L'Ukraine et la Russie s'accordent sur des "couloirs humanitaires"

Consultez le déroulé de la journée du 3 mars des évènements autour de ce conflit majeur qui est entré ce jeudi dans son huitième jour. Avec les témoignages de nos journalistes sur place, photos, dépêches urgentes, développements diplomatiques...
Ce qu'il faut retenir :
- L'Ukraine et la Russie se sont accordées sur des "couloirs humanitaires"
- 33 personnes ont été tuées par des frappes russes sur la ville de Tcherniguiv, dans le nord de l'Ukraine
- Les villes de Marioupol, dans le sud, et de Kharkiv, dans l'est, bombardées
- Vladimir Poutine a réaffirmé combattre des "néonazis" et que "l'opération militaire" en Ukraine "se déroule selon le plan"
- L'Union européenne a accordé une "protection temporaire" aux réfugiés ukrainiens
- La Géorgie et la Moldavie ont officiellement déposé leur candidature d'adhésion à l'Union européenne
- Le président Zelenskyy a averti que la Russie avait l'intention d'attaquer les entreprises de défense ukrainiennes lundi, affirmant que des centaines de milliers de civils vivent à proximité. Auparavant, il avait lancé un nouvel appel en faveur d'une zone d'exclusion aérienne imposée par l'Occident.
- Une nouvelle tentative d'évacuation des civils dans la ville assiégée de Mariupol a échoué dimanche, l'Ukraine accusant la Russie de bombarder une nouvelle fois la zone.
- Des civils ont été tués dans des bombardements à l'extérieur de Kyiv, selon des responsables.
- Selon l'OVD-Info, au moins 4 640 personnes ont été arrêtées lors de manifestations contre la guerre en Russie dimanche dans 65 villes.
- L'AIEA a indiqué que l'Ukraine avait des difficultés à communiquer avec le personnel de Zaporijia, qui a déclaré avoir reçu l'ordre de passer d'abord par les autorités russes.
- Le prochain cycle de négociations entre la Russie et l'Ukraine aura lieu lundi.
- Le Bureau des droits de l'homme des Nations unies a déclaré que 364 civils ukrainiens ont été tués depuis le début de l'invasion.
- Plus de 1,5 million de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe il y a dix jours.
- De nouvelles entreprises technologiques, dont TikTok et Netflix, ont suspendu leurs services en Russie.
L'armée russe annonce des "corridors humanitaires et des cessez-le-feu locaux".
L'armée russe va suspendre ses tirs et ouvrir des couloirs humanitaires dans plusieurs villes ukrainiennes lundi, a déclaré le ministère de la Défense.
Les forces russes ont lancé ce dimanche des centaines de missiles et d'attaques d'artillerie à travers le pays, y compris de puissantes bombes larguées sur des zones résidentielles de Chernihiv, une ville située au nord de la capitale Kyiv, ont déclaré des responsables ukrainiens. Mais une colonne blindée russe de plusieurs kilomètres de long menaçant la capitale est restée bloquée à l'extérieur de Kiev.
Dimanche soir, des tirs d'artillerie lourde ont également touché Mykolaiv, dans le sud, et Kharkiv, la deuxième plus grande ville du pays. L'artillerie lourde a touché des zones résidentielles de Kharkiv et les tirs ont endommagé une tour de télévision, selon les responsables locaux.
Selon l'agence Reuters, environ 200 000 personnes restent bloquées lundi dans la ville assiégée de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, après que les combats ont mis fin aux tentatives d'évacuation pendant le week-end. Rien n'indique que les sanctions internationales massives dissuadent Moscou d'envahir l'Ukraine.
Selon les autorités ukrainiennes, la plupart des gens dorment sous terre pour échapper à plus de six jours de bombardements des forces russes qui ont coupé la nourriture, l'eau, l'électricité et le chauffage.
La plus grande centrale atomique d'Europe, Zaporijjia, située dans le centre de l'Ukraine, a été touchée cette nuit par des frappes de l'armée russe qui ont provoqué un incendie, mais sa sécurité est "garantie" selon Kiev, qui a accusé Moscou d'avoir recours à la "terreur nucléaire". Selon Kiev, des tirs de chars russes sur la centrale ont mis le feu à un bâtiment consacré aux formations et à un laboratoire. Les services de secours ont indiqué avoir pu accéder au site et éteindre l'incendie, après en avoir été un temps empêchés par les soldats russes.
"La sécurité nucléaire est maintenant garantie", a affirmé sur Facebook Oleksandre Staroukh, chef de l'administration militaire de la région de Zaporijjia. L'attaque n'a fait aucune victime, ont indiqué les secours ukrainiens sur Facebook.
Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce sont des chars russes qui ont ouvert le feu sur la centrale. Les niveaux de radioactivité restent inchangés sur le site de la centrale, qui compte six réacteurs nucléaires et fournit une grande partie de l'énergie du pays, a indiqué de son côté l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), selon qui aucun équipement "essentiel" n'a été endommagé. L'AIEA "appelle à cesser l'usage de la force et avertit d'un grave danger si les réacteurs sont touchés", a tweeté l'organisation.
Zelensky appelle à une "action européenne immédiate"
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé vendredi Moscou de recourir à "la terreur nucléaire" après le bombardement de cette centrale atomique dans le centre de l'Ukraine, et a appelé à "une action européenne immédiate" pour "empêcher que l'Europe ne meure d'un désastre nucléaire". "Nous alertons tout le monde sur le fait qu'aucun autre pays hormis la Russie n'a jamais tiré sur des centrales nucléaires. C'est la première fois dans notre histoire, la première fois dans l'histoire de l'humanité. Cet Etat terroriste a maintenant recours à la terreur nucléaire", a-t-il affirmé dans une vidéo publiée par la présidence ukrainienne.
"L'Ukraine compte quinze réacteurs nucléaires. S'il y a une explosion, c'est la fin de tout. La fin de l'Europe. C'est l'évacuation de l'Europe", a-t-il poursuivi. "Seule une action européenne immédiate peut stopper les troupes russes. Il faut empêcher que l'Europe ne meure d'un désastre nucléaire", a ajouté le président ukrainien.
Boris Johnson demande une réunion d'urgence du Conseil de sécurité
Boris Johnson a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU et a indiqué que "les actions irresponsables" du président russe Vladimir Poutine pouvaient "directement menacer la sécurité de toute l'Europe".
Kiev et Moscou s'accordent sur des "couloirs humanitaires"
L'Ukraine et la Russie sont convenues jeudi, à l'issue d'une deuxième session de pourparlers, d'organiser des "couloirs humanitaires" pour l'évacuation des civils des zones de combats, ont annoncé les deux parties. "La deuxième session de négociations est terminée. Malheureusement, il n'y a pas encore les résultats escomptés pour l'Ukraine. Il n'y a qu'une solution pour organiser des couloirs humanitaires", a écrit sur Twitter un conseiller de la présidence ukrainienne.
Les pages internet de Facebook et plusieurs médias indépendants étaient en partie inaccessibles vendredi en Russie, au moment où les autorités russes resserrent leur étau autour des voix critiques, en pleine guerre en Ukraine. Le service de surveillance GlobalCheck et des journalistes de l'AFP à Moscou ont constaté des problèmes pour accéder à Facebook, de même qu'aux sites des médias Meduza, Deutsche Welle, RFE-RL et du service russophone de la BBC.
Google Maps et Tripadvisor s'engagent
Google a bloqué l'ajout de commentaires, photos et vidéos sur son service de cartographie Maps en Russie, en Ukraine et au Bélarus, tout comme la plateforme Tripadvisor sur les fiches de certains restaurants et hôtels en Russie. Les deux services ont fait face à une campagne de militants ukrainiens qui se servaient de leur section "avis" pour tenter d'alerter les Russes sur l'invasion orchestrée par leurs dirigeants en Ukraine.
Neutralité du Canal de Panama
L'Autorité du Canal de Panama (ACP) a réaffirmé jeudi la neutralité de la voie interocéanique, et a annoncé qu'elle ne refuserait pas le passage de navires russes en dépit des sanctions imposées à Moscou par la commmunauté internationale.
Oligarques russes sanctionnés
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont inscrit jeudi de nouveaux oligarques proches du Kremlin sur leur liste noire dans l'espoir d'augmenter la pression sur Vladimir Poutine au moment où certains milliardaires russes commencent à prendre leurs distances. Le président américain Joe Biden a accusé les oligarques de "s'en mettre plein les poches avec l'argent des Russes pendant que les Ukrainiens se cachent dans le métro pour échapper aux tirs aveugles de missiles".
Vilnius rend hommage à l'Ukraine
Le maire de Vilnius a annoncé jeudi que la ville nommerait "rue des Héros ukrainiens" une petite voie qui conduit à l'ambassade de Russie dans la capitale lituanienne.
Les Tchèques autorisés à se battre pour l'Ukraine
Les Tchèques qui voudraient rejoindre l'Ukraine pour participer à la lutte contre l'invasion russe n'encourront aucune sanction, ont décidé jeudi soir les dirigeants tchèques.
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a proposé lors d'un entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine sa médiation pour mettre fin à la guerre en Ukraine, a rapporté jeudi l'agence de presse officielle saoudienne (SPA).
Le Congrès américain veut boycotter le pétrole russe
De nombreux élus du Congrès américain ont exhorté jeudi Joe Biden à interdire l'importation par les Etats-Unis de pétrole russe en riposte à l'invasion de l'Ukraine, ce que la Maison Blanche s'est pour l'instant refusée à faire.
UE : accord pour une protection temporaire des réfugiés
Les ministres européens de l'Intérieur, réunis jeudi à Bruxelles, sont d'accord pour accorder une "protection temporaire" dans l'UE aux réfugiés "fuyant la guerre". En une semaine, un million de réfugiés ont fui l'Ukraine, selon le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies. Les Etats-Unis ont fait de même. Cela empêche l'expulsion des Ukrainiens et leur donne le droit de travailler.
Le blé et le maïs ont chacun connu un bond de plus de vingt euros sur la séance, alors que l'Ukraine ne peut plus exporter les nombreux grains qui restent dans ses silos.
Le numéro deux du secteur pétrolier russe Loukoïl a appelé ce jeudi à "arrêter rapidement" la guerre en Ukraine, devenant la première société nationale d'envergure à s'opposer à l'invasion du pays par Moscou.
"Nous prônons un arrêt rapide du conflit armé et soutenons sans réserve son règlement via un processus de négociation et des moyens diplomatiques", a indiqué le conseil d'administration de Loukoïl dans un communiqué.
Se disant "préoccupé face aux événements tragiques en cours en Ukraine" et exprimant "sa profonde sympathie pour tous ceux qui ont été touchés par cette tragédie", Loukoïl a assuré "mettre tout en œuvre pour continuer à fonctionner de manière stable dans tous les pays et régions" du monde.
Près de 7 000 scientifiques, mathématiciens et universitaires russes ont signé ce jeudi une lettre ouverte au président Vladimir Poutine pour protester "fermement" contre la guerre en Ukraine.
"Nous, scientifiques et journalistes scientifiques travaillant en Russie, protestons fermement contre l'invasion militaire de l'Ukraine lancée par l'armée russe" ont ainsi écrit les initiateurs de cette lettre publiée le 24 février dernier sur le site trv-science.ru.
Les plus de 6 900 signataires de ce courrier s'exposent à des peines d'amende ou d'emprisonnement au regard d'une législation adoptée il y a quelques années qui autorise les autorités russes à poursuivre tout citoyen critiquant le gouvernement.
Vladimir Poutine réaffirme combattre des "néonazis" en Ukraine
Le président russe Vladimir Poutine a assuré ce jeudi, lors d'une réunion de son conseil de sécurité retransmise par la télévision que "l'opération militaire en Ukraine" se déroulait "selon le plan", martelant y combattre des "néonazis" pour sauver Russes et Ukrainiens, qui ne sont selon lui "qu'un seul peuple".
Saluant le "courage" des soldats russes qu'il a qualifiés de "vrais héros", le maître du Kremlin a assuré qu'ils "se battent fermement avec une compréhension totale de la justesse de leur cause".
Vladimir Poutine a salué leur "précieux combat contre des néonazis" et des "mercenaires étrangers" qui utilisent les civils comme "boucliers humains".
Le président russe a annoncé des compensations financières aux soldats russes tués ou blessés en Ukraine, mais aussi à ceux qui y sont toujours déployés.
Une semaine après le début de l'invasion de l'Ukraine, les forces russes ont pris le contrôle de Kherson, une grande ville au sud du pays, près de la Mer Noire. Le maire a exhorté l'armée adverse à ne pas s'en prendre aux civils en déclarant que les forces ukrainiennes n'étaient pas dans la ville.
Il s'agit de la première victoire significative de Moscou. Elle intervient alors qu'une deuxième rencontre avec des négociateurs de Kiev sur un cessez-le-feu doit avoir lieu dans la journée.
Selon l'ONU, un million de personnes a déjà fui les combats. Les frappes russes sur les villes ukrainiennes sont toujours intenses, et dans la capitale les habitants restent terrés dans le métro.
Crimes de guerre
Le service d'urgence ukrainien fait état de centaines de bâtiments détruits, **notamment des hôpitaux, des jardins d'enfants, des maisons, ou encore des installations de transports à travers le pays.**Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Britannique Karim Khan, a annoncé mercredi soir "l'ouverture immédiate" d'une enquête pour crimes de guerre.
Alors que le secrétaire d'État américain est attendu en Pologne, dans les pays Baltes et en Moldavie, il a condamné la Russie pour le nombre de civils tués, 2 000 selon les autorités ukrainiennes.
Face à la multiplications de sanctions économiques d'une ampleur sans précédent, Vladimir Poutine a entamé une série de réunions avec les chefs d'entreprise russes.
Son pays est de plus en plus isolé, les prix des hydrocarbures et de l'aluminium flambent et le rouble a perdu en quelques jours plus d'un tiers de sa valeur en devises étrangères.