"Ils veulent détourner le système judiciaire polonais "

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Tous droits réservés Olivier Hoslet/EPA
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Par Stefan GrobeEuronews
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Le face à face entre la Pologne et les institutions européennes se poursuit. Le Premier ministre polonais s’est rendu au Parlement européen pour défendre les décisions judiciaires prises par Varsovie. Mais pour l'UE il n'est pas question de transiger sur l'Etat de droit.

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L’intervention ne semble pas avoir fait bouger les positions. Devant le Parlement européen, le Premier ministre polonais est venu s’expliquer sur la réforme judiciaire en cours dans son pays. Mateusz Morawiecki a aussi voulu faire une explication de texte après l’arrêt de la Cour constitutionnelle polonaise qui remet en cause la primauté du droit européen.

La Pologne est accusée de saper les valeurs démocratiques communes de l’UE. Mais son dirigeant rejette toute forme de pression. "Il est inacceptable de recourir au chantage financier, de parler de sanctions", a dénoncé le Premier ministre.

Mais les institutions de l’UE apparaissent tout aussi déterminées. Si la Pologne ne respecte pas l’Etat de droit, c’est la démocratie européenne qui est en danger, répond la présidente de la Commission européenne. "L'Etat de droit est le ciment qui assure la cohésion de notre Union. Il est le fondement de notre unité. Il est essentiel à la protection des valeurs qui constituent le socle de notre Union", souligne Ursula von der Leyen.

Euronews a interrogé l’ancien Premier ministre polonais et actuel eurodéputé social-démocrate, Marek Belka, après le discours à Strasbourg du dirigeant polonais.

Euronews :

Que pensez-vous de ce discours ?

Marek Belka :

Tout d’abord Mateusz Morawiecki ne s’est pas adressé au Parlement européen. Il ne s’adressait pas non plus aux citoyens polonais. Il parlait à son supérieur à Jaroslav Kaczynski. Ensuite il n’a pas répondu aux interrogations sur les problèmes liés à la réforme du système judiciaire polonais. Il a parlé de la façon dont la justice polonaise est organisée ce qui en effet fait partie de l’autorité polonaise. Mais il s’agit de l’indépendance de la justice.

Euronews :

Comment la Commission doit réagir ? Couper les fonds ? Renouer un dialogue ?

Marek Belka :

Je ne pense pas que le dialogue ou un dialogue national sérieux soit la réponse du moment car le gouvernement polonais, en particulier les courants extrémistes du gouvernement polonais et les autorités ne veulent pas d’un dialogue. Ils veulent détourner le système judiciaire polonais, détourner la loi constitutionnelle polonaise et briser les liens entre la Pologne et l’acquis communautaire européen et les lois européennes.

Euronews :

Economiquement, politiquement est-ce qu’il y a la place pour un dialogue entre Varsovie et l’Union ?

Marek Belka :

Je ne veux pas faire de spéculation mais Mateusz Morawiecki lui-même est un homme pragmatique. Il s’agit pour lui de prendre des décisions. Après tout quand vous êtes Premier ministre vous devez prendre des millions de décisions et il sait à quel point l’Union européenne est importante pour la Pologne. Cependant il y a des personnalités extrêmes dans le gouvernement, comme le ministre de la Justice, qui éloigne la Pologne de l’Union européenne. Je suis plutôt sceptique car c’est le courant le plus extrême du gouvernement polonais et les élites polonaises qui ont détourné le gouvernement polonais des personnes plus pragmatiques, plus modérées.

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