Joe Biden commémore le massacre raciste de Tulsa

Joe Biden commémore le massacre de Tulsa, le 1er juin 2021, Tulsa, Oklahoma, États-Unis
Joe Biden commémore le massacre de Tulsa, le 1er juin 2021, Tulsa, Oklahoma, États-Unis Tous droits réservés Evan Vucci/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved
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Par Stephane HamalianEuronews avec AFP
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Ces attaques visant la communauté noire de Tulsa avaient fait jusqu'à 300 morts.

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Rassemblés devant un bâtiment de brique où Joe Biden est venu présider mardi la commémoration historique d'un massacre raciste qui s'est produit ici en 1921, les Afro-Américains de Tulsa confient leur espoir que ce drame longtemps passé sous silence éclate enfin en pleine lumière.

Depuis le trottoir d'en face, ils espéraient apercevoir le démocrate, finalement entré discrètement de l'autre côté du bâtiment. Mais il est là, et pour les habitants de cette ville de l'Oklahoma, c'est tout ce qui compte.

"C'est phénoménal !", s'exclame Betty Anderson, 70 ans, heureuse que les Américains sachent "enfin ce qui s'est passé ici, et qui a été caché pendant si longtemps."

"C'est une blessure", dit-elle, "et elle fait toujours mal."

Joe Biden, ancien bras droit de Barack Obama, est le premier président à venir commémorer la destruction par des hommes blancs, il y a un siècle, du quartier de Greenwood, surnommé "Black Wall Street" pour sa prospérité économique.

Cette mise à feu et à sang s'était opérée avec la complicité de la police locale, après des tensions provoquées par l'arrestation d'un jeune cireur de chaussures noir accusé de l'agression d'une femme blanche.

"C'est une blessure ; et elle fait toujours mal."
Betty Anderson
Citoyenne américaine venue assister à la commémoration

Des "émeutes"

L'attaque a fait jusqu'à 300 morts, laissé 10 000 personnes sans abri, détruisant la plupart des bâtiments et, du même coup, la vie économique du quartier.

Personne n'a été condamné, et les compagnies d'assurance, prétextant qu'il s'agissait d'émeutes, avaient refusé de rembourser les victimes du drame.

"Il y a vingt ans, personne ne disait que c'était un massacre, les gens disaient que c'était des émeutes !", crie une femme dans la foule, provoquant des applaudissements.

Longtemps ignoré, même par certains Afro-Américains nés à Tulsa, ce drame n'était pas enseigné dans les écoles.

Mardi, Joe Biden a affirmé être venu "rompre le silence", reconnaissant qu'il y avait "clairement eu un effort pour tenter de l'effacer de notre mémoire".

"Maintenant, votre histoire sera exposée en pleine lumière", a-t-il affirmé, en présence de trois survivants centenaires du massacre.

Meurtri, le quartier de Greenwood n'est jamais vraiment parvenu à panser ses blessures. "Ça a même affecté la façon dont nous, les Noirs, voyons les Blancs", affirme Colece, une adolescente de 13 ans née à Tulsa.

"On doit vivre avec"

A ses côtés, sa grand-mère de 63 ans, Celestine Polk, acquiesce, citant l'exemple de ses propres parents : "ça les a rendus aigris contre les Blancs, surtout mon père, parce qu'il savait comment les choses étaient avant."

"Mais ce n'est pas comme si on pouvait revenir en arrière et changer ce qui s'est passé, on doit vivre avec", reprend l'adolescente habillée d'un pull rouge portant le logo de la Nasa.

Selon elle, "peut-être que les gens se sentiront mieux s'ils ont l'impression que le gouvernement se soucie de ce qui s'est passé."

On est fatigués de parler, de manifester, on veut des résultats.
Anthony Hutton
Ingénieur venu assister à la commémoration

Un peu plus loin, près d'un stand qui propose des tee-shirts commémorant le massacre et sous un drapeau proclamant que "les vies noires comptent" (Black Lives Matter), Anthony Hutton, 46 ans, pense qu'il en faudra plus pour soigner la douleur de ses pairs.

La visite du président "est un beau geste", mais ce n'est pas suffisant, dit-il.

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Ingénieur, il dit ne pas réussir à trouver de travail autour de chez lui, et regrette que les Afro-Américains de Tulsa soient toujours cibles de discriminations.

"On veut des opportunités économiques, comme partout ailleurs", dit-il. "On est fatigués de parler, de manifester, on veut des résultats."

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