier Péguy
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Les évêques français reconnaissent la responsabilité de l'Église vis-à-vis des abus sexuels. Un responsable de l'association "La Parole Libérée" regrette que l’Institution n'ait pas attendu le rapport imminent d'une commission indépendante sur le sujet.

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Les évêques français reconnaissent la responsabilité de l'Église vis-à-vis des abus sexuels. Un responsable de l'association "La Parole Libérée" regrette que l’Institution n'ait pas attendu le rapport imminent d'une commission indépendante sur le sujet.

En France, les évêques ont voté ce vendredi à Lourdes, une résolution sur la pédocriminalité. Un texte dans lequel les dirigeants de l'Eglise reconnaissent leur "responsabilité" pour les défaillances de l'institution ecclésiale face aux cas de pédophilie. 

"Contribution financière"

Ils s'engagent dans le même temps à verser une "contribution financière" aux victimes. Cela dit, il ne s'agit pas d'une "indemnisation ni une réparation", a insisté Mgr de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France (CEF).

Elle pourra revêtir deux formes : soit être "individualisée en fonction des besoins exprimés" par une victime (pour des soins de thérapie par exemple), tout en ne dépassant pas un plafond, soit être "forfaitaire" si la personne ne veut pas exprimer ses besoins, selon la CEF.

Pour la financer, d'ici la fin 2021 sera mis sur pied un "fonds de dotation ad hoc", doté de "5 millions d'euros (...) pour commencer", qui pourra être abondé par "les dons des évêques, des prêtres, des fidèles et de toute personne qui voudra y participer".

"Décisions caduques"

Ces décisions ne satisfont pas l'un des membres de l'association "La Parole Libérée", qui estime que les évêques veulent aujourd'hui court-circuiter le travail encore en cours de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase).

François Devaux est le président de "La Parole Libérée". Selon lui, "l__es décisions prises aujourd'hui par les évêques risquent fort d'être caduques dans 6 mois, compte tenu du travail d'expertise et de vérité qui va être rendu par cette commission."

"Déclencheur"

L'association "La Parole Libérée" a été créée en 2015 à Lyon. Ses membres d'origine ont été victimes d'abus sexuels par un prêtre du diocèse, le père Preynat, dans les années 80.

Le désormais ex-prêtre a été jugé et condamné à une peine de 5 ans de prison ferme.

Cette affaire a eu un retentissement dans toute l'église catholique, entraînant notamment la démission de l'archevêque de Lyon.

Estimant avoir contribué à l' émergence de la vérité, l'association a annoncé ce vendredi sa dissolution.

"L'ambition de La parole libérée, rappelle François Devaux, _ça a été la prise de conscience, ça a été d'être un déclencheur. __On n'est pas une autorité, on ne peut pas revendiquer une expertise. _Il est temps pour nous de nous effacer. On est arrivé aux limites de ce qu'on pouvait faire. Nous ne sommes pas responsable de ce que décidera cette institution pour se réformer."

Le 18 mars derniers, quelques jours avant sa dissolution, l'association a publié un livre blanc contenant 250 recommandations pour mettre un terme aux violences sexuelles contre les mineurs.

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