Belgique : 27 tonnes de cocaïne saisies grâce à une enquête sur un réseau de communications cryptées

Archives : le port d'Anvers, le 23 mars 2020
Archives : le port d'Anvers, le 23 mars 2020 Tous droits réservés Virginia Mayo/AP Photo
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Par Vincent Coste avec AFP
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C'est en enquêtant sur le réseau de communications cryptées Sky Ecc que la justice belge a pu saisir cette drogue dont la valeur marchande est estimée à plus d'un milliard d'euros.

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C'est l'une des plus importantes saisies de drogue en Europe. Les douanes belges ont, en effet, mis la main sur plus de 27 tonnes de cocaïne dans le port d'Anvers depuis le 20 février. Ces opérations ont pu être menées grâce à l'enquête sur le réseau de communications cryptées Sky ECC, utilisé par des groupes criminels, a annoncé lundi le parquet de la ville flamande.

Cette quantité de drogue représente une valeur marchande de 1,382 milliard d'euros, selon le parquet d'Anvers. Le ministère public d'Anvers ajoute que la prise la plus importante a eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi, avec la découverte de près de 11 tonnes de cocaïne dans un conteneur.

"Au cours des 42 derniers jours, les services des douanes, en collaboration avec la police judiciaire fédérale d'Anvers, le parquet fédéral et le parquet d'Anvers, ont intercepté dans le port d'Anvers un total de 27 64 tonnes de cocaïne, qui peuvent être directement liées au dossier Sky ECC", selon le communiqué du parquet d'Anvers.

Une vaste opération de police contre le crime organisé avait été menée le 9 mars en Belgique, après le décryptage par la police fédérale de quelque 500 millions de messages envoyés via des téléphones sécurisés commercialisés par la société Sky ECC, basée au Canada, dans le cadre d'une enquête de plus de deux ans.

"La contrebande internationale de cocaïne joue un rôle important dans les messages interceptés", explique le parquet d'Anvers. "Sur la base de ces données, des dizaines de saisies de cocaïne ont été effectuées depuis le 20 février", poursuit le parquet, ajoutant que "les enquêtes sur les personnes impliquées" dans ces affaires de trafic de drogue se poursuivent.

Les perquisitions avaient conduit à 48 interpellations, des saisies d'armes, d'1,2 million d'euros en liquide, ainsi que d'uniformes de police.

Des enquêtes ouvertes contre Sky ECC dans le monde entier

Le patron et un ex-haut responsable de l'entreprise canadienne de réseaux de téléphones cryptés Sky Global, dont Sky ECC est un produit, ont été inculpés en mars dernier aux Etats-Unis où ils sont soupçonnés d'avoir aidé des trafiquants de drogue à protéger leurs communications. Les sites skyecc.com et skyglobal.com ont d'ailleurs été fermés.

justice.gov
Le message "posté" sur les pages d'accueil de skyecc.com et skyglobal.com par la justice américainejustice.gov

Depuis le 17 mars, un message est dorénavant présent sur leur page d'accueil, informant les internautes que "ce nom de domaine a été saisi" par le police fédérale américaine (FBI) dans le cadre d'une enquête commune la police canadienne.

Sky ECC est aussi dans le collimateur de la justice dans l'Union Européenne. En mars dernier, Europol , l'agence européenne de coopération policière, a ainsi fait l'état d'une opération conjointe des polices belge, néerlandaise et française. Cinq personnes ont été inculpées fin mars dans l'Hexagone, soupçonnées d'avoir revendu des téléphones cryptés à des trafiquants.

Les téléphones vendus par Sky Global étaient des terminaux grand public modifiés, aussi bien sous système d'exploitation iOS d'Apple que d'Android de Google. Les caméras, les micros et les GPS étaient, par exemple, totalement rendus inopérants pour éviter que les téléphones ne puissent être tracés. La solution proposée comprenait évidemment la messagerie cryptée "maison" Sky ECC. Pour fonctionner, ces appareils nécessitaient également une clé de déchiffrement.

Ce réseau de communications cryptées, dont au moins 70 000 téléphones seraient en circulation, est le second à subir les foudres de la justice, après le démantèlent d' EncroChat.

L'entreprise à l'origine de ce "WhatsApp pour les gangsters" était basée en Pays-Bas, mais ses serveurs étaient localisés en France, que les forces de police française ont réussi à infiltrer. Des experts de la gendarmerie nationale ont par la suite "cracker" le code utilisé par EncroChat pour crypter les communications.

Plus de 800 arrestations ont été opérées à ce jour dans le cadre de cette opération, supervisée par Europol. Plus de 50 000 téléphones mis au point par EncroChat étaient en circulation en 2020, selon les conclusions de cette enquête à l'échelle du continent européen.

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