La faim a gravement progressé dans le monde en 2021, alertent des ONG

Période de sécheresse en Somalie, à Baidoa, le 15 juin 2022
Période de sécheresse en Somalie, à Baidoa, le 15 juin 2022 Tous droits réservés Abdulkadir Mohamed/AP
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Par Stephane HamalianEuronews avec AFP
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Environ 9,8% de la population mondiale a été touchée par la faim en 2021, alertent cinq agences internationales œuvrant pour la sécurité alimentaire.

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"Nous devons tirer le signal d'alarme" : l'objectif d'éliminer la faim en 2030 s'éloigne dangereusement, ont prévenu mercredi à l'ONU cinq agences internationales œuvrant pour la sécurité alimentaire, qui dressent un "sombre tableau" de 2021 avant même le début de la guerre en Ukraine.

"Nous avions espéré qu'aujourd'hui le monde serait sorti de la crise du Covid-19, mais la pandémie est toujours là", aggravée par les conflits et autres urgences humanitaires, a constaté le directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Qu Dongyu, lors de cette conférence organisée à New York.

150 millions de plus qu'en 2019

"Entre 702 et 828 millions de personnes ont été touchées par la faim en 2021", soit environ 9,8% de la population mondiale, indiquent dans un rapport conjoint la FAO, le Fonds international pour le développement de l'agriculture (Fida), l'Unicef, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

C'est 46 millions de plus qu'en 2020 et 150 millions de plus qu'en 2019, deux années marquées par l'épidémie de Covid-19 qui a durablement affaibli les systèmes alimentaires.

"Le monde s'éloigne de son objectif d'éliminer la faim, l'insécurité alimentaire et la malnutrition sous toutes ses formes d'ici 2030", prévient la FAO, en référence à l'objectif de développement durable de l'ONU "Faim Zéro".

Quelque 670 millions d'humains devraient toujours en souffrir d'ici la fin de la décennie, "un nombre similaire à 2015", lorsque cet objectif a été fixé par la communauté internationale.

Si des mesures drastiques ne sont pas prises d'ici là, "tous nos efforts auront simplement servi à juguler les effets des grandes crises que nous avons connues", a regretté le président du Fida, Gilbert Houngbo, dans un entretien avec l'AFP.

Les cinq organisations internationales "tirent le signal d'alarme" face à "l'intensification des principaux moteurs d'insécurité alimentaire et de malnutrition : les conflits, les évènements climatiques extrêmes et les chocs économiques".

Production agricole suffisante, mais système alimentaire déséquilibré

"La question n'est pas de savoir si ces épreuves continueront d'advenir", concluent-elles, "mais comment prendre des mesures plus courageuses pour renforcer la résilience face aux chocs futurs", à l'image du conflit en Ukraine, qui perturbe les chaînes d'approvisionnement et fait flamber les prix.

"Si nous avions réussi à faire ce travail dans le passé, la guerre n'aurait pas eu un impact aussi catastrophique aujourd'hui", a regretté lors de son intervention le directeur du Programme alimentaire mondial, David Beasly.

"Nous avons besoin de solution politique de façon immédiate en Ukraine", a-t-il plaidé, afin que les productions agricoles bloquées dans les ports ukrainiens - évaluées à 25 millions de tonnes de graines - "soient vendues sur les marchés à nouveau".

La Corne de l'Afrique (Somalie, Kenya, Ethiopie) connaît en parallèle l'une des pires sécheresses en plus de 40 ans, qui décime troupeaux et cultures, menaçant de famine plus de 16 millions de personnes selon l'ONU.

"Un des enjeux, c'est l'aide au développement, même si nous savons très bien qu'elle ne saurait répondre à elle seule" aux besoins, relève Gilbert Houngbo. Il appelle les pouvoirs publics à prendre des "mesures plus incitatives" afin d'encourager le secteur privé à soutenir l'innovation et la transformation des systèmes agricoles.

Plus largement, 2,3 milliards de personnes ont souffert d'insécurité alimentaire grave ou modérée à un moment de l'année 2021, ce qui signifie qu'elles n'ont pas eu accès à une alimentation adéquate ou ont eu des difficultés à se nourrir pendant certaines périodes.

La plupart d'entre elles vivent dans les zones rurales des pays en développement, en particulier en Asie et en Afrique, précise le président du Fida.

"Le plus choquant dans cette situation est que la principale cause (de la famine) n'est pas tant un déficit global de production qu'un système alimentaire mondial profondément inégal et déséquilibré", a réagi dans un communiqué l'ONG Oxfam France.

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