Le 22 juin 1921 était créé le premier Parlement d'Irlande du nord. 100 ans après, et alors que la nation connaît d'importants changements démographiques, certains s'interroge sur l'avenir de l'unionisme nord-irlandais.
Il y a 100 ans jour pour jour, le 22 juin 1921, le Parlement d'Irlande du Nord siégeait pour la première fois au sein de l'Hôtel de Ville de Belfast.
Créée par le gouvernement britannique après la partition de l’île, cette assemblée a pris de nombreuses mesures discriminatoires contre les catholiques. Selon les mots de James Craig, premier Premier ministre d'Irlande du Nord, il s'agissait en effet d"un "Parlement de protestants pour le peuple protestant".
"Nous devons être capable de regarder en arrière et de dire que les choses ont été mal gérées. Il y aurait dû y avoir un effort massif d'intégration et de promotion du droit et du respect, ce qui n'a tout simplement pas été le cas. Pendant 50 ans, le Parlement d'Irlande du Nord s'est fondé entièrement sur la règle unioniste", estime Noel Doran, rédacteur en chef du quotidien The Irish News.
En 1932, le Parlement est transféré au Palais de Stormont, en périphérie de Belfast. Mais la politique, elle, ne change pas et les discriminations se poursuivent à l'encontre des catholiques, qui représentent à l'époque plus d'un tiers de la population.
A la fin des années 60, la guerre éclate entre catholiques nationalistes et protestants unionistes, faisant plus de 3500 morts en 25 ans.
Le Parlement d'Irlande du Nord est aboli en 1973, et une nouvelle Assemblée est créée en 1998, lors de l'accord du Vendredi saint, censée mettre fin aux discriminations et mieux représenter les différents courants politiques nord-irlandais.
Des mutations majeures en cours
Lors des prochaines années, le nombre de catholiques devrait pour la première fois dépasser le nombre de protestants en Irlande du Nord. Par ailleurs, une majorité d'habitants est désormais favorable à un référendum sur l'unification. Face à ces importants changements démographiques, certains se demandent si le système politique nord-irlandais pourra se maintenir dans sa forme actuelle dans les années à venir.
"La partition de l'île devrait certainement perdurer au cours des prochaines années, assure l'historien Paul Bew. Pour après en revanche, le niveau d'incertitude est bien plus élevé, notamment parce que nous ne savons pas ce qu'il va se passer en Ecosse."
"Il n'y a pas vraiment de crise conjoncturelle ici, et le gouvernement de la République d'Irlande, qui se remet de la crise du Covid, ne va pas prendre en charge les Nord-Irlandais, avec tous les problèmes que cela entraînerait", tempère cependant l'historien.
"_Le Parlement d'Irlande du Nord a connu de nombreux changements depuis 1921, et beaucoup de gens se demandent s'il a bien servi le peuple. Désormais, _certains se demandent si l'assemblée fêtera son 200e anniversaire dans 100 ans. Seul le temps nous le dira", conclut notre correspondant Ken Murray.