Kahina Bahloul, 1ère femme imame en France, invite les musulmans à se "réapproprier leurs textes"

Kahina Bahloul, 1ère femme imame en France, invite les musulmans à se "réapproprier leurs textes"
Tous droits réservés LUCAS BARIOULET/AFP
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En devenant en 2019 la première femme imame de France, cette ancienne comptable de 42 ans, devenue théologienne, a brisé un tabou.

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Kahina Bahloul l'assure : il ne s'agissait pas de transgression. En devenant, en 2019, la première femme imame de France, cette ancienne comptable de 42 ans, devenue théologienne, a pourtant brisé un tabou, dans un univers très patriarcal. Mais ce choix a été le fruit d'une longue construction.

"Je ne me suis pas réveillée un matin en me disant que je voulais devenir imame", Kahina Bahloul. première femme imame de France. _"L'islam est avant tout une forme de spiritualité _–_ comme toutes les religions _–_ c'est d'abord un cheminement intérieur qui nous amène d'abord à une meilleure connaissance de nous-mêmes, puis à nous questionner sur notre rapport au monde et à l'altérité qui nous entoure."_

Kahina Bahloul a fondé une mosquée qui s'inscrit dans un courant libéral. Pour elle, l'islam est une expérience individuelle qui peut être partagée, ou non, dans l'espace public. Et cette question de la place de la religion dans la société domine à nouveau le débat politique en France.

Une vision partagée par les musulmans ?

L'imame affirme que ses idées sont partagées par une majorité de musulmans en France, explique la correspondante d'euronews Anelise Borges. Mais selon un sondage publié l'année dernière, 74% des jeunes Français musulmans de moins de 25 ans "fontpasser leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République". Et 45% pensent que "_ l'islam est incompatible avec les valeurs de la société française _".

L'année dernière, le président français Emmanuel Macron s'est attaqué à ce qu'il a appelé "les séparatismes". Le projet de loi du gouvernement a été adopté par l'Assemblée nationale en première lecture et le Sénat a voté une version durcie par la droite. Députés et sénateurs vont devoir maintenant se mettre d'accord sur un texte commun en commission mixte paritaire.

"Il faudrait que les musulmans se réapproprient leurs textes et se donnent la permission de les lire pour les interpréter avec les outils dont nous disposons aujourd'hui"
Kahina Bahloul

Ce texte vise principalement à lutter contre l'islam radical, avec de nombreuses mesures pour, entre autres, renforcer le contrôle des associations cultuelles et la transparence de leur financement, ou encore lutter contre les certificats de virginité ou la polygamie.

"Nous vivons encore sur une pensée qui a été produite au Moyen Âge. Toute la partie normative de la religion musulmane émane d'une pensée médiévale. Aujourd'hui, ce n'est plus possible", explique Kahina Bahloul. "Je crois que pour sortir de cette crise, il faudrait que les musulmans se réapproprient leurs textes et se donnent la permission de les lire pour les interpréter avec les outils dont nous disposons aujourd'hui au 21ème siècle".

Kahina Bahloul plaide donc pour un islam qui met les hommes et les femmes sur un même pied d'égalité et appelle à poser un regard critique sur la religion, dans le but de se la "réapproprier" et de l'adapter à notre époque.

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