Stéphane Becker, 47 ans, est un informaticien alsacien. En 2017, il évoquait la menace de guerre, et rêvait d'une fédération européenne à la Star Trek. 5 ans plus tard, malgré les "machiavéliques", le rêve de la "Fédération intergalactique" demeure. ?️ #1électeur2présidentielles #France2022
Stéphane Becker, 47 ans, habite à Strasbourg (Alsace).
Il est informaticien, spécialisé dans l'imagerie 3D.
En 2017, il évoquait l'Europe, la menace de guerre, les clivages dogmatiques, et rêvait d'une fédération européenne inspirée de "Star Trek".
Cinq ans plus tard, il y a bien toujours quelques "machiavéliques", mais il y a aussi les valeurs françaises "qui sont plutôt chouettes".
Et le rêve de la "Fédération intergalactique" demeure.
Stéphane Becker en 2017
Je suis un peu comme tous les Français. On se rend compte que cette année, la campagne… je veux dire, on traîne dans les affaires et tout ! On a l’impression qu’on passe plus de temps à parler des affaires, au moins de 1 ou 2 candidats, plutôt que d’avoir un débat serein sur le fond des idées, etc.
Stéphane Becker en 2022
Est-ce que (parmi les candidats, NDLR), quelqu'un a une vision ? On a du mal à le voir parce qu'effectivement, ils sont un peu dans une guerre picrocholine entre candidats à la présidentielle.
De temps en temps, certains peuvent faire des discours où je me sens un peu embarqué. Je pense qu'on a quelques bons orateurs dans le tas. Mais être un bon orateur, ça permet peut-être de gagner des élections, mais ça ne permet pas de diriger un pays !
Donc si je devais me prononcer sur la question "Est ce qu'il y a un visionnaire dans le tas ?" Je pense que je vais utiliser un joker pour ne pas répondre !
Stéphane Becker en 2017
Je fais partie d’une génération qui n’a jamais connu la guerre.
La dernière personne qui a fait la guerre dans ma famille, c’était mon père qui avait fait la guerre d’Algérie qui, paraît-il, n’était pas vraiment une guerre... Et en fait, le problème de ma génération, c’est qu’on est arrivé à un point où, pour nous, dans notre tête, la guerre, ce n’est même pas quelque chose de possible. Ce n’est pas dans le champ des possibles. Or, si on regarde l’histoire, on se rend compte que les situations peuvent dégénérer à une vitesse incroyable, et d’un seul coup, se retrouver dans des situations de conflit qu’on n’imaginait pas.
Donc moi, quand je pense à l’Europe, je me dis que c’est quand même quelque chose qui a fait asseoir autour de la table des gens qui, à une époque, se détestaient !
Je pense que l’Europe, c’est quelque chose qui nous a garanti de la paix.
Stéphane Becker en 2022
Je pense qu'on gagnerait à exister vraiment sur la scène internationale en tant qu’Europe, avec des valeurs fortes. Surtout qu'on a vu récemment il y a eu Vladimir Poutine, mais y eu Donald Trump !
Quand Donald Trump a commencé à parler de désengagement de l'Europe au niveau militaire, etc, là, on a quand même commencé à dire qu'on s'était peut-être beaucoup reposé sur la Pax Americana et qu'on ramassait bien des dividendes de paix, mais qu'à un moment, "Si vis pacem, para bellum", "Si tu veux la paix, prépare la guerre". Donc je pense qu'on a un peu redécouvert ça.
Moi, personnellement, j'appelle de mes vœux d'avoir un jour une fédération européenne où on arrive à collaborer ensemble dans le respect de nos différences et à être d'accord sur l’emploi de certaines choses.
Ça peut être l’armée. Ça peut être unifier le système de justice...
Enfin, arriver à avoir une intégration assez proche dans une fédération européenne, moi, personnellement, je suis assez pour.
Stéphane Becker en 2017
Moi aussi, j’aimerai bien avoir une Europe avec un peu plus de démocratie, avec un peu plus de prise en compte de populations qui sont peut-être plus fragiles dans l’espace européen et dont la mondialisation a confisqué un peu leur emploi.
Et je pense que c’est normal de réfléchir à l’Europe. Mais je ne pense pas qu’on règlera le problème en disant : « ben non, l’Europe, c’est mauvais, on jette tout à la poubelle ! » Parce que là, je pense quand même qu’on risque d’ouvrir la porte à pas mal de choses.
Stéphane Becker en 2022
Je pense que l'Europe a quand même des vertus de protection des gens, mais ça pourrait aller plus loin.
Après, encore une fois, moi ce qui m'inquiète peut-être un peu, c'est que, si dans un contexte d'énergie abondante, on n'a pas été capable de régler des problèmes de pauvreté en Europe, alors, qu'est ce qu'il en sera quand la situation sera plus tendue ?
Donc je pense qu'à un moment, il y a peut-être des choses qu'on doit repenser.
Et encore une fois, je suis libéral, c'est-à-dire que je ne suis pas pour un socialisme où c'est gratos pour tout le monde.
Mais je pense qu'à un moment, on peut assurer un socle minimum commun pour que tout le monde puisse vivre décemment et qu'à un moment, s’il y a des gens qui ont envie de bosser plus, s’il y a des gens qui ont du talent, s’il y a des gens qui gagnent plus à la fin, OK, mais tant que ça reste dans un ratio raisonnable. Voilà.
Stéphane Becker en 2017
Fondamentalement, moi, je suis un fédéraliste. Vous savez, nous les Geeks, on s'identifie à Star Trek, la fédération intergalactique, quoi ! Cette union de peuples différents, c’est ça le rêve.
Donc, quelque part, l’Europe, je voudrais bien que ça tende vers quelque chose comme ça.
Stéphane Becker en 2022
Est ce qu'on arrivera à la fédération intergalactique ? Je ne sais pas. Moi, je l'espère et je pense que je voterai dans ce sens-là où je militerai dans ce sens-là.
Parce que je pense que c'est l'étape suivante qu'il nous faut, qu'on arrive à faire fi de nos différences et à s'unir et avoir un idéal commun. Et surtout que l'idéal de la fédération de Star Trek, c'est quand même très sympa : des gens tournés vers la science, qui savent utiliser la force mais qui n'utilisent que en cas de nécessité. Je trouve que c'est un idéal qui correspondrait bien à ce que j'aimerais bien que l’Union européenne soit.
Maintenant avec les derniers événements, vous savez, je pense que les Européens étaient devenus très forts en "soft power". Mais d'un seul coup, on a découvert que le "hard power", c'est pas mal non plus, parfois pour se faire respecter.
Que, de temps en temps, quand vous êtes dans la cour d'école et que vous avez le Bully de service, la brute de service qui vient pour essayer de vous gifler ou piquer votre quatre-heures, et bien, avoir pris quelques cours de judo, ce n'était peut-être pas la plus mauvaise idée que vous ayez eu.
Stéphane Becker en 2017
Finalement, quand moi, je vois le politique, je trouve quand même, ils passent beaucoup de temps à se dénigrer les uns les autres, à être dans des oppositions qui sont purement dogmatiques.
Et finalement, les politiques qui arrivent vraiment à quelque chose, ce sont ceux qui arrivent à sortir de ces clivages-là et arrivent à collaborer ensemble en se disant : OK l’objectif, c’est que la France aille mieux, donc comment est-ce qu’on fait pour travailler ensemble pour que la France aille mieux.
Stéphane Becker en 2022
Je pense que je suis comme tout le monde. Je suis pessimiste sur le pays et optimiste sur les gens. C'est-à-dire qu'on a du génie dans ce pays. On a des gens qui savent faire des choses.
Et vous savez moi, quel que soit le bord politique des gens, je me dis toujours : "OK, si ça se trouve, en fait, lui et moi, on veut tous les deux le bien de la France, c'est juste qu'on n'est peut-être pas d'accord pour y arriver. Il faut peut-être qu'on en discute".
Donc je pense qu'à un moment, je suis optimiste parce que je pense que les gens bien, c'est la majorité des gens. Je pense que des vrais méchants, des vrais gens machiavéliques, il n’y en a pas des masses.
Après, ça serait bien qu'on n'ait pas un système politique qui fait qu'ils vont tous chercher une carrière là-dedans, les machiavéliques.
Mais je pense qu'on a énormément de talent dans ce pays. On a, on a des valeurs qui sont plutôt chouettes, auxquelles j'adhère.
Et du coup, je pense qu'on a des possibles. Et vous savez, je pense que l'on s'en sortira. OK, peut-être qu'on souffrira au passage. Peut-être qu'on aura à ramper dans la merde et tout, mais on s'en sortira. Moi, j'en suis convaincu. Et c'est ça qui me rend optimiste.
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Producer : Olivier Péguy
Monteuse : Mathilde Godon
avec l'aide de Margaux Racanière, Valentine Hullin, Julie Gaubert, Thomas Duthois et Etienne Barthomeuf