France : le Code de la route a 100 ans, des premières autos aux trottinettes, quelle révolution !

Circulation routière quelques années après l'instauration du Code de la route, Place Saint-Augustin à Paris dans les années 1930
Circulation routière quelques années après l'instauration du Code de la route, Place Saint-Augustin à Paris dans les années 1930 Tous droits réservés AFP
Par Paul Bourret
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Ce jeudi, le décret du 27 mai 1921, considéré comme le premier Code de la route, fête son anniversaire. Retour sur son histoire tumultueuse, qui reste d’actualité de nos jours.

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Il a cent ans, l’âge de la sagesse. Mais il a vécu de nombreuses épreuves au cours du siècle dernier, ce qui lui a donné un mauvais caractère. Le Code de la route français a toujours donné du fil à retordre aux autorités routières et aux usagers.

Le décret du 27 mai 1921, considéré comme le premier Code de la route, a fêté son anniversaire jeudi. Retour sur ses nombreuses péripéties et sur les polémiques de ces dernières années.

Les prémices

Dès le XVIIIème siècle émergent quelques règles de conduite sur la route. Une ordonnance royale de1725 impose une plaque d’identification sur les carrosses pour pouvoir retrouver leurs chauffeurs quand ils font l’objet de plaintes.

Le véritable premier texte tentant d’organiser la circulation routière date de 1852, avant même que les automobiles entrent dans notre vie quotidienne. Il oblige par exemple les cochers à se ranger à droite quand ils croisent un véhicule ou quand ils se laissent dépasser.

La sécurité routière - INA

Les Français ont failli rouler à gauche

Les automobiles s’imposent de plus en plus au tout début du XXème siècle et les accidents suivent. En 1903, un drame sur le rallye Paris-Madrid fait 8 morts et 20 blessés. Cet événement va lancer un débat sur la sécurité routière. Jules Perrigot élabore en 1905 une ébauche du Code de la route, comportant 10 articles avec notamment la "priorité à droite".

Wikimédia Commons
Le Code de Jules Perrigot, président de l'Automobile-Club des VosgesWikimédia Commons

Par la suite, en 1912, les législateurs proposent de rouler "à l’anglaise" (à gauche) car il y a dans ces années-là moins d’accidents chez nos voisins britanniques, en particulier pour les piétons. Une idée qui ne sera pas retenue lors de l’officialisation du Code en 1921. La prescription de tenir sa droite en permanence n’interviendra qu’en 1933.

Les riches veulent aller vite

Prévu pour une publication en 1914, le décret avait été reporté à cause de la Première Guerre mondiale. A l’époque, l’objectif principal était de faire cohabiter les quatre moyens de déplacements les plus utilisés du moment : la traction animale, les "locomotives routières", les bicyclettes et évidemment les automobiles. Ces dernières ne représentaient que 17% de la circulation ; les gens se déplaçaient à vélo principalement (35%), mais surtout en calèche (48%).

A un moment la cohabitation était devenue intenable avec les charrettes, carrosses, piétons et animaux
Jean Orselli à l’AFP.
Historien
Wikimédia Commons
Le premier Code de la route officiel voit le jour en 1921Wikimédia CommonsWikimédia Commons

Le Code de la route a eu du mal à s’imposer : les gens aisés qui possédaient des véhicules refusaient les limitations de vitesse qui causaient pourtant de plus en plus d’accidents en campagne. En 1921, il n’y a donc pas eu de limitations de vitesse en campagne et en ville, le texte stipulant que chaque pilote "reste maître de son véhicule".

De grandes évolutions depuis 1965

De 1965 à 2003, le Code sera peu à peu modifié pour prendre en compte les dangers de la vitesse, puis de la consommation d’alcool et des stupéfiants. Des mesures à chaque fois contestées comme le taux d’alcoolémie maximal (0,80 g/l de sang) au volant en 1970 ou encore l’obligation du port de la ceinture de sécurité à l’avant et du port du casque à moto en 1973. Les grandes limitations de vitesse sont imposées en 1974 : 130 km/h sur autoroute, 100 km/h sur les routes hors-agglomération.

La limitation de vitesse à 100 km/h sur les routes en France | Archive INA

Le fameux contrôle technique entre en vigueur en 1986 et le permis à points arrive en 1992. Enfin, les années 2000 sont novatrices, on voit arriver en 2001 le système de dépistage de stupéfiants, les radars automatiques et en 2003 l’interdiction du téléphone en conduisant.

De nouvelles réglementations controversées

Le Code de la route s’enrichit en permanence. Les moyens de déplacements ont changé, mais surtout l'ensemble des véhicules immatriculés en France a considérablement augmenté.

On passe de 350 véhicules en 1895 à 53 000 en 1910, puis 330 000 en 1920. En 1950, la France compte 3 310 000 millions de véhicules immatriculés. Au premier janvier 2019, il y en avait plus de 39 910 000 millions.

Ça tient aussi un peu à la nature humaine : l’homme a toujours cherché à étendre son périmètre par la mobilité, à vélo, en voiture, à moto, aujourd’hui avec les trottinettes électriques
Anne Lavaud
Déléguée générale de la Prévention routière.

Les Français protestataires sont toujours là aujourd’hui. L’année 2018 en est la preuve avec le long débat sur l’abaissement de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires.

Ces dernières années, de nouveaux thèmes se sont invités dans le questionnaire du Code de la route auquel doivent répondre les candidats au permis de conduire, notamment sur la circulation des trottinettes électriques ou sur les modes de déplacement doux.

Une histoire toujours d'actualité

Quelle que soit l’époque, les mesures sont strictes pour la sécurité des usagers. A partir du 1er novembre prochain, les préfets pourront par exemple interdire les signalements de certains contrôles routiers que l’on peut trouver sur les applications de navigation telles que Waze ou Coyote.

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